Taux record de microplastique dans l’océan Arctique
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L'Express - Culture Livres - Par Marianne Payot, publié le 19/04/2018 à
07:00 , mis à jour à 08:50
Jusqu’à
12 000 particules de microplastique par litre : le chiffre
est si colossal qu’on a peine à y croire, mais c’est bien ce qu’ont
retrouvé des chercheurs de l’Institut Alfred-Wegener pour la recherche
polaire et marine (AWI, Allemagne) en faisant fondre des échantillons
de banquise prélevés dans la zone arctique.
Leurs
résultats, publiés le 24 avril dans Nature Communications, sont
atterrants : aucune des cinq zones analysées n’était vierge de
contaminants. Tels des cocktails figés, les blocs de banquise
renfermaient les résidus de dix-sept sortes de plastiques, parmi
lesquels du polyéthylène et du polypropylène (utilisés notamment dans
les emballages), de la peinture, de l’acétate de cellulose (issu des
filtres de cigarette), du nylon et du polyester. Avec, au total,
1 100 à 12 000 microdébris par litre d’eau glacée – des taux
bien supérieurs à ceux relevés par ailleurs, même si certaines
différences méthodologiques limitent les comparaisons directes.
Septième continent
Ces particules ont été transportées là par les courants marins,
expliquent les chercheurs. Et, « avec une production mondiale en
plastique avoisinant les 300 millions de tonnes par an, il n’est
pas étonnant qu’il n’y ait plus de zone épargnée », souligne
Johnny Gaspéri, maître de conférences au Laboratoire eau, environnement
et systèmes urbains (LEESU, université Paris-Est-Créteil).
La banquise les accumule alors, que ce soit au début de sa formation ou
quand elle s’étoffe à mesure qu’elle dérive au gré des courants
arctiques. De fait, selon la zone de prélèvement, la composition en
microplastiques variait, et leur provenance aussi. Grâce à des données
satellites couplées à des modèles thermodynamiques de formation de la
banquise, les biologistes ont pu retracer le trajet de leurs
échantillons et ainsi identifier les sources possibles de pollution.
Par exemple, les taux élevés de polyéthylène observés dans certaines
aires de l’Arctique pourraient, selon eux, provenir du septième
continent, cette masse gigantesque de plastique qui flotte dans l’océan
Pacifique. Quant aux résidus de peinture et de Nylon, il semblerait
qu’ils résultent d’une pollution locale liée à l’activité humaine –
notamment de la décomposition de la coque peinte des bateaux et des
filets de pêche –, suggérant que le développement de ces activités dans
l’Arctique « laisse des traces », selon les termes d’Ilka
Peeken, première auteure de l’étude.
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