Sida: l'épidémie marque le pas mais il faut "intensifier" l'action
Par AFP
L'épidémie
de sida marque le pas, avec une baisse des décès et des personnes
nouvellement infectées, mais son niveau reste "inacceptable" et son
avenir "incertain", selon l'Onusida. Pour
cet organisme spécialisé de l'ONU, il faut encore "intensifier
l'action" et augmenter les crédits, faute de quoi la pandémie, qui
touche 33 millions de personnes, ne pourra être jugulée avant longtemps.
Une
baisse de la mortalité à 2 millions de personnes, des progrès
"considérables" dans quelques pays contrebalancés par une aggravation
de la situation dans d'autres, des crédits multipliés par six pour les
pays pauvres depuis 2001 : l'organisme spécialisé de l'ONU a publié
mardi ses statistiques bisannuelles concernant 147 des 192 pays de
l'ONU, à la veille de l'ouverture, dimanche à Mexico, de la conférence
internationale sur le sida.
Le rapport constate une situation
certes "améliorée", avec des progrès encourageants et notamment une
amélioration de la prévention, particulièrement dans la distribution
des programmes évitant la transmission du virus de la femme à l'enfant
à naître. En deux ans, le nombre d'infections nouvelles chez les
enfants a ainsi chuté de 410.000 à 370.000.
Mais l'amélioration
est lente. Le nombre de personnes vivant avec le VIH augmente
doucement, grâce aux trithérapies qui prolongent la vie, mais aussi
parce que l'infection est loin d'être jugulée. Même si, depuis 2001, le
nombre des nouveaux cas est passé de 3 à 2,7 millions, soit une baisse
de 10% en six ans.
L'Afrique subsaharienne, où seulement un
tiers des personnes qui en auraient besoin ont accès à un traitement
(45% de plus qu'il y a deux ans) reste à la traîne. Le sida est la
cause majeure de mortalité et 12 millions d'enfants y sont des
orphelins du sida. L'espérance de vie est inférieure à 40 ans au
Zimbabwe.
La
prévention y gagne cependant du terrain, et l'on note dans certains
pays des modifications du comportement sexuel : recours plus fréquent
au préservatif chez les jeunes à partenaires multiples, augmentation de
l'âge aux premiers rapports... Ainsi, au Cameroun, le pourcentage de
jeunes ayant eu des rapports sexuels avant l'âge de 15 ans est passé de
35% à 14%.
En revanche, les taux de nouvelles infections au VIH
sont en augmentation dans d'autres pays du monde, tels la Chine, le
Kenya, la Russie et le Vietnam...
En dehors de l'Afrique
sub-saharienne, l'infection frappe essentiellement les consommateurs de
drogues injectables, ainsi que les prostituées et les homosexuels.
Le
sida a entraîné une mobilisation "sans précédent", remarque l'Onusida.
"Le monde possède aujourd'hui les moyens de prévenir les nouveaux cas
d'infection à VIH, de réduire la morbidité (maladie) et la mortalité
associées au VIH, et d'atténuer les effets néfastes de l'épidémie sur
les ménages, les communautés et les sociétés", affirme le rapport.
Mais
les gains en vies humaines "ne doivent pas nous pousser à
l'autosatisfaction", souligne le directeur exécutif de l'Onusida, Peter
Piot. Car on est loin du compte pour réaliser l'engagement des pays
de l'ONU de fournir à tous un accès à la prévention et au traitement en
2010, voire de renverser le cours de la maladie d'ici 2015.
Il
faut de la "volonté politique", dit l'Onusida, et aussi des "mécanismes
innovants et durables" de financement, avec une insistance particulière
sur la prévention.
Pas moins de 10 milliards de dollars ont été
mis à disposition des programmes sur le VIH en 2007. Continuer
d'améliorer l'accès aux soins comme aujourd'hui nécessiterait 50% de
plus. Quant à l'accès universel aux traitements et à la prévention, il
coûterait plus de 42 milliards d'euros. Un sujet dont on devrait
beaucoup discuter à Mexico.
Avril 2008
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