«
Jusqu’à 80% de tous les déchets présents dans nos océans sont en
plastique. Avec la vitesse à laquelle nous déversons des objets tels
que des bouteilles en plastique, des sacs, des gobelets et des pailles
après une seule utilisation, d’ici 2050, nous aurons plus de produits
plastiques dans les océans que de poissons », avertit l’agence des
Nations Unies chargée de protéger l’environnement.
En raison de leur faible densité, les déchets plastiques sont
facilement transportés sur de longues distances. Les courants
océaniques les disséminent aux quatre coins du globe, à la surface et
au fond des océans.
Selon le Centre pour la diversité biologique basé aux États-Unis, il
existe « 15 à 51 trillions d’objets plastiques se trouvent dans les
océans—de l’équateur aux pôles ». De récentes études montrent qu’il
n’existe pas un kilomètre carré de la surface des océans qui ne soit
pas pollué.
Pire encore, l’industrie des cosmétiques ajoute maintenant des
«micro-billes» de plastique à des centaines de produits, tels que les
gommages ou les dentifrices. Ces particules passent facilement à
travers la filtration de l’eau et les systèmes de drainage pour se
retrouver dans la mer où ils sont ingérés par les poissons et les
oiseaux. ONU Environnement prévient qu’environ 99 % de tous les oiseaux
de mer auront ingéré du plastique d’ici 2050 si rien n’est fait pour
inverser la tendance.
L’Afrique n’a pas été épargnée par ce fléau. Si la plupart des déchets
plastiques en Afrique ne proviennent pas du continent, les villes
africaines et les villes côtières ont leurs propres déchets
plastiques. Mme Earle cite les îles au nord-ouest de l’Océan Indien
comme étant les plus touchées par les déchets plastiques.
Les plastiques dans les océans tuent ou nuisent à plus de 300.000
animaux marins chaque année, selon Mme Earle. Certaines créatures
s’enchevêtrent dans les débris, tandis que d’autres, comme les oiseaux
de mer, les tortues, les poissons, les huîtres et les moules les
ingèrent, ce qui obstrue leurs systèmes digestifs et cause leur mort.
Les poissons et les oiseaux confondent le plastique avec de la
nourriture.
« Lorsque les jeunes oiseaux finissent par mourir, vous pouvez
littéralement voir de petites boules de plastique à côté de leurs
squelettes », a déploré Mme Earle.
D’ici 2050
nous aurons plus de produits plastiques dans les océans que de poissons, selon ONU Environnement
La menace plastique est devenue si grave que, en février, l’ONU a
lancé la campagne Clean Seas lors du sommet mondial de l’océan
réunissant des économistes à Bali, en Indonésie. Cet effort mondial
vise à convaincre les gouvernements d’adopter des politiques de
limitation du plastique et les industries de réduire la quantité
d’emballages plastiques. L’ONU exhorte également les consommateurs à
modifier leurs habitudes.
« Nous accusons du retard en ce qui concerne l’élimination du plastique
qui met en péril nos océans. Les polluants se déversent sur les plages,
s’installent au fond de l’océan et remontent à travers la chaîne
alimentaire pour se retrouver dans nos aliments. Nous sommes longtemps
restés inactifs et le problème a empiré.
« Cela doit cesser », a déclaré Erik Solheim, le responsable de ONU Environnement, lors du lancement de la campagne Clean Seas.
Au cours de l’année, la campagne annoncera des mesures ambitieuses
prises par les pays et les entreprises pour interdire ou imposer des
sacs à usage unique, éliminer les micro-plastiques des produits de
soins, ou réduire l’utilisation du plastique jetable.
Jusqu’à présent, plus d’une douzaine de pays, dont le Cameroun,
l’Éthiopie, la Gambie, la Guinée-Bissau, le Malawi, le Mali, la
Mauritanie, le Rwanda, la Sierra Leone, la Tanzanie et l’Ouganda, ont
adopté ou proposé des interdictions de sacs en polyéthylène.
Le Kenya a annoncé l’interdiction de la fabrication et de l’importation
des sacs plastiques qui entrera en vigueur dans l’année. D’après ONU
Environnement, les supermarchés utilisent tous les ans environ 100
millions de sacs plastiques qui tueront oiseaux, poissons et autres
animaux qui les prennent pour de la nourriture, détruiront des terres
agricoles, pollueront des sites touristiques et constitueront des
niches pour les moustiques qui transmettent le paludisme et la dengue.
Inverser la tendance
« Nos océans sont-ils morts ? Pas encore, mais ils ont de sérieux
ennuis, », affirme Mme Earle. « Les déchets plastiques ne
connaissent pas de limites et peuvent se déporter sur les rivages, y
compris sur les îles désertes. C’est un fléau mondial qui requiert une
riposte globale. »
Pour Mme Earle, les Etats doivent promulguer des lois qui interdisent
l’utilisation du plastique tel que les sacs, les gobelets, les
bouteilles et les produits micro-plastiques. Elle suggère encore que
des mesures soient prises afin d’inciter les citoyens à remplacer les
sacs en plastique par des sacs en tissu. Les gouvernements peuvent
également prévoir une taxe et utiliser l’argent pour nettoyer les
océans.
De grandes entreprises ont pris part à l’initiative. L’entreprise Dell
spécialisée dans la technologie, a annoncé en février qu’elle utilisait
du plastique recyclé pour l’emballage de ses produits.
D’autres annonces sont attendues à la Conférence mondiale sur les
Océans qui se tiendra au siège de l’ONU à New York du 5 au 9 juin et
réunira les responsables de gouvernements, les organismes des Nations
Unies, des institutions financières, des ONG, des représentants de la
société civile et du secteur privé, ou des universitaires, dans le but
d’évaluer les défis, les opportunités ainsi que les mesures prises pour
la réalisation de l’Objectif de Développement Durable 14.
Si chacun à son niveau choisit d’utiliser des sacs de course, des
gobelets, des pailles et des bouteilles d’eau recyclables et de ne pas
utiliser des produits de soins contenant de la matière micro-plastique,
la menace sera repoussée. Aucune action n’est insignifiante.
30 Juillet 2018
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