Juin
2014

L'actualité du Mois - Supplément à l'Edito

Surtout ne Rien Comprendre ?
Par
Gilles Marchand




L’absence de réponse de la part des forces de gauche serait une terrible méprise…


L’heure est grave. On ne résout pas une crise sans en changer de façon profonde les fondamentaux. Or beaucoup d’analystes notent la volonté de stabilité qui s’exprime. Si elle est nécessaire, et même souhaitable, elle ne doit pas oblitérer la nécessité de rénover dans sa totalité la structure politique sous-jacente du pays. Si l’électrochoc politique d’hier ne servait à rien, ce serait grave. Il faut absolument répondre point par point, que change l’attitude et les pratiques des hommes politiques, organiser autrement la conduite des partis politiques, les modalités de l’action publique. 



Les jours et les semaines qui viennent auront une importance fondamentale. Il faut que les hommes politiques fassent enfin de la politique, dans le sens originel du terme. Il faut répondre aux problématiques qui s’expriment, les promesses paraissant être insuffisamment respectées, malgré la relative complétude des programmes électoraux établis lors du scrutin présidentiel. Les réflexes et les querelles politiciennes écœurent les téléspectateurs et les français sont vent-debout contre la manière dont intervient la vie politique dans l’organisation du pays. La professionnalisation politique, en dépit du fait qu’elle renforce les compétences des élus, éloigne les citoyens des enjeux qui passionnent les politiques, et donc elle établit une coupure, un fossé, un quasi-gouffre entre eux et les « vrais gens ».



Outre le fait que ce jusqu’au boutisme, cette surenchère politique aboutit à une escalade dans le sens du pire, la surdité se maintient : elle vient accentuer le tendances en cours. Ce midi, l’UMP montrait qu’elle n’avait pas bien compris le message qui lui était adressé en confondant la nature du rejet, ne comprenant pas que le divorce est plus profond, qu’il concerne la pratique politique elle même, parlant de refondation, mais sur des bases quasi-identiques, pour l’instant.



Côté PS : il y a le feu dans la maison mais déjà des voix s’élèvent pour appeler à une forme de dissidence, une refonte des partis de gauche. Cela va dans le bon sens, mais cette orientation, interne au parti ne fait pas encore la part à un renouvellement effectif, même partiel, des instances, des pratiques et des structures en direction de la société dans son ensemble. Incapables de sortir de la logique qui s’est installée, les élites politiques approfondissent la crise. Elles la structure et elles consolident involontairement le pas qui vent d’être franchi en l’avalisant d’une certaine façon par leur absence de réaction. A l’heure où je rédige cette tribune, le président de la république s’apprête à parler au pays. Souhaitons qu’il ait pris la mesure des enjeux qui se jouent et qu’il délivre une parole forte, à la hauteur de la situation.



Je me suis déjà exprimé quant aux solutions que nous devons opposer au front national. Elles ne sont pas dans la dérobade. Elles sont, au contraire, dans le courage et l’abnégation, la prise en compte véritable des soucis que rencontrent les français. Nous sommes bien entendu, censés résoudre les problématiques économiques et  financières, mais cela ne peu se faire au détriment d’un peuple fait de millions d’individualités auquel il faut apporter des réponses individuelles, avant même d’envisager des solutions collectives, englobantes mais lointaines. L’agenda est pour l’instant celui du FN, dans la mesure où celui-ci impose ses thématiques.



Mais traiter des problèmes réels qui se posent transformera les thèmes d’actualité,  dans le sens d’une résolution vertueuse de ceux-ci. Même si une réponse au sentiment qui domine sur l’immigration doit être résolu par une véritable politique migratoire au plan français et européen, visible est sans équivoque. La France doit bénéficier du meilleur des apports extérieurs, c’est une des conditions essentielles de son évolution vers un horizon plus prospère. Mais il faut que la politique se préoccupe aussi du sentiment et de l’état d’esprit qui prédomine, en lui donnant des raisons de se réjouir de l’action qui est conduite. A savoir favoriser les parcours personnels dans le sens de la facilitation de ceux-ci. Beaucoup reste à faire dans ce domaine.



Mais évoquer un déficit de pédagogie est une erreur profonde. Les français sont bien informés. Ils ne sont pas naïfs, et encore moins des enfants qu’il faudrait instruire du haut de nos savantes hauteurs intellectuelles. Ils savent qu’elle est la situation. Il ne faut pas leur mentir. Ce devoir de transparence et de vérité est un de nos premiers devoirs. Il s’agit que les associer aux processus décisionnels, de faire évoluer leur point de vue sur la politique, en leur présentant, dans la mesure du possible, le dos des cartes. Nous avons affaire à des adultes, éduqués et informés, pas à une population hypnotisée ou décérébrée. Elle mérite le meilleur. Le meilleur d’une action publique irréprochable et, même exemplaire. Les hommes politiques nous ont trop souvent habitués à des comportements hors normes, à la limite de la déviance et de l’irrespect patent des règles. La classe politique s’illustre par les affaires qu’inlassablement, elle produit. Les luttes politiciennes ont aussi et directement abouti à cela. Ce sont principalement les électeurs de gauche qui ne s’y retrouvent pas, même si ceux de droite sont également échaudés par les scandales effarants qui ont émaillé l’actualité.

Il s’agit que les politiques se régentent, où ils seront collectivement balayés. Chaque parti doit en effet faire le ménage symbolique dans son camps et au delà. Les brebis galeuses doivent être découragées d’exercer des fonctions électives dans la mesure où elles remettent dangereusement en cause les équilibres généraux.



Il faut qu’une éthique nouvelle se fasse jour, ou ce sera le chaos. Or, c’est absolument inadmissible. Dès lors il faudra faire évoluer toutes les pratiques politiques afin de ne pas entériner le séisme qui vient de se produire, comme si c’était un événement normal de notre vie démocratique. Les partis doivent changer. Et ce n’est pas seulement une question européenne. C’est un problème national. Il doit être traité comme tel. Comme une question centrale. Impossible à éluder. Une stricte nécessité. Le désamour est cruel, mais il est logique et légitime. Dès lors, le moins que puisse faire la classe politique : c’est un Mea Culpa. Se remettre en cause publiquement pour prendre un nouveau départ. La nature xénophobe du FN n’est pas le principal sujet même si il est grave. Le principal sujet, c’est la moralisation de la vie publique et la prise en compte des besoins réels du pays. Il faut redonner ses lettres de noblesse à la politique, mais pour cela elle va devoir faire preuve d’une immense humilité…

26 Mai 2014

Placez un signet sur cette page qui dresse un tableau mensuel inédit de l'actualité...

Retour au sommaire

  INFORMATIONS SANS FRONTIERES • contact
Paris
France
Europe
UniversitÈs
Infos
Contact