Déc.
2014

L'actualité du Mois



La Réinvention de la France
Par
Gilles Marchand


Nous sommes arrivés à un épuisement du modèle français qui nous commande une profonde refondation du pays.

Nous faisons tous aujourd’hui le même constat.

Si elle continue sur sa lancée sans rien y changer, la France ira au devant de catastrophes graves. La montée d’un sentiment de dégout face aux pratiques politiques passées a fait le lit des forces du repli identitaire, avec à la clef, et pour le coup, un véritable risque de sortie de l’histoire, et de déchéance avérée. Une disgrace programmée pour un pays qui perdrait définitivement toute espèce de crédibilité mondiale. Une colère sourde gagne les esprits et doit être combattue avec les outils intellectuels appropriés, et surtout avec un véritable projet de civilisation, la préparation d’une nouvelle phase historique pour un pays qui a besoin d’une conception profondément renouvelée de la politique. Les français ne se contenteront pas de quelques propositions nouvelles, ni d’une mise en valeur de leur identité nationale, ni de la perspective d’une aventure aléatoire. Or, les résultats des européennes du 25 mai 2014, ont quasiment été entérinées par les grands partis qui ont alors affirmé qu’ils ne voulaient rien changer à leurs pratiques. Une dangereuse inertie qui a fini par déboucher sur une prise de conscience générale.

L’aspiration au changement est devenue réelle, qu’elle soit volontaire ou non, et le souhait de transformer les noms des principaux partis traduit bien cette nécessité telle que finalement comprise par tous. Mais ripoliner des doutes et changer des enseignes ne suffira pas. Il nous faut définir une approche qui redistribue les fondamentaux du pays en profondeur. Il faut faire un saut conceptuel radical qui fasse évoluer la société dans son ensemble afin qu’elle puisse passer un cap organisationnel nouveau, autour de fondamentaux positifs et solides. Sa vision, ses valeurs et sa capacité à faire montre de volonté dans le contexte mondial doivent être très largement réinventées. Trois données qui doivent être présentes dans une telle refondation. Nous avons résolument besoin d’entrer dans l’ère nouvelle qui est en gestation, un chapitre inédit de notre histoire qui doit être ouvert et écrit.



Le conservatisme des appareils politiques doit être bousculé pour échapper au conventionnel lénifiant qui a trop longtemps émaillé la vie politique française. La société doit être vivifiée. Et pour cela elle doit redistribuer les cartes pour faire exploser les blocages qui l’entravent. Les élites asphyxient à l’heure actuelle une construction qu’elles ne contribuent plus à renouveler. Associer la société civile d’une manière beaucoup plus large est essentiel. Du pouvoir pour chacun et à tous les niveaux doit responsabiliser les citoyens de ce corps social réinventé. Nous avons des modes décisionnels inadaptés et un fonctionnement sociétal qui est depuis longtemps passé à autre chose. Faire coïncider ces deux réalités est essentiel pour faire repartir le pays. Nos valeurs sont nombreuses et elles doivent avant tout s’organiser autour de la valorisation de l’humain. La mise en avant des libertés individuelles doit en être le principe essentiel, notamment en matière économique. Une modernisation profonde de la totalité des domaines d’activité doit être menée pour tirer le bénéfice de la mondialisation. Nous avons des atouts essentiels qui ne sont pas mis en valeur. Nous avons un potentiel énorme qui demande à être mis en forme. Une grande chance pour des habitants qui doivent à présent s’organiser pour en tirer le meilleur parti. Notre jeunesse attend de nous des opportunités, la capacité de vivre une vie meilleure, de rêver et de trouver ce dont elle a besoin. Travail, santé, logement, éducation doivent redevenir des éléments accessibles qui conduisent à une forme de satisfaction accrue des nécessités éprouvées par ses acteurs. Comment retrouver les voies de la croissance et du progrès ? Il faut avant tout se dégager des corsets idéologiques qui étranglent la pensée de ceux dont c’est le métier de réfléchir à l’avenir. Réunir des hommes et des femmes qui cherchent la même chose, un renouveau profond du pays, sans se focaliser exagérément sur leur origine politique. Ce qui compte, c’est l’ouverture d’esprit et la volonté de réussite.  Il faut ranger les autres dans des formes de représentations traditionnelles autour des idées autoritaires, pyramidales, verticales qui sont les leurs et développer pour nous mêmes des formes de représentation ouvertes, démocratiques, actuelles, modernes, horizontales, et en réseaux.



Des outils nouveaux ne suffiront pas. Il faut un dessein national qui soit à la hauteur de la profondeur historique à laquelle nous sommes confrontés. Penser tous les sujets de manière systémique pour faire évoluer positivement des problématiques qui sont beaucoup plus larges. Le pacte de la gauche et du peuple est brisé et doit être reconstruit autour d’une vision cohérente et profondément progressiste. Un renouveau de la social-démocratie est dans la balance et doit être mené comme une des nécessités impérieuses de ces temps. La victoire conceptuelle — actuelle — des néolibéraux pose un véritable problème d’accroissement général des inégalités, malgré l’avènement d’une middle-class mondiale, qui laisse les pays développés dans une situation de plus grand désarroi qui paradoxalement défavorise les partis de gauche. Le clivage gauche-droite à vécu. Ce qui se joue aujourd’hui est d’une importance fondamentale. Il faut réenchanter la politique autour de valeurs nouvelles qui établiront une scission différente du champs politique. Il faut redonner du pouvoir à chacun, pouvoir de maitriser de sa vie, pouvoir de la gagner et de vivre pleinement son destin individuel. Une société réinervée doit naitre qui sera en mesure de produire un volant d’entrainement tel que la masse critique ainsi atteinte permettra au pays d’atteindre une immense prospérité. La confiance doit revenir. Pour cela l’exemplarité doit elle aussi renaitre. Quitter la crise morale et psychologique actuelle dans laquelle nous avons trop longtemps baigné. Nous entrerons alors dans la modernité civilisationelle nouvelle qui doit être celle de la France des siècles à venir. Réinvention d’un pays qui doit permettre à d’autres démocraties de se réinventer elles mêmes. Nous sommes les acteurs de notre destin. Nous sommes les capitaines de nos esprits. Il nous faut présent rejoindre ce nouvel age d’or pour éloigner durablement les dangers qui nous menaçaient hier et nous menacent encore aujourd’hui. 

24 Octobre 2014

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