Comment se protéger d’Ebola: toutes les mesures à prendre
Par Le Soir et AFP ainsi que supplément-source de l'OMS
Les mesures et précautions à prendre pour se protéger.
L’épidémie
d’une ampleur sans précédent de fièvre hémorragique Ebola qui frappe la
Sierra Leone, le Liberia et la Guinée fait craindre une propagation de
l’infection au-delà des frontières de ces pays d’Afrique de l’Ouest,
mobilisant les autorités sanitaires mondiales pour contenir ce risque.
L’Organisation mondiale de la Santé (OMS) et les Centres américains de
contrôle et de prévention des maladies (CDC) ont publié sur leur site
internet les mesures et précautions à prendre pour se protéger. Les
symptômes d’Ebola peuvent inclure de la fièvre, des maux de tête, des
douleurs musculaires, articulaires ou à l’estomac ainsi qu’un état de
faiblesse général, de la diarrhée, des vomissements, un manque
d’appétit et dans certains cas des saignements. La période d’incubation
est de 21 jours et il n’existe aucun vaccin contre cette infection.
– La transmission se fait seulement par contact direct avec des
fluides corporels de personnes infectées ou des objets comme des
aiguilles de seringues contaminées, a précisé plus tôt cette semaine le
Dr Stephan Monroe, directeur adjoint du Centre national américain des
maladies infectieuses émergentes aux CDC.
– Une personne n’est pas contagieuse tant que les symptômes ne se sont pas manifestés.
– Le virus Ebola se propage par les sécrétions des muqueuses, le
sperme, la salive, la sueur, les vomissures, les matières fécales ou le
sang. Il est ainsi « très improbable » que le virus Ebola ne
se transmette parmi des passagers d’un avion ou d’un train puisqu’un
contact direct avec des sécrétions corporelles est nécessaire, insiste
le responsable des CDC. La plupart des personnes qui deviennent
infectées vivent avec des malades qui ont des symptômes d’Ebola ou sont
membres du personnel médical qui les soigne, a-t-il rappelé.
– La fièvre hémorragique Ebola a un taux de mortalité pouvant
atteindre 90 % et ceux qui survivent peuvent être contagieux
pendant deux mois.
– L’OMS indique également que le virus peut se transmettre au
contact de corps de victimes de l’infection lors des préparations
funéraires.
Les personnes vivant dans des zones où Ebola est endémique et qui ont
des symptômes de l’infection doivent être mises en quarantaine,
précisent encore les CDC sur leur site. Les personnels soignants
doivent se protéger en portant des masques sanitaires et des gants
quand ils soignent des malades et se laver régulièrement les mains
avant et après un contact avec tout patient qui a de la fièvre.
Initialement, le virus Ebola a infecté des populations humaines après
des contacts avec du sang et des organes ou des fluides corporels
d’animaux infectés. La chauve-souris frugivore est le vecteur naturel
de ce virus. En Afrique, des infections par le virus Ebola ont
également été observées par des contacts avec notamment des chimpanzés,
des gorilles et des antilopes malades ou morts, relève l’OMC qui
recommande d’éviter de consommer de la viande de brousse.
Principaux points
La maladie à virus Ebola
(autrefois appelée aussi fièvre hémorragique à virus Ebola) est une
maladie grave, souvent mortelle chez l’homme.
On enregistre au cours des flambées un taux de létalité pouvant atteindre 90%.
Les flambées épidémiques
surviennent principalement dans les villages isolés d’Afrique centrale
et d’Afrique de l’Ouest, à proximité des forêts ombrophiles tropicales.
Le virus se transmet à l’homme à
partir des animaux sauvages et se propage ensuite dans les populations
par transmission interhumaine.
On pense que des chauves-souris
frugivores, de la famille des ptéropidés, sont les hôtes naturels du
virus Ebola.
Les personnes gravement malades
ont besoin de soins intensifs de soutien. Il n’existe pas de vaccin ou
de traitement spécifique homologué, que ce soit pour l’homme ou pour
l’animal.
Le virus Ebola est apparu pour la première fois en 1976, lors de deux
flambées simultanées à Nzara (Soudan) et à Yambuku (République
démocratique du Congo). Yambuku étant situé près de la rivière Ebola ,
c’est de là qu’est venu le nom de la maladie.
Le genre Ebolavirus est l’un des trois appartenant à la famille des
filoviridés (filovirus), aux côtés des genres Marburgvirus et
Cuevavirus. Il compte cinq espèces distinctes:
Ebolavirus Bundibugyo (BDBV);
Ebolavirus Zaïre (EBOV);
Ebolavirus Reston (RESTV);
Ebolavirus Soudan (SUDV);
Ebolavirus Forêt de Taï (Taï Forest TAFV).
Contrairement à RESTV et TAFV, BDBV, EBOV et SUDV ont été associés à
d’importantes flambées de maladie à virus Ebola en Afrique. L’espèce
RESTV, que l’on trouve aux Philippines et en République populaire de
Chine, peut infecter l’homme, mais on n’a jamais signalé jusqu’à
présent de cas de maladies ou de décès qui lui soient dus.
Transmission
Le virus Ebola s’introduit dans la population humaine après un contact
étroit avec du sang, des sécrétions, des organes ou des liquides
biologiques d’animaux infectés. En Afrique, l’infection a été constatée
après la manipulation de chimpanzés, de gorilles, de chauves-souris
frugivores, de singes, d’antilopes des bois et de porcs-épics retrouvés
malades ou morts dans la forêt tropicale.
Il se propage ensuite dans les communautés par transmission
interhumaine, à la suite de contacts directs (peau lésée ou muqueuses)
avec du sang, des sécrétions, des organes ou des liquides biologiques
de personnes infectées, ou de contacts indirects par l’intermédiaire
d’environnements contaminés par ce type de liquides. Les rites
funéraires au cours desquels les parents et amis du défunt sont en
contact direct avec la dépouille peuvent également jouer un rôle dans
la transmission du virus Ebola . Le sperme peut continuer de
transmettre le virus jusqu’à sept semaines après la guérison clinique.
Des agents de santé se sont souvent infectés en traitant des cas
suspects ou confirmés de maladie à virus Ebola. Cela s’est produit lors
de contacts étroits avec les patients, lorsque les précautions
anti-infectieuses n’ont pas été strictement appliquées.
Chez les personnes travaillant au contact de singes ou de porcs
infectés par le virus Ebola Reston, on a constaté plusieurs cas
d’infections humaines cliniquement asymptomatiques. Le RESTV semble
donc moins pathogène pour l’être humain que les autres espèces.
Toutefois, les données disponibles ne concernent que des hommes adultes
en bonne santé. Il serait donc prématuré de tirer des conclusions sur
les effets de ce virus pour la santé dans tous les groupes de la
population, notamment les sujets immunodéprimés, les personnes ayant
des problèmes médicaux préexistants, les femmes enceintes ou les
enfants. Il faudra faire de nouvelles études sur le RESTV avant de
pouvoir tirer des conclusions définitives sur sa pathogénicité et sa
virulence pour l’homme.
Signes et symptômes
La maladie à virus Ebola est une virose aiguë sévère se caractérisant
par une apparition brutale de la fièvre, une faiblesse intense, des
myalgies, des céphalées et une irritation de la gorge. Ces symptômes
sont suivis de vomissements, de diarrhée, d’une éruption cutanée, d’une
insuffisance rénale et hépatique et, dans certains cas, d’hémorragies
internes et externes. Les analyses de laboratoire révèlent une baisse
de la numération leucocytaire et plaquettaire, ainsi qu’une élévation
des enzymes hépatiques.
Les sujets atteints restent contagieux tant que le virus est présent
dans leur sang et leurs sécrétions. On a isolé le virus Ebola dans le
liquide séminal 61 jours après l’apparition de la maladie chez un homme
ayant contracté l’infection dans un laboratoire.
La durée d’incubation, c’est-à-dire le temps écoulé entre l’infection
par le virus et l’apparition des premiers symptômes, varie de 2 à 21
jours.
Diagnostic
Avant de poser le diagnostic de maladie à virus Ebola, il faut exclure
la possibilité d’autres affections telles que: le paludisme, la fièvre
typhoïde, la shigellose, le choléra, la leptospirose, la peste, la
rickettsiose, la fièvre récurrente, la méningite, l’hépatite et
d’autres fièvres hémorragiques virales.
Plusieurs types de tests permettent de poser le diagnostic définitif des infections à virus Ebola au laboratoire:
titrage immunoenzymatique (ELISA);
détection de l’antigène;
test de séroneutralisation;
amplification génique précédée d’une transcription inverse (RT-PCR);
microscopie électronique;
isolement du virus sur culture cellulaire.
Les échantillons provenant des patients s’associent à un risque
biologique extrême et les analyses ne devraient être exécutées que dans
les conditions de confinement les plus rigoureuses possible.
Prévention et traitement
Il n’existe pas de vaccin homologué contre la maladie à virus Ebola.
Plusieurs vaccins en sont au stade des essais, mais aucun n’est
disponible pour un usage clinique.
Les cas graves doivent être placés en unité de soins intensifs. Les
patients sont souvent déshydratés et ont besoin d’une réhydratation par
voie orale au moyen de solutions d’électrolytes ou par voie
intraveineuse.
Il n’existe pas de traitement spécifique. De nouveaux traitements médicamenteux sont en cours d’évaluation.
Hôte naturel du virus Ebola
En Afrique, on pense que des chauves-souris frugivores, appartenant
notamment aux espèces Hypsignathus monstrosus, Epomops franqueti et
Myonycteris torquata, sont des hôtes naturels possibles du virus Ebola.
Par conséquent, la répartition géographique de celui-ci pourrait se
superposer à celle des chauves-souris.
Le virus Ebola chez l’animal
Bien que des primates aient été à l’origine de l’infection chez
l’homme, on ne pense pas qu’ils soient le réservoir, mais plutôt des
hôtes accidentels du virus, tout comme l’être humain. Depuis 1994, on a
observé chez des chimpanzés et des gorilles des flambées d’infections à
virus Ebola avec les espèces EBOV et TAFV.
L’espèce RESTV a été à l’origine de flambées sévères de maladie à virus
Ebola chez des macaques (Macaca fascicularis) élevés aux Philippines et
elle a été détectée chez des singes importés aux États-Unis d’Amérique
en 1989, 1990 et 1996, ainsi que chez des singes importés en Italie en
1992 en provenance des Philippines.
Depuis 2008, on a détecté des virus RESTV au cours de plusieurs
flambées d’une maladie mortelle chez les porcs aux Philippines et en
Chine. On a signalé l’infection asymptomatique chez le porc et des
inoculations expérimentales ont montré que ce virus n’est pas pathogène
dans cette espèce.
Prévention
Contrôle du virus Ebola Reston chez l’animal domestique
Il n’existe pas de vaccin vétérinaire contre ce virus. Le nettoyage et
la désinfection systématiques des élevages de porcs et de singes (avec
de l’hypochlorite de sodium ou d’autres détergents) devraient être
efficaces pour inactiver le virus. En cas de suspicion d’une flambée,
les locaux doivent être mis immédiatement en quarantaine.
L’abattage des animaux infectés, avec une surveillance rigoureuse de
l’enterrement ou de l’incinération des carcasses, peut s’avérer
nécessaire pour réduire le risque de transmission de l’animal à
l’homme. La restriction ou l’interdiction du déplacement des animaux à
partir des élevages infectés vers d’autres zones peut réduire la
propagation de la maladie.
Comme des flambées d’infection à RESTV chez le porc et le singe ont
précédé des cas d’infection chez l’homme, la mise en place d’un système
de surveillance active de la santé animale est essentielle pour une
alerte précoce des autorités de la santé publique et vétérinaire.
Réduction du risque d’infection à virus Ebola chez l’homme
En l’absence de traitement efficace et de vaccin pour l’homme, la
sensibilisation aux facteurs de risque et la connaissance des mesures
de protection à prendre à titre individuel sont le seul moyen de
réduire l’infection et la mortalité chez l’être humain.
En Afrique, lors des flambées de maladie à virus Ebola, les messages
éducatifs de santé publique visant la réduction du risque seront axés
sur les points suivants:
Réduction du risque de
transmission entre les animaux sauvages et l’homme par contact avec des
chauves-souris ou des singes/primates infectés et par la consommation
de leur viande crue. Il faut manipuler les animaux avec des gants et
porter des vêtements protecteurs adaptés. Les produits (sang et viande)
doivent être cuits soigneusement avant d’être consommés.
Réduction du risque de
transmission interhumaine dans la communauté provenant de contacts
directs ou rapprochés avec des sujets infectés, notamment avec leurs
liquides biologiques. Il faut éviter tout contact rapproché avec des
patients infectés par le virus Ébola. Il faut porter des gants et un
équipement de protection individuel adapté lorsqu’on soigne des
patients à domicile. Il est indispensable de se laver régulièrement les
mains après avoir rendu visite à des parents malades à l’hôpital ou
après les avoir soignés à domicile.
Les communautés touchées par le
virus Ébola doivent informer la population de la nature de la maladie
et des mesures prises pour endiguer la flambée, y compris lors des
rites funéraires. Les personnes mortes de cette infection doivent être
enterrées rapidement et sans prendre de risque.
Les élevages de porcs en Afrique peuvent jouer un rôle dans
l’amplification de l’infection à cause de la présence de chauves-souris
sur ces exploitations. Des mesures adaptées de sécurité biologique
doivent être prises pour limiter la transmission. Pour le RESTV, les
messages éducatifs de la santé publique doivent être axés sur la
réduction du risque de transmission du porc à l’homme qui résulte de
pratiques d’élevage et d’abattage dangereuses, ainsi que de la
consommation de sang frais, de lait ou de tissus animaux crus.
Il faut porter des gants et des vêtements de protection adaptés pour
manipuler les animaux malades, leurs tissus ou les abattre. Dans les
régions où l’on a signalé le RESTV chez le porc, tous les produits
animaux (sang, viande et lait) doivent être cuits soigneusement avant
d’être consommés.
Lutte contre l’infection dans les établissements de soins
La transmission interhumaine du virus Ebola est avant tout liée au
contact direct ou indirect avec du sang et des liquides biologiques.
Elle a été signalée pour les agents de santé lorsque des mesures
suffisantes de lutte anti-infectieuses n’ont pas été respectées.
Il n’est pas toujours possible d’identifier rapidement les patients
présentant une maladie à virus Ebola car les symptômes initiaux peuvent
manquer de spécificité. Pour cette raison, il est important que les
agents de santé appliquent les précautions d’usage à tous les patients,
quel que soit le diagnostic, dans toute pratique professionnelle et à
tout moment.
Ces précautions comportent l’hygiène des mains, l’hygiène respiratoire,
le port d’un équipement de protection individuel (selon le risque
d’éclaboussures ou d’autres contacts avec des matières infectées), la
sécurité des injections et des rites funéraires.
En présence d’un cas suspect ou confirmé d’infection à virus Ebola ,
les agents de santé soignant le malade doivent, en plus des précautions
d’usage, prendre d’autres mesures de lutte anti-infectieuse pour éviter
toute exposition avec le sang ou les liquides biologiques du patient et
tout contact direct avec l’environnement susceptible d’être contaminé.
Lors des contacts proches avec des patients ayant une maladie à virus
Ebola (c’est-à-dire à moins d’un mètre), ils doivent porter une
protection faciale (écran facial, ou masque chirurgical et lunettes de
protection), une blouse propre, non stérile à manches longues, et des
gants (stériles pour certains actes médicaux).
Les employés des laboratoires sont également exposés au risque. Les
échantillons prélevés pour le diagnostic sur des cas suspects (être
humain ou animal) doivent être manipulés par du personnel formé et
traités dans des laboratoires suffisamment équipés.
Action de l’OMS
L’OMS fournit son expertise et de la documentation pour aider aux investigations sur la maladie et à la lutte.
Les recommandations pour la lutte anti-infectieuse lors de la
dispensation des soins à des cas présumés ou confirmés de fièvre
hémorragique à virus Ebola se trouvent dans : Interim infection control
recommendations for care of patients with suspected or confirmed
Filovirus (Ebola, Marburg) haemorrhagic fever (mars 2008). Ce document
est en cours de révision.
L’OMS a créé un aide-mémoire sur les précautions d’usage pour les soins
de santé (en cours de révision). Celles-ci ont pour but de réduire le
risque de transmission de tous les agents pathogènes, y compris ceux
qui sont transmis par le sang. En les appliquant universellement, elles
aideraient à éviter la plupart des transmissions par exposition au sang
et aux liquides biologiques.
Les précautions d’usage sont recommandées pour les soins et le
traitement de tous les patients, quel que soit leur statut infectieux,
présumé ou confirmé. Elles comportent le niveau de base de la lutte
anti-infectieuse et comprennent l’hygiène des mains, le port d’un
équipement de protection individuel pour éviter tout contact direct
avec le sang et les liquides biologiques, la prévention des piqûres
accidentelles et des blessures par des instruments pointus ou
tranchants, et un ensemble de mesures de contrôle de l’environnement.
6 Août 2014
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