L'industrie
va devoir payer pour polluer
La Commission européenne a remis son projet de plan
de lutte contre les gaz à effet de serre. La mesure
phare concerne les industries les plus polluantes qui devront
à partir de 2013 payer leurs "permis de polluer"
jusqu'ici gratuits. Des objectifs contraignants sont également
fixés pour chaque membre de l'UE.
Les
industries les plus polluantes de l'Union européenne,
à commencer par les électriciens, devront à
partir de 2013 payer leurs "permis de polluer" jusqu'ici
gratuits, afin de contribuer à réduire les émissions
de CO2, a proposé mercredi 23 janvier la Commission
européenne.
Celle-ci a remis mercredi aux 27 pays membres de l'Union la
version définitive de son projet de plan de lutte contre
les gaz à effet de serre. Cette série d'actions
débattues jusqu'au dernier moment sous les pressions
conjuguées des Etats et des industriels, a été
d'abord défendue par le président portugais
de la Commission européenne José Manuel Barroso,
devant les députés européens réunis
dans leur hémicycle bruxellois avant d'être présentée
aux journalistes. Ce plan de lutte contre le réchauffement
climatique est présenté comme "le plus
complet au monde". Son coût est estimé à
"3 euros par semaine" et par citoyen européen
d'ici 2020.
Le plan fixe les actions à accomplir dans chacun des
27 pays afin de pouvoir tenir l'engagement, pris en mars 2007
par les dirigeants européens, de réduire d'ici
2020 les émissions de gaz à effet de serre de
20% par rapport à leur niveau de 1990, et de porter
à 20% la part des énergies renouvelables dans
la consommation.
Des objectifs nationaux
Pour parvenir à l'objectif global d'une proportion
de 20% d'énergies renouvelables dans la consommation
en 2020, la Commission a fixé aux vingt-sept pays de
l'Union européenne des objectifs nationaux et contraignants.
La France va devoir faire passer la part des énergies
renouvelables dans sa consommation énergétique
totale à 23% en 2020, contre 10,3% aujourd'hui. C'est
davantage que ce que voulait Paris, qui souhaitait un objectif
de 20% en 2020. L'Allemagne devra passer de 5,8% à
18% et le Royaume-Uni de 1,3% à 15%, la Suède
de 39,8% à 49%, la Pologne de 7,2% à 15%.
Par ailleurs, la France et l'Allemagne devront réduire
leurs émissions de gaz à effet de serre provenant
du transport, de l'habitat et de l'agriculture de 14% d'ici
à 2020 par rapport au niveau de 2005, le Danemark de
20%, la Belgique de 15%, la Suède de 17%. Les pays
en phase de rattrapage économique pourront eux les
augmenter de façon limitée: pas plus de 14%
pour la Pologne, 9% pour la République tchèque,
20% pour la Bulgarie.
Quotas d'émission de CO2
La disposition fondamentale du plan de la Commission européenne
est indéniablement le paiement du droit à polluer,
contre laquelle les industriels se sont mobilisés,
la jugeant dangereuse pour la compétitivité.
Les quotas d'émissions de CO2 délivrés
aujourd'hui gratuitement à l'industrie lourde seront
mis en vente progressivement à compter de 2013, aussi
les entrepreneurs ont-ils menacé de délocaliser
leurs industries vers des cieux moins regardants.
Cette disposition a fracturé l'exécutif bruxellois
et certains commissaires ont exposé leurs divergences
sur la place publique."Ces propositions vont augmenter
le prix de l'électricité pour les ménages
et les entreprises. Il faut le dire ouvertement aux citoyens",
a argué l'Allemand Günter Verheugen, vice-président
et chargé de l'Industrie à la Commission.
120 milliards d'euros
par an
Le président de la Commission a promis que la facture
annuelle pour mettre en oeuvre ce plan serait limitée
à 0,5% du PIB européen, soit 60 milliards d'euros.
"Il y a un coût mais il est gérable",
a assuré José Manuel Barroso, il "correspond
à environ 3 euros par semaine et par personne"
dans l'UE. Mais ses services jugent plus réaliste de
parler de 120 milliards par an, soit 1% de la richesse européenne.
Ce plan qui doit encore être discuté par les
eurodéputés et les pays membres s'annonce difficile
en négociations, comme le reconnaît José
Manuel Barroso, qui espère néanmoins un accord
pour la fin de l'année 2008.
Janvier 2008
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