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Les Solutions sont en Vous
Par Gilles Marchand
En
matière d’énergie comme de transition écologique, notamment, certains
experts européens souffrent d’une lecture souvent exagérement idéaliste
face aux enjeux que le continent doit résoudre. Il dispose,
heureusement, de ressources insoupçonnées qui peuvent l’aider à se
prémunir de ces écueils !
Loin
de nous l’idée de sombrer dans les visions déclinistes qui si souvent
nous assaillent et encore moins dans le french-bashing si peu
clairvoyant et que, d’une certaine manière, l’électrochoc qu’ont été
les attentats de Charlie, et la réponse digne, clairvoyante et grave
que le pays leur a apporté, ont heureusement contribué à faire taire.
Mais ne pas porter secours à un groupe ou une foule qui fait fausse
route au risque de se noyer serait une forme de non assistance à
personnes en danger.
Or, pendant que le monde évolue à une vitesse toujours accrue les
européens semblent devoir interminablement se bercer d’illusions
dangereuses. La France et l’Europe ont — au moins — une révolution de
retard ! Une façon d’aborder les problématiques ambiantes clairement
contre-productive. Alors qu’un aspirant dictateur presse aux frontières
d’un continent dont son pays fait incidemment partie et avec lequel il
faudrait qu’il ait des relations plus normales, une lecture beaucoup
plus volontariste de ce qui vient de se produire aurait du intervenir.
Nous nous gargarisons parce que nous pensons avoir apporté une réponse
à ce problème à Munich et à Minsk. La logique de la paix est
nécessairement la plus souhaitable, mais nous ne devons pas pour autant
oublier les leçons de l’histoire et ne pas se fier aux déclarations
sans une garantie solide et la possibilité réelle de recourir à la
force, si nécessaire. Nous assistions il y a deux jours à une
conférence filmée de Jorge Semprun, dont les paroles résonnent
étrangement dans ce contexte. Le grand européen qu’était Semprun dit
très simplement, et avec une totale bienveillance, que le pacifisme
béât c’est parfois la guerre. Daladier se lamentait d’être acclamé à
son retour de Munich et Franco, du fait de notre non intervention après
Guernica, a régné en maître de l’Espagne pendant quarante ans. L’Europe
doit accueillir cette décision avec circonspection, gravité et volonté
de mettre à l’épreuve des faits les résolutions qui ont été prises. La
réponse russe doit être à la hauteur de sa responsabilité. Nous voulons
des actes, des gestes irréfutables de bonne volonté et un calendrier de
normalisation de la situation. Le véritable pouvoir consiste à disposer
d’une capacité de violence, mais de ne pas avoir à s’en servir. De ne
pas être pareils, disait Shakespeare, à ce qui en nous est le plus
visible. Seule manière d’être maîtres de notre visage, ajoutait le
dramaturge anglais.
Mais, loin d’être affaiblie, l’unité européenne doit sortir renforcée
de cette situation. Mais il n’y a aucun blanc-seing donné au delà du
nécessaire respect des différents acteurs du conflit. Trop de vies ont
été perdues et un tel spectacle, pourrait à lui seul donner aux princes
de la terre l’amour de la paix disait Napoléon à l’issue de la bataille
d’Eylau. Résoudre ces questions a nécessairement soudé le couple
franco-allemand. C’est une bonne nouvelle car elle augure de décisions
communes à venir, notamment dans le domaine de la transition
énergétique.
Pourtant, on constate à écouter les principaux dirigeants et analystes
européens, pas nécessairement les chefs d’état ou de gouvernement, que
les conceptions qui sont énoncées pêchent par une trop grande
méconnaissance de certains éléments de la situation. Utiles et
raisonnables, les discussions franco-allemandes sont riches
d’enseignements mais elles manquent parfois cruellement d’une
connaissance plus approfondie des sujets énergétiques. On est peiné de
ne pas entendre ou presque parler d’hydrogène. Pas suffisamment. Quand
Jeremy Rifkin était venu à Paris il y a quelques années, je lui avais
posé la question de savoir comment créer une Europe de l’énergie,
question à laquelle il avait très gentiment répondu. Je n’oublierai
jamais la réponse visionnaire qu’il fit, disant que les capacités de
financement des banques allemandes, son savoir-faire technologique, et
le génie français en matière de recherche et développement pouvaient
s’associer pour créer un champion de l’énergie, notamment dans le
domaine de l’hydrogène. Analyse à laquelle nous ajoutons que que le
quadrilatère électricité-eau-solaire-hydrogène est une des principales
solution de l’avenir. Un rendement en pourcentage de l’infini, c’est
toujours l’infini. La capacité énergétique du soleil est immense car
une seule heure d’ensoleillement si nous savions la capturer, équivaut
à un an de consommation énergétique mondiale.
Nous avons donc de la marge. A quoi il faut ajouter qu’un litre d’eau
contient à lui seul 118 grammes d’hydrogène et que chaque étendue
aquatique est en fait le substitut d’un champs de pétrole !
La formule E=Mc2 a gouverné le 20ème siècle. H2O = O2 + 4H est le graal
absolue du siècle qui s’ouvre. La capacité que nous avons de fracturer
une molécule d’eau en oxygène, un résidu qui est d’ailleurs pas
négligeable à terme, et en hydrogène convertible en énergie dans une
pile à combustible, est un miracle de la nature. Nous disposons donc un
pont technologique entre les deux bouts de la chaîne énergétique. C’est
une nouvelle et une information majeure car elle va transformer le
monde. Je regrette simplement que ces sujets ne soient pas suffisamment
été abordés. Lobbying des groupes pétroliers ou de l’industrie
nucléaire ou simplement méconnaissance des décideurs, nous sommes
malheureusement à la traine dans de nombreux domaines et le pire est
que nous ne nous en rendons même pas compte. Par bonheur de nombreux
élus contreviennent à cette vision conformiste et avancent sur ces
sujets en créant les outils locaux de cette transition de type
troisième révolution industrielle, c’est le cas dans le Nord et en
Normandie notamment.
Nous regrettons également, qu’ailleurs, dans la méconnaissance
générale, ou presque, un boom économique sans précédent a actuellement
lieu dans le solaire aux Etats-Unis. Les capacités d’investissement
américaines se développent et pendant que l’on stigmatise dans les
thinks tanks européens le rôle soit-disant insignifiant du marché dans
le financement de la transition énergétique, des entreprises privées
américaines inventent aujourd’hui un business model radicalement
nouveau et dont le succès est plus que fabuleux. Quel est donc cette
idée géniale que n’ont pas pour l’instant les européens ? C’est la
gratuité de l’installation tout simplement. Comment parvient-on à un
résultat aussi stupéfiant ? Les entreprises récupèrent les subventions
d’état destinées à aider l’installation de tels systèmes et elle
procèdent à un partage. 20% des revenus de la revente de l’électricité
au réseau vont au propriétaire et 20% vont à ces sociétés. Le reste va
au financement du matériel. Et le tour est joué. Le solaire se répand à
une vitesse phénoménale. Et le boom a lieu, en bonne et due forme.
Méconnaitre le rôle essentiel du secteur privé est parfois un des
défauts des plus brillants esprits. Le problème est que les européens,
trop souvent, se préparent résolument, psychologiquement, à perdre. Or,
il est pas question de voir les choses sous cet angle là. Il faut que
nous extirpions le fossiles mentaux qui nous encombrent. A savoir une
propension à la défaite et au repli identitaire qu’il faut absolument
que nous retournions en volonté de développement et en capacité de
gagner. Il nous faut bâtir de toutes pièces une propension au succès.
A
l’heure où des experts peuvent sans que personne n’éclate de rire
parler de désidérabilité des aspects contraignants et volontiers
régressifs de certaines « technologies » écologiques, où on
nous parle de retour à la bougie et de plaisir de pédaler sous la
pluie, les autres continents se remettent à rêver. Ils conçoivent des
voitures excitantes, non polluantes mais puissantes, des véhicules dont
le design ne souffrent d’aucune limitation conceptuelle du moment que
le modèle est environnementalement neutre. Rien n’empêche les européens
de faire de même. Nous sommes même en pointe sur ces sujets pour
certains de nos constructeurs comme Peugeot ou BMW. Nous devons
inventer des objets ambitieux. Rêver à nouveau. Avoir une vie à la
hauteur de nos potentiels réels. Nous avons intérieurisé certaines
notions. Celle de la rareté est réelle, mais elle ne doit pas aboutir à
des limitations idéelles. Nous devons inventer un modèle écologique qui
ne soit pas une négation des progrès humains. Je pense sincèrement que
c’est possible. Inventer des technologies véritablement propres qui
augurent de la civilisation nouvelle qui se profile. Agir de manière
respectueuse de l’environnement ne doit pas nous empêcher de penser et
de rêver notre futur. Certaines technologies — comme le web 3D
— vont pouvoir contribuer à répondre à ces problématiques. Donner
au genre humain de l’espace et du temps. Comprendre les problématiques
des temps nouveaux afin d’y répondre. Nous avons à faire montre d’une
grande vigilance et présence d’esprit face aux enjeux qui secouent
notre monde. L’heure est aussi à la communication. Rien de ce qui
se produit ne s’efface véritablement. La planète sur laquelle nous
vivons, tous différents mais issus d’une seule et même espèce,
l’humanité, est une immense chambre d’enregistrement. La somme des
problèmes créés et celle des problèmes résolus ne s’équilibrent jamais
tout à fait. Mais il en va de notre valeur comme de notre conscience.
On n’outrepasse pas les lois humaines fondamentales sans en subir les
conséquences. La mémoire des hommes est pleine des fantômes d’hommes
qui se sont discrédité à tout jamais. C’est seulement de notre vivant
que l’on peut faire montre de l’exemplarité des grands hommes — qui
sont le plus souvent bienveillants, facilitateurs et créateurs —
et que nous avons une chance de modifier les choses et de construire
durablement l’avenir. Tout va bien, vous êtes en vie…
13 Février 2015
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