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Reboot France
Par Gilles Marchand
La
France a besoin d’un immense sursaut collectif adossé à un véritable
grand dessein national afin de se projeter avec succès dans l’avenir.
Partout
où l’on se rend dans le pays en s’éloignant des grands axes de
circulation et des autoroutes, les fissures qui lézardent l’édifice
national apparaissent clairement, et c’est un vrai crève-cœur de
constater le hiatus qui s’est peu à peu installé. Il y a deux France et
comme l'indique un article du Figaro signé Stéphane Kovacs qui décrit
la lente décrépitude qui touche la belle ville de Joigny dans l’Yonne,
cet exemple est symptomatique de bien des petites et moyennes
agglomérations. On y voit une France qui, d’une manière générale,
réussit et une France qui se sent flouée, reléguée de manière visible,
aux franges d’une société qui se délite. Il y a une douleur sociale,
une sombre forme de difficulté financière, une lente désintégration
physique et morale, une perte des services publics, la fermeture
d’écoles et de magasins. La maire constate tristement que l’on ne fait
plus que mourir dans la ville.
Nous ne pouvons accepter de laisser ces personnes sans aide, sans secours, sans assistance véritable.
Elles ne doivent pas être fatalement inscrites dans les revers de
fortune qu’elles subissent. C’est là une chose absolument inadmissible,
d’autant plus qu’il existe des solutions pour inverser cet état de
faits. Nous ne pouvons laisser insensiblement se creuser une telle
fracture au sein de notre pays. Des disparités qui nous intiment
l’ordre absolu de relever nos manches et de nous battre. Nous ne sommes
pas condamnés à une forme d’austérité et à une sévérité budgétaire
absolue.
Il y a une forme de soutien budgétaire, y compris européen, qui doit
permettre comme le recommande le président de la BCE, Mario Draghi, des
investissements publics massifs susceptibles de relancer la machine. Il
faut en réalité faire beaucoup plus. Il s’agit de créer un électrochoc
économique à travers la création d’un véritable budget européen et d’un
meilleur soutien de la BCE aux états nationaux. Il ne faut pas
s’interdire le recours aux eurobonds d’investissement et à une TVA
européenne en déduction des TVA nationales. Ce surcroix d’injections
financières dans le tissu social européen permettra d’envisager de
conduire une véritable politique économique si celle-ci est inspirée et
résolument moderne, adaptée aux enjeux actuels des révolutions
simultanées que nous connaissons.
Il s’agit que 110 milliards d’euros soient destinés à de vrais
investissements dans la recherche et le développement de l’économie
numérique. Créer également les conditions d’une mise en ligne valorisée
de toute les ressources scientifiques et de la recherche, elles mêmes
réoxygénées comme autant de secteurs-clefs, comme un vivier qui
permettra un accès des entrepreneurs aux meilleures technologies
nanométriques, biologiques génétiques, médicales, énergétiques.
Redéfinir la formation professionnelle à destination des chômeurs à qui
des passerelles devront être aménagées pour qu’ils bénéficient du
meilleur des compétences les plus actuelles.
Parallèlement, il s’agit de moderniser le pays. Son bâti, ses
ressources, ses méthodes de construction, ses liens avec les ressources
numériques. La cartographie numérique permettra de dresser des
répliques 3D du pays qui permettront d’en administrer plus facilement
les arcanes. Elle s’adosseront à un grand plan de meilleure maitrise du
territoire, notamment pour atténuer les conséquences des épisodes
climatiques exceptionnels, en redessinant notamment les couloirs
naturels d’évacuation des eaux, en gérant plus finement les ressources
aquatiques et l’administration des terres.
Il faut faire de ce pays le jardin qu’il peut redevenir… Administrer
sans relâche chacune de ses composantes afin d’en faire la plate-forme
mondiale de la francophonie qu’il sera encore davantage à l’avenir. La
superpuissance moderne qu’il est appelé à devenir en liaison avec une
Europe qui doit négocier également sa propre décentralisation
régionale.
Pour cela il faut que les zones rurales qui ont connu un fort exode
depuis plus d’un siècle, retrouvent des populations jeunes et motivées.
Il ne faut pas hésiter à faire jouer une forme d’immigration choisie
afin de repeupler ces régions sinistrées. Le pays peut devenir à
l’horizon 2050-2100 une puissance de 150 à 200 millions d’habitants.
C’est son intérêt de reconstruire des maisons de pierres qui ne
nécessitent pas de restauration extravagante, mais qui peuvent très
vite redevenir des habitations confortables, et même luxueuses, avec
des connexions haut débit qui les relieraient en permanence avec les
centres d’activité économique. Créer les champions énergétiques,
industriels, informationnels en réseaux dont nous avons besoin.
La France est un grand pays qui mérite mieux que le sort que lui
réserve son destin actuel et les affres auxquelles elle est confrontée.
La providence d’une vision inspirée doit se manifester à nouveau pour
faire advenir une nation dynamique et rassérénée, ayant négocié avec
succès sa transition énergétique et développé une économie fortement
décarbonée. Courage et énergie peuvent durablement nous sortir de
l’ornière. Un grand dessein national, européen et mondial doit être se
défini afin de faire accoucher le futur auquel nous aspirons tous. Il
s’agit que soit adossé à une véritable politique maritime en liaison
avec l’immensité du domaine sous marin qu’elle gère. Cet atout doit
nous permettre de relancer nos extractions de terres rares afin
d’éviter des pénuries mondiales en la matière. Il faut abandonner notre
scepticisme et notre propension à la résignation, cette vision
décliniste qui nous mine, et se remettre à rêver à notre échelle qui
est celle d’un grand peuple qui peut apporter au monde nombre de
solutions. Il ne faut pas s’interdire une forme d’utopie, une capacité
de projection dans l’avenir, sachant que nous vivons une Renaissance
moderne, Le Renouveau, the Renewal à l’échelle du monde, dans laquelle
nous sommes nécessairement inscrits.
Nous irons alors vers une forme de classicisme symbolique que nous
connaissons bien en France puisque nous sommes le pays qui avait initié
le néo-classicisme et surtout les « Lumières ». Quand cette
perspective sera claire dans tous les esprits, l’espoir renaitra
naturellement, et le génie propre de notre peuple pourra encore
davantage se manifester en Europe et dans le monde.
Confiant dans sa légitimité et dans son avenir, il reprendra les rênes
de sa vie et de ses destins individuels, enfin revigorés, et retrouvant
des conditions d’existence admirables et exemplaires..
14 Septembre 2014
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