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La Réinvention de la
France
Par Gilles Marchand
Nous sommes arrivés à un épuisement du modèle
français qui nous commande une profonde refondation du pays.
Nous faisons tous
aujourd’hui le
même constat.
Si elle continue sur sa lancée sans rien y changer, la France ira au
devant de catastrophes graves. La montée d’un sentiment de dégout face
aux pratiques politiques passées a fait le lit des forces du repli
identitaire, avec à la clef, et pour le coup, un véritable risque de
sortie de l’histoire, et de déchéance avérée. Une disgrace programmée
pour un pays qui perdrait définitivement toute espèce de crédibilité
mondiale. Une colère sourde gagne les esprits et doit être combattue
avec les outils intellectuels appropriés, et surtout avec un véritable
projet de civilisation, la préparation d’une nouvelle phase historique
pour un pays qui a besoin d’une conception profondément renouvelée de
la politique. Les français ne se contenteront pas de quelques
propositions nouvelles, ni d’une mise en valeur de leur identité
nationale, ni de la perspective d’une aventure aléatoire. Or, les
résultats des européennes du 25 mai 2014, ont quasiment été entérinées
par les grands partis qui ont alors affirmé qu’ils ne voulaient rien
changer à leurs pratiques. Une dangereuse inertie qui a fini par
déboucher sur une prise de conscience générale.
L’aspiration au changement est devenue réelle, qu’elle soit volontaire
ou non, et le souhait de transformer les noms des principaux partis
traduit bien cette nécessité telle que finalement comprise par tous.
Mais ripoliner des doutes et changer des enseignes ne suffira pas. Il
nous faut définir une approche qui redistribue les fondamentaux du pays
en profondeur. Il faut faire un saut conceptuel radical qui fasse
évoluer la société dans son ensemble afin qu’elle puisse passer un cap
organisationnel nouveau, autour de fondamentaux positifs et solides. Sa
vision, ses valeurs et sa capacité à faire montre de volonté dans le
contexte mondial doivent être très largement réinventées. Trois données
qui doivent être présentes dans une telle refondation. Nous avons
résolument besoin d’entrer dans l’ère nouvelle qui est en gestation, un
chapitre inédit de notre histoire qui doit être ouvert et écrit.
Le conservatisme des appareils politiques doit être bousculé pour
échapper au conventionnel lénifiant qui a trop longtemps émaillé la vie
politique française. La société doit être vivifiée. Et pour cela elle
doit redistribuer les cartes pour faire exploser les blocages qui
l’entravent. Les élites asphyxient à l’heure actuelle une construction
qu’elles ne contribuent plus à renouveler. Associer la société civile
d’une manière beaucoup plus large est essentiel. Du pouvoir pour chacun
et à tous les niveaux doit responsabiliser les citoyens de ce corps
social réinventé. Nous avons des modes décisionnels inadaptés et un
fonctionnement sociétal qui est depuis longtemps passé à autre chose.
Faire coïncider ces deux réalités est essentiel pour faire repartir le
pays. Nos valeurs sont nombreuses et elles doivent avant tout
s’organiser autour de la valorisation de l’humain. La mise en avant des
libertés individuelles doit en être le principe essentiel, notamment en
matière économique. Une modernisation profonde de la totalité des
domaines d’activité doit être menée pour tirer le bénéfice de la
mondialisation. Nous avons des atouts essentiels qui ne sont pas mis en
valeur. Nous avons un potentiel énorme qui demande à être mis en forme.
Une grande chance pour des habitants qui doivent à présent s’organiser
pour en tirer le meilleur parti. Notre jeunesse attend de nous des
opportunités, la capacité de vivre une vie meilleure, de rêver et de
trouver ce dont elle a besoin. Travail, santé, logement, éducation
doivent redevenir des éléments accessibles qui conduisent à une forme
de satisfaction accrue des nécessités éprouvées par ses acteurs.
Comment retrouver les voies de la croissance et du progrès ? Il faut
avant tout se dégager des corsets idéologiques qui étranglent la pensée
de ceux dont c’est le métier de réfléchir à l’avenir. Réunir des hommes
et des femmes qui cherchent la même chose, un renouveau profond du
pays, sans se focaliser exagérément sur leur origine politique. Ce qui
compte, c’est l’ouverture d’esprit et la volonté de réussite. Il
faut ranger les autres dans des formes de représentations
traditionnelles autour des idées autoritaires, pyramidales, verticales
qui sont les leurs et développer pour nous mêmes des formes de
représentation ouvertes, démocratiques, actuelles, modernes,
horizontales, et en réseaux.
Des outils nouveaux ne suffiront pas. Il faut un dessein national qui
soit à la hauteur de la profondeur historique à laquelle nous sommes
confrontés. Penser tous les sujets de manière systémique pour faire
évoluer positivement des problématiques qui sont beaucoup plus larges.
Le pacte de la gauche et du peuple est brisé et doit être reconstruit
autour d’une vision cohérente et profondément progressiste. Un
renouveau de la social-démocratie est dans la balance et doit être mené
comme une des nécessités impérieuses de ces temps. La victoire
conceptuelle — actuelle — des néolibéraux pose un véritable
problème d’accroissement général des inégalités, malgré l’avènement
d’une middle-class mondiale, qui laisse les pays développés dans une
situation de plus grand désarroi qui paradoxalement défavorise les
partis de gauche. Le clivage gauche-droite à vécu. Ce qui se joue
aujourd’hui est d’une importance fondamentale. Il faut réenchanter la
politique autour de valeurs nouvelles qui établiront une scission
différente du champs politique. Il faut redonner du pouvoir à chacun,
pouvoir de maitriser de sa vie, pouvoir de la gagner et de vivre
pleinement son destin individuel. Une société réinervée doit naitre qui
sera en mesure de produire un volant d’entrainement tel que la masse
critique ainsi atteinte permettra au pays d’atteindre une immense
prospérité. La confiance doit revenir. Pour cela l’exemplarité doit
elle aussi renaitre. Quitter la crise morale et psychologique actuelle
dans laquelle nous avons trop longtemps baigné. Nous entrerons alors
dans la modernité civilisationelle nouvelle qui doit être celle de la
France des siècles à venir. Réinvention d’un pays qui doit permettre à
d’autres démocraties de se réinventer elles mêmes. Nous sommes les
acteurs de notre destin. Nous sommes les capitaines de nos esprits. Il
nous faut présent rejoindre ce nouvel age d’or pour éloigner
durablement les dangers qui nous menaçaient hier et nous menacent
encore aujourd’hui.
24 Octobre 2014
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