Mai
2014

L'actualité du Mois

Européennes : un Choix crucial…
Par
Gilles Marchand




Le vote pour les européennes n’est pas un choix anodin : c’est un enjeu crucial pour ses citoyens qui seront en mesure de définir le monde dans lequel ils veulent vivre…


Pas un jour sans sondage qui finalement ne souligne l’inutilité des statistiques face à des enjeux qu’il est impossible de précisément quantifier tant les choses sont plus larges et plus profondes que ce que peuvent affirmer les politiques. L’Europe, qui décidément, semble aimer vivre dangereusement, prête le flanc aux critiques de tous bords, en provenance de camps qui utilisent la campagne pour défendre les points de vue les plus spécieux, les revendications les plus fantaisistes parfois, avec des affirmations aussi étranges que contre productives, parfois hallucinantes, au regard des besoins réels du continent. Il est clair que l’Europe a fait des erreurs en se focalisant sur l’aspect financier des politiques qu’elle devait mener, son paysage étant pourtant bien celui là, car c’est sur ce front que devaient se livrer les combats qui sauveraient sa souveraineté monétaire, mais au delà, il était urgent que soit éteint l'incendie et qu'elle puisse enfin se recentrer sur ses cœurs de métier, à savoir garantir à nouveau la prospérité des européens et les faire résolument entrer dans le monde de demain avec les meilleurs atouts.

L’Euro a été, pendant quatre années, le vecteur d’un théâtre tragique qui a produit de la pauvreté et de la désespérance. On ne dira jamais assez le trouble et la tristesse qui ont pris la plupart des européens à l’idée des dégradations qui intervenaient, de la somme de désespoir qui envahissait les peuples du sud européen, notamment. Les politiques ont pu conduire à des accords désastreux, comme lors de ce sommet de Deauville, en 2010, qui a aggravé la crise qu’il prétendait résoudre… Il a fallu à Sarkozy et Merkel quatre ans pour résoudre la crise de 2008 qui ne s’est finalement résorbée que par l’intervention décisive de la BCE, après l'élection présidentielle en France, quand son nouveau patron, Mario Draghi, a décidé de faire ce qui devait être fait à savoir devenir prêteur en dernier ressort des états stoppant net la spéculation.



Les politiques de toute l’Europe déplorent aujourd’hui que cette décision ne soit intervenue qu’à cette date. Il fallait sauver la monnaie, parce qu’il fallait protéger l’Europe elle même, son projet et ses valeurs, mais ce faisant elle a failli perdre son âme. Elle a souffert, et on peut raisonnablement penser que le leadership conservateur, arc-bouté sur ses principes intangibles a aggravé la situation. Mais il n’en a pas été la cause. C’est au continent dans son intégralité d’effectuer les gestes, précis et coordonnés, qui lui permettront de sortir définitivement de cette zone de turbulences. L’Euro nous protégeait effectivement, mais il avait des effets pervers. Il fallait redonner à l’ensemble européen les outils de sa souveraineté.

Il est aujourd’hui nécessaire que soient effectivement consolidés les instruments qui permettront de nous lorgner durablement des récifs. La crise est finie, mais des améliorations sont encore nécessaires, notamment en termes de fiscalité et de budget. Mais avant tout, il faut que l’Europe redevienne le projet profondément humaniste qu’il n’aurait jamais du cesser d’être, un ensemble véritablement démocratique qui n’effectue ses transmutations que par étapes successives. Ce vote va nous donner un président de la commission, des institutions à visage humain, désignées par les citoyens : c’est une avancée démocratique décisive. Une conquête institutionnelle qui va donner une majorité politique à l’Europe. C’est un tournant. A nous citoyens, de ne pas nous tromper de choix. Les partis conservateurs se sont lourdement discrédités... C'est vrai, mais ce n'est pas là une raison de jeter l'Europe avec l'eau du bain...



Les forces eurosceptiques se trompent par anticipation, tant leurs prescriptions sont aberrantes, leur programme économique souvent, voire toujours pensé en dépit du bon sens, et finalement devenu un grave tissu d’inepties au regard des nécessités actuelles des européens et du monde dans lequel ils seront amenés à vivre. Se désunir, dissocier nos forces au moment de devoir lutter encore davantage pour défendre nos valeurs, c’est là suicidaire. C'est une pure folie que de vouloir affaiblir, voire de détruire, les seuls outils qui peuvent nous sauver ! Qu’est ce que les nationalismes ont produit pour l’Europe ? La Guerre, le suicide effectif du continent. Ces politiques de rabougrissement symbolique sont un danger caractérisé pour notre prospérité et plus encore pour la stabilité du continent. Ces milices hargneuses qui défilent au pas de l’oie ou entendent faire régner un ordre parallèle dans les couloirs du métro de Lille sont nostalgiques des pires valeurs que ce continent ait jamais portées. Elles ne manqueraient pas de dégénérer au grand dam de ceux qui pensaient y recourir comme à un moyen bien pratique d’exprimer à la fois colère et frustration. Le résultat serait pire encore, car ces valeurs sont dangereuses pour la démocratie, bien davantage que les quelques manquements que l’Union doit et est en train de résoudre. La meilleure manière de corriger l'Europe, c'est d'y prendre une part active, une part constructive. Nous sommes hypnotisés par les écrans par la parole péremptoire des politiques extrémistes qui expriment plus nettement apparemment les idées de ceux qu’ils bernent par des arguments purement démagogiques, basés sur une fausse interprétation des valeurs positives de ce continent. Ils cachent en réalité, comme le faisaient Franco, Mussolini, ou Hitler, dont ils évoquent ouvertement la mémore, des intentions bien pires à l’heure où nous revoyons fleurir l’inadmissible : des milices d’autodéfense qui ressemblent étrangement aux SA des nazis qui paradaient dans les années 30 au cœur des villes d’Allemagne…



La seule véritable alternative, ce sont les partis progressistes qu’ils soient socialistes — mais si ! — radicaux de gauche, écologiques ou de la gauche de la gauche, progressistes du centre ou libéraux au bon sens du terme. Tous apportent au débat de véritables arguments et sont en mesure de porter les politiques à même de résoudre les problématiques qui nous tiennent parce qu’ils sont prioritairement tournés vers les hommes et les femmes de notre temps, afin de résoudre leurs problématiques. L’ultra-libéralisme a fait la démonstration de son inanité. Il faut rendre aux citoyens les instruments qui leur permettront de retrouver une maîtrise véritable de leur vie et les valeurs sociales, environnementales, qu’ils portent sont les véritables pistes à suivre comme autant de jalons de ce futur auquel nous cherchons à accéder. L’Europe porte en elle sa propre renaissance, que nous appelons le Renouveau, parce qu’il correspond à la période de refonte de notre ordre symbolique et effectuer ce pas de géant, c’est s’éloigner de la zone de danger pour des décennies, voire des siècles. C'est créer les conditions d'une indépendance alimentaire, énergétique, numérique. C'est solutionner les problèmes démocratiques, sociaux, culturels, politiques, humains, de santé, de logement, de transports, d'énergie, et ceteræ. Nous méritons en tant que génération pivot, destinée à faire ce saut civilisationnel, d’entrer dans ce nouvel age qui nous permettra de négocier avec succès un tournant extrêmement périlleux de notre histoire.

17 Mai 2014

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