En Chine, la
pollution aveugle la population... et les caméras de surveillance
Par Gaëlle LE
ROUX
La
pollution de l'air, en plus de ses désastres sur la santé, met en péril
la sécurité nationale en Chine, selon les autorités du pays. Les
caméras de vidéosurveillance, incapables de voir à travers le nuage de
pollution, se révèlent inutiles.
Nankin,
8 millions d’habitants, capitale du Jiangsu, à l’extrême est de la
Chine. Les médecins d’un hôpital de la ville viennent de diagnostiquer
un cancer du poumon à une fillette de 8 ans. Une pathologie extrêmement
rare chez les enfants : la moyenne d’âge des patients atteints de
cette maladie est de 70 ans. L’enfant habite à proximité d’un axe
routier très fréquenté. Pour les médecins, pas de doute, la pollution
atmosphérique est responsable du cancer de la petite fille.
Harbin,
11 millions d’habitants. Trois jours durant, au cours de cet automne,
la mégalopole chinoise, située dans le nord-est de la Chine, a été
plongée dans le brouillard. Pas l’humide fog londonien qui se forme au
contact de l’eau, mais une fumée dense de fines particules émises par
les industries environnantes, par le chauffage domestique et par la
circulation. Les écoles ont été fermées, les transports routiers
bloqués, l’aéroport paralysé. Par endroits, la visibilité ne dépassait
pas les trois mètres. Un phénomène rebaptisé "Airpocalypse" par les
Chinois.
La sécurité
nationale en péril
En
Chine, les habitants suffoquent. La santé publique ne laisse évidemment
pas indifférentes les autorités chinoises, qui envisagent toutes les
solutions, même les plus fantasques (un aspirateur géant notamment),
pour venir à bout de la pollution. Mais en ce moment, ce qui préoccupe
particulièrement les dirigeants chinois, ce sont les conséquences sur
la sécurité nationale : outre le fait que ces micro-particules
empoisonnent l’air, elles entravent la visibilité et donc l’efficacité
de la multitude de caméras de vidéosurveillance installées dans les
métropoles chinoises.
Pékin,
obsédée par les éventuelles atteintes à la sécurité de l’État, a
investi massivement dans d’immenses réseaux de surveillance, permettant
à la police d'épier à peu près toutes les grandes artères des villes du
pays. Mais aussi coûteuses soient-elles, les caméras deviennent
complètement inutiles dès que le "smog" envahit les mégalopoles
chinoises.
Selon
le "South China Morning Post", qui cite un expert en vidéosurveillance,
les particules sont si nombreuses et si solides qu’elles bloquent la
lumière aussi efficacement qu’un mur de briques. "À en croire notre
expérience, quand la visibilité tombe en deçà de trois mètres, même la
meilleure des caméras ne peut pas permettre de voir à plus d’une
douzaine de mètres", assure-t-il dans les colonnes du quotidien.
Choisir entre la
pollution et les radiations
Le
gouvernement prend le problème très au sérieux – d’autant plus après
l’attentat à la voiture de la place Tienanmen fin octobre – et a chargé
une commission de scientifiques de trouver une solution d’ici quatre
ans. La Fondation nationale chinoise de sciences naturelles a
mobilisé deux équipes, une militaire, l’autre civile. Le défi est
gigantesque.
Selon
le professeur Yang Aiping, expert en images digitales et chef de
l’équipe civile, les études préliminaires ont permis de déterminer que
les particules du brouillard provoqué par la pollution n’avaient
pas les mêmes propriétés optiques que les fines gouttelettes d’eau
contenues dans le brouillard "naturel". "Nous devons réviser
profondément, si ce n’est entièrement, les algorithmes de certains
modèles mathématiques. Nous avons aussi besoin d’effectuer de
nombreuses simulations par ordinateur et des tests sur le terrain",
prévient le professeur, dasn les colonnes du "South China Morning Post".
Pour
l’heure, une solution existe pour pouvoir assurer la sécurité nationale
même dans le plus épais nuage de pollution : les radars. Les ondes
électromagnétiques et les micro-ondes, avec l’aide d’un logociel,
peuvent permettre de reproduire des images assez nettes. Mais les
radiations engendrées pourraient porter atteinte à la santé publique.
En Chine, les jours de brouillard s’annoncent bien meurtriers.
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Chine : comprendre l'ampleur de la pollution en... par lemondefr
13 Novembre 2013
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