Sommet des trois bassins: l’Afrique sur la voie du green business Par Afrique Avenir
Le
changement climatique et l’écologie offrent de vastes opportunités de
développement pour le continent africain. L’Afrique peut compter sur sa
biodiversité et son écosystème pour se positionner comme un acteur
majeur du green business.
Le
continent africain dispose là d’un immense gisement de création
d’emplois verts et d’éco-entreprises, de formation des jeunes et de
revenus supplémentaires pour les Etats, les collectivités locales et
les populations les plus démunies. Toute la question est de savoir
comment valoriser ce capital naturel et l’ensemble des services qu’il
peut rendre. C’est là un des enjeux du Sommet des trois bassins
forestiers tropicaux qui se tient actuellement à Brazzaville, la
capitale du Congo Brazzaville.
Evaluer la réelle valeur économique de stockage du CO2 par les forêts africaines
Une étude du Centre
d’analyse stratégique estime, en moyenne, à 970 euros par hectare et
par an les services rendus par la forêt française. Sur cette base de
calcul, les 200 millions d’hectares de forêts que représente le Bassin
du Congo, deuxième poumon écologique de la planète derrière l’Amazonie,
seraient valorisables à 194 milliards d’euros par an, répartis entre
l’Angola, le Cameroun, le Congo (Brazzaville), la RDC, le Gabon, la
Guinée équatoriale, la République centrafricaine et le Tchad.
La Réduction des
émissions issues de la déforestation et de la dégradation de la forêt
tropicale (REDD) permet d’obtenir des crédits carbone. Certes, la
Banque africaine de développement gère le Fonds forestier du bassin du
Congo, un fonds de 200 millions de dollars, dont les donateurs initiaux
sont le Royaume-Uni et la Norvège. Mais le caractère volontaire de
cette contribution et l’absence de données chiffrées sur le montant des
émissions de CO2 à compenser, montrent la limite de cette initiative au
vu de l’importance du bassin du Congo pour l’avenir du monde. Il est
donc urgent que la Banque africaine de développement réalise une
véritable estimation économique du rôle de la forêt africaine dans le
stockage du CO2 afin que les pays du Bassin du Congo puissent
bénéficier d’une manne financière utile au développement durable dans
la région.
Protéger la forêt a un coût
Si l’évaluation
économique du rôle de la forêt dans la lutte contre le changement
climatique est relativement aisée, l’exercice est un peu plus difficile
si on le considère dans le stockage et l’approvisionnement en eau, qui
est pourtant l’une des ressources indispensables à l’autosuffisance
alimentaire et au développement d’activités économiques. Quelle valeur
économique accorder aux forêts africaines dans leur rôle de tampon
hydrique ? Le couvert végétal a un impact important sur
l’alimentation des nappes phréatiques souterraines et les cours d’eau.
Comment traduire ces fonctions en indicateurs économiques ?
Préserver la forêt oblige
également à ne pas utiliser les terres pour d’autres secteurs
d’activités, comme l’agriculture, et surtout les agricultures
d’exportation telle que l’huile de palme. Le continent doit donc exiger
des compensations pour la sauvegarde de ce bien commun à l’humanité.
Autre valeur naturel à
pouvoir estimer concerne la biodiveristé qu’abrite les forêts qui
regorge de nombreux principes actifs indispensables à la fabrication de
médicaments. Quelle estimation monétaire pour la pharmacopée africaine
qui contribue à la prospérité de l’industrie pharmaceutique, et dont
les Africains ne bénéficient que très peu ?
Dans le même contexte,
peut-on estimer la valeur culturelle de la biodiversité et des
écosystèmes pour les populations locales ? Dans le bassin du Congo
par exemple, comment évaluer les impacts de la transformation et de la
modification de la forêt sur le mode de vie et la culture des Pygmées ?
Cette question apparaît aujourd’hui cruciale pour une protection
efficace des forêts qui englobe à la fois les aspects économiques et
sociales du développement.
Vers la création d’emplois verts sur le continent
L’évaluation économique
et la valorisation de la forêt et de la biodiversité peuvent, à court
terme, générer de nombreux emplois pour les chercheurs et les jeunes
diplômés africains dans différents domaines (sociologues, biologistes,
ethnologues, écologues, économistes, etc.), car la discipline est
nouvelle et nécessite un travail transversal et pluridisciplinaire.
A moyen terme, la
création d’emplois verts touchera les populations rurales par le
développement de nouveaux métiers (analyste de la biodiversité,
reconversion des pêcheurs, etc.). A long terme, on prévoit la création
de banques de compensation écologique et de fonds d’investissement pour
la biodiversité en Afrique. Juin 2011
Retour
à la Nature
Retour
au Sommaire
|