Paludisme : l'espoir du vaccin volant et piquant
Par Paul Benkimoun
On
savait que le moustique était responsable de la transmission du
paludisme, il pourrait bientôt en devenir le remède. Des chercheurs de
l'université médicale japonaise de Jichi ont modifié génétiquement un
moustique afin que sa salive contienne une protéine servant de vaccin
contre la Leishmania, une fièvre à phlébotome potentiellement mortelle,
selon les conclusions de leurs recherches publiées dans Insect
Molecular Biology sous le titre : "Le vaccinateur volant : un moustique
transgénique inocule un vaccin contre la Leishmania par voie sanguine". PUne
souris piquée par ce moustique transgénique a développé un anticorps
contre cette maladie, a expliqué mercredi le professeur Shigeto
Yoshida, qui a dirigé l'expérience. Le principe en est simple :
lorsqu'un moustique vous pique, il vous injecte une petite quantité de
salive déstinée à empêcher la coagulation de votre sang. En agissant
sur les glandes salivaires de l'insecte, par exemple en y intégrant un
antigène, on permet l'inoculation de cet antigène à toutes les
personnes piquées.
"Et le mieux, c'est qu'ils ne vous font pas
payer la vaccination", s'enthousiasme M. Yoshida. "Vous serez vacciné
sans même le savoir. Vous n'aurez besoin d'aucun médicament et vous
n'aurez pas besoin de vous déplacer dans un centre dédié à la
vaccination de masse", poursuit le scientifique.
MANQUE ENCORE UN VACCIN
L'équipe
considère que l'expérience pourrait conduire à un "vaccin volant"
contre le paludisme en moins de dix ans. Dans l'immédiat, le principal
obstacle à ce vaccin volant est qu'aucun vaccin contre le paludisme n'a
encore été breveté. Un problème qui pourrait être résolu rapidement
puisqu'un vaccin est en phase 3 de test actuellement. En novembre,
l'Initiative multilatérale sur le paludisme estimait lors de sa
conférence panafricaine à Nairobi qu'un vaccin pourrait être breveté
d'ici trois à cinq ans. Resteront alors les problèmes éthiques et de
réglementation de santé publique, dont les chercheurs reconnaissent
qu'ils pourraient constituer un obstacle de taille.
Le paludisme
est, selon l'OMS, la cause de plus d'un million de morts par an,
essentiellement des enfants de moins de cinq ans en Afrique
subsaharienne. Ce n'est pas la première fois que l'utilisation de
moustiques génétiquement modifiés est évoquée pour lutter contre les
maladies dont ils sont vecteurs. Au printemps 2009, l'OMS rapportait la
possibilité prochaine d'implanter des populations de moustiques mâles
incapables de se reproduire pour faire chuter la population des
vecteurs de la dengue.
Mai 2010
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