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Européennes : un Choix crucial…
Par Gilles Marchand
Le vote pour les
européennes n’est pas un choix anodin : c’est un enjeu crucial pour ses
citoyens qui seront en mesure de définir le monde dans lequel ils
veulent vivre…
Pas
un jour sans sondage qui finalement ne souligne l’inutilité des
statistiques face à des enjeux qu’il est impossible de précisément
quantifier tant les choses sont plus larges et plus profondes que ce
que peuvent affirmer les politiques. L’Europe, qui décidément, semble
aimer vivre dangereusement, prête le flanc aux critiques de tous bords,
en provenance de camps qui utilisent la campagne pour défendre les
points de vue les plus spécieux, les revendications les plus
fantaisistes parfois, avec des affirmations aussi étranges que contre
productives, parfois hallucinantes, au regard des besoins réels du
continent. Il est clair que l’Europe a fait des erreurs en se
focalisant sur l’aspect financier des politiques qu’elle devait mener,
son paysage étant pourtant bien celui là, car c’est sur ce front que
devaient se livrer les combats qui sauveraient sa souveraineté
monétaire, mais au delà, il était urgent que soit éteint l'incendie et
qu'elle puisse enfin se recentrer sur ses cœurs de métier, à savoir
garantir à nouveau la prospérité des européens et les faire résolument
entrer dans le monde de demain avec les meilleurs atouts.
L’Euro a été, pendant quatre années, le vecteur d’un théâtre tragique
qui a produit de la pauvreté et de la désespérance. On ne dira jamais
assez le trouble et la tristesse qui ont pris la plupart des européens
à l’idée des dégradations qui intervenaient, de la somme de désespoir
qui envahissait les peuples du sud européen, notamment. Les politiques
ont pu conduire à des accords désastreux, comme lors de ce sommet de
Deauville, en 2010, qui a aggravé la crise qu’il prétendait résoudre…
Il a fallu à Sarkozy et Merkel quatre ans pour résoudre la crise de
2008 qui ne s’est finalement résorbée que par l’intervention décisive
de la BCE, après l'élection présidentielle en France, quand son nouveau
patron, Mario Draghi, a décidé de faire ce qui devait être fait à
savoir devenir prêteur en dernier ressort des états stoppant net la
spéculation.
Les politiques de toute l’Europe déplorent aujourd’hui que cette
décision ne soit intervenue qu’à cette date. Il fallait sauver la
monnaie, parce qu’il fallait protéger l’Europe elle même, son projet et
ses valeurs, mais ce faisant elle a failli perdre son âme. Elle a
souffert, et on peut raisonnablement penser que le leadership
conservateur, arc-bouté sur ses principes intangibles a aggravé la
situation. Mais il n’en a pas été la cause. C’est au continent dans son
intégralité d’effectuer les gestes, précis et coordonnés, qui lui
permettront de sortir définitivement de cette zone de turbulences.
L’Euro nous protégeait effectivement, mais il avait des effets pervers.
Il fallait redonner à l’ensemble européen les outils de sa
souveraineté.
Il est aujourd’hui nécessaire que soient effectivement consolidés les
instruments qui permettront de nous lorgner durablement des récifs. La
crise est finie, mais des améliorations sont encore nécessaires,
notamment en termes de fiscalité et de budget. Mais avant tout, il faut
que l’Europe redevienne le projet profondément humaniste qu’il n’aurait
jamais du cesser d’être, un ensemble véritablement démocratique qui
n’effectue ses transmutations que par étapes successives. Ce vote va
nous donner un président de la commission, des institutions à visage
humain, désignées par les citoyens : c’est une avancée démocratique
décisive. Une conquête institutionnelle qui va donner une majorité
politique à l’Europe. C’est un tournant. A nous citoyens, de ne pas
nous tromper de choix. Les partis conservateurs se sont lourdement
discrédités... C'est vrai, mais ce n'est pas là une raison de jeter
l'Europe avec l'eau du bain...
Les forces eurosceptiques se trompent par anticipation, tant leurs
prescriptions sont aberrantes, leur programme économique souvent, voire
toujours pensé en dépit du bon sens, et finalement devenu un grave
tissu d’inepties au regard des nécessités actuelles des européens et du
monde dans lequel ils seront amenés à vivre. Se désunir, dissocier nos
forces au moment de devoir lutter encore davantage pour défendre nos
valeurs, c’est là suicidaire. C'est une pure folie que de vouloir
affaiblir, voire de détruire, les seuls outils qui peuvent nous sauver
! Qu’est ce que les nationalismes ont produit pour l’Europe ? La
Guerre, le suicide effectif du continent. Ces politiques de
rabougrissement symbolique sont un danger caractérisé pour notre
prospérité et plus encore pour la stabilité du continent. Ces milices
hargneuses qui défilent au pas de l’oie ou entendent faire régner un
ordre parallèle dans les couloirs du métro de Lille sont nostalgiques
des pires valeurs que ce continent ait jamais portées. Elles ne
manqueraient pas de dégénérer au grand dam de ceux qui pensaient y
recourir comme à un moyen bien pratique d’exprimer à la fois colère et
frustration. Le résultat serait pire encore, car ces valeurs sont
dangereuses pour la démocratie, bien davantage que les quelques
manquements que l’Union doit et est en train de résoudre. La meilleure
manière de corriger l'Europe, c'est d'y prendre une part active, une
part constructive. Nous sommes hypnotisés par les écrans par la parole
péremptoire des politiques extrémistes qui expriment plus nettement
apparemment les idées de ceux qu’ils bernent par des arguments purement
démagogiques, basés sur une fausse interprétation des valeurs positives
de ce continent. Ils cachent en réalité, comme le faisaient Franco,
Mussolini, ou Hitler, dont ils évoquent ouvertement la mémore, des
intentions bien pires à l’heure où nous revoyons fleurir l’inadmissible
: des milices d’autodéfense qui ressemblent étrangement aux SA des
nazis qui paradaient dans les années 30 au cœur des villes d’Allemagne…
La seule véritable alternative, ce sont les partis progressistes qu’ils
soient socialistes — mais si ! — radicaux de gauche, écologiques ou de
la gauche de la gauche, progressistes du centre ou libéraux au bon sens
du terme. Tous apportent au débat de véritables arguments et sont en
mesure de porter les politiques à même de résoudre les problématiques
qui nous tiennent parce qu’ils sont prioritairement tournés vers les
hommes et les femmes de notre temps, afin de résoudre leurs
problématiques. L’ultra-libéralisme a fait la démonstration de son
inanité. Il faut rendre aux citoyens les instruments qui leur
permettront de retrouver une maîtrise véritable de leur vie et les
valeurs sociales, environnementales, qu’ils portent sont les véritables
pistes à suivre comme autant de jalons de ce futur auquel nous
cherchons à accéder. L’Europe porte en elle sa propre renaissance, que
nous appelons le Renouveau, parce qu’il correspond à la période de
refonte de notre ordre symbolique et effectuer ce pas de géant, c’est
s’éloigner de la zone de danger pour des décennies, voire des siècles.
C'est créer les conditions d'une indépendance alimentaire, énergétique,
numérique. C'est solutionner les problèmes démocratiques, sociaux,
culturels, politiques, humains, de santé, de logement, de transports,
d'énergie, et ceteræ. Nous méritons en tant que génération pivot,
destinée à faire ce saut civilisationnel, d’entrer dans ce nouvel age
qui nous permettra de négocier avec succès un tournant extrêmement
périlleux de notre histoire.
17 Mai 2014
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