Hépatite B : pourquoi tue-t-elle encore autant en Afrique ?
Par Andréa Haug
Problème
majeur de santé publique, l'hépatite B touche 8 % de la population de
l'Afrique subsaharienne. Diagnostic difficile, traitement coûteux,
plusieurs raisons expliquent la situation.
Alors
que l'OMS publie de nouvelles directives pour la prévention de
l'Hépatite B et le traitement des patients atteints d'une infection
chronique (*), voici un point sur la pathologie.
L'hépatite B, qu'est-ce que c'est ?
L’infection est causée par le virus de l'hépatite B (VHB). Transmis au
contact du sang, notamment à la naissance, ou d’autres fluides
corporels (salive, sperme, sécrétions vaginales), le virus s'attaque
aux cellules du foie où il se multiplie. Une faible proportion de
personnes atteintes d’hépatite aiguë développent une insuffisance
hépatique aiguë parfois mortelle. Si elle devient chronique, la maladie
peut également causer le décès par cirrhose ou par cancer hépatique.
Pourquoi son diagnostic n'est-il pas évident ?
L'infection passe souvent inaperçue ou s'apparente à une grippe (perte
d’appétit, nausées, fièvre). Un tiers des malades présente une
inflammation aiguë du foie visible sous la forme d'une jaunisse ou
d'urines foncées. Des tests sanguins confirment l'infection et
différencient les infections aiguës des infections chroniques, mais
leur mise en œuvre reste limitée dans les pays disposant de faibles
ressources. Aussi, beaucoup de malades ne sont diagnostiqués qu'à un
stade avancé.
L'hépatite B cause 650 000 décès annuels dans le monde.
Où sévit la maladie en Afrique ?
Selon l'OMS, l'hépatite B est responsable dans le monde d'infections
chroniques chez 240 millions de personnes et cause 650 000 décès
annuels. L'Afrique subsaharienne est l'une des régions du globe où
l’hépatite B prévaut le plus, avec une proportion de la population
adulte chroniquement infectée comprise entre 5 et 10%. Environ 2 à 5%
de la population serait également infectée de manière chronique au
Moyen-Orient et sur le sous-continent indien.
Pour quelles raisons l'hépatite B est-elle difficile à soigner ?
L'hépatite aiguë n'est pas curable et le malade doit compter sur son
système immunitaire pour éliminer le virus, généralement au bout d'un
an. Le foie retrouve alors un état normal et la personne est protégée à
vie contre la maladie.â¨La forme chronique peut être guérie par des
médicaments (Adefovir, Entecavir, etc.) parfois coûteux mais certains
comprimés génériques reviennent à 5 dollars par mois. Le traitement ne
rétablit toutefois que rarement de l’infection et s'avère souvent
prescrit à vie.
Comment se prémunit-on du virus ?
La meilleure protection est le vaccin qui confère après trois
injections une protection sur dix ans et plus. Alors que moins de 50%
des nouveaux-nés en bénéficient, l'OMS recommande de lancer la
vaccination de tous les enfants dès la naissance. Selon l'organisation,
depuis les années 1980, le taux d’infection chronique chez les enfants
a chuté dans de nombreux pays de 15 % à moins de 1%.
À savoir :
Un colloque sur le thème "Vers un contrôle mondial des hépatites virales" se tiendra mardi 19 mai 2015, à Paris, à l'Institut Pasteur.
(*) Guidelines for the prevention, care and treatment of persons with chronic hepatitis B infection – mars 2015
16 Avril 2015
Abonnez-Vous à Jeune Afrique
Retour
aux Pandemies
Retour au Sommaire
|