"De larves de moins d’un millimètre, à des coraux de plus de trente centimètres de diamètre, en pleine santé!".
L'équipe
de Peter Harrison capture le sperme et les ovules à la surface de
l’eau, maximise les chances de fertilisation en laboratoire, et
s'assure que les larves se développent correctement, ce qui
décuple évidemment leur capacité à s'installer ensuite sur le récif.
Les chercheurs relâchent suite les larves en bonne santé et en grand
nombre sur des récifs endommagés ou détruits. La technique a d'abord
été développée à petite échelle, sur des enclos de récifs de deux
mètres sur deux, puis pour la première fois à plus grande
échelle, sur des enclos de dix mètres sur dix, avec beaucoup de
succès :
Nous avons réussi refaire pousser des coraux sur des récifs qui étaient
extrêmement endommagés : en seulement trois ans, nous
sommes partis de microscopiques larves de moins d’un millimètre, à des
coraux de plus de trente centimètres de diamètre, en pleine santé,
et déjà en capacité de se reproduire naturellement . Ce que nous
ignorons, c’est à quel point cette technique pourrait fonctionner
à très grande échelle. Par ailleurs, pour des raisons expérimentales,
nous n’utilisons pour le moment qu’une gamme sélective
d’espèce de coraux, dont nous connaissons très précisément les
modalités de reproduction. Dans le futur, le but est bien sûr d’élargir
les échantillons de cellules reproductrices mâles et femelles que nous
recueillons, à d’autres espèces, et d’adapter nos techniques de
manière à pouvoir, d’une certaine manière, à terme imiter la
diversité qui existe dans la nature.
"Notre étude révèle que la barrière a une plus grande capacité qu’on ne le pensait à se régénérer".
Autre lueur d'espoir: une deuxième étude australienne publiée en début
de semaine dans PLOS Biology, révèle qu'un cœur de coraux résiste
au blanchissement et pourrait recoloniser toute la grande barrière...
Dans cette étude le professeur australien Peter Mumby, de
l’université de Queensland affirme avoir trouvé avec son équipe
quelques 118 récifs coralliens susceptibles à eux seuls de régénérer la
quasi -totalité de la barrière. Pour les identifier,
m’expliquait-il, il a appliqué une grille de trois critères
précise, sans avoir s'il pouvait espérer trouver des récifs capables
d'y répondre:
Nous voulions d’abord identifier des récifs qui, lors de leur épisode
reproductif massif, soient capable d’atteindre un très large nombre
d’autre récifs, y compris les plus endommagés, et nous en avons
identifié grâce aux mouvements océanographiques modélisés par
satellites ; il existe des récifs dont les larves sont capables
d’atteindre une grande partie de la Barrière. Parmi ces récifs,
nous avons cherché à savoir s'il y en avait susceptibles de
n’avoir jamais été touchés par un épisode de blanchissement massif,
des récifs qui seraient donc plus résistants et capables
donc d’envoyer le plus de larves possibles. La troisième donnée à
prendre compte, c’était la prévalence dans ces récifs de l'acanthaster
pourpre, une étoile de mer qui est le principal prédateur des coraux.
Il nous fallait trouver des récifs qui y soient peu exposés.
A sa grande surprise, Peter Mumby et son équipe ont identifié 118
récifs coralliens qui répondent à ces trois critères. C’est à peine 3 %
de la grande barrière de corail, mais ces 3 % ont la capacité
d’irriguer en larves la quasi-totalité de la barrière. Ce cœur de récif
constitue en quelque sorte l’épine dorsale, le système circulatoire de
la Grande Barrière, selon le chercheur.
Notre étude révèle que la barrière a une plus grande capacité qu’on ne
le pensait à se régénérer. C’est un espoir, mais nous savons que
ce processus peut prendre du temps, et nous ignorons toujours si les
coraux arriveront à s’adapter suffisamment vite aux changements
climatiques. C’est la raison pour laquelle je trouve sage de soutenir
des projets comme celui de Peter Harrison et son équipe. Nous ignorons
bien sûr encore ce qu’il pourrait donner à l’échelle d’un récif
entier, mais cela ne veut pas dire qu’il ne faut pas continuer à faire
de la recherche.
Quelques chiffres de 2018 (NDLR)...
Les récifs coralliens représentent 95% de la biodiversité côtière
nationale et constituent une richesse naturelle. Selon le bilan
2018 de l'état de santé des coraux:
*54% des récifs mondiaux sont menacés et parmi eux 15%
risquent de disparaître dans les 10 à 20 prochaines années ( surtout en
Asie du ud-est et dans les Caraïbes.)
* 20% de plus sont menacés de disparition d'ici 20 à 40 ans.
Les principales causes de leur évolution sont :
- Les pratiques de remblaiement
- La pêche
- la pollution générale littorale
- la pression démographique croissante.
Depuis la Seconde Guerre mondiale, le Monde a ainsi perdu 19 % de ses
récifs corallien notamment dans les zones littorales très urbanisées.
9 Mars 2019
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