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De la planète comme terre de rattachement
Par Gilles Marchand
Comme
l’écrivait Paul Jorion, récemment, un extraterrestre écrira-t-il un
jour, en parlant de nous, qu’une espèce s’était retrouvée confrontée à
son extinction, qu’elle en fut pleinement consciente mais se découvrit
tragiquement mal outillée pour faire face à une telle échéance, ses
dirigeants considérant que le défi pharaonique dressé devant elle ne
pouvait être relevé qu’en envisageant la question d’un point de vue
« purement commercial », nous enferrant ainsi dans
l’autodestruction ?
Il
faut résolument s’éloigner de cette hypothèse et retrouver en toutes
choses d’environnement une volonté de faire advenir une vision qui
s’appuie sur des valeurs humaines réelles. Puisque nos modes de
fonctionnement actuels à l’évidence dysfonctionnent, ce n’est qu’au
prix d’une transformation intellectuelle et morale radicale que nous
réussirons à intégrer les ferments salvateurs qui pourront nous faire
sortir de l’ornière anthropologique dans laquelle nous sommes en train
de nous enferrer. Il ne s’agit bien entendu pas de faire advenir un
ordre moral autoritaire mais bien de responsabiliser tous ceux qui
vivent sur cette planète afin qu’ils agissent enfin dans le sens de
leur survie à long terme et de la régénération des éléments qui leur
permettront de meilleures conditions d’existence. L’homme, chasseur et
cueilleur de son milieu, doit devenir agriculteur de ses lieux de vie
d’une manière intelligente et interconnectée que nous permettent
aujourd’hui les réseaux. La technologie n’est pas la seule réponse à ce
qui nous affecte mais elle en est un des aspects essentiels. Un
faisceau de solutions indispensable à résoudre les grands chantiers qui
sont désormais ouverts. Nous devons imaginer les outils intellectuels
et techniques destinés à sauver l’humanité et la biodiversité dans son
ensemble. Il va de soi que les espèces animales courent de grands
dangers et que la réduction de leur milieu leur impose des restrictions
qui limitent leur expansion, voire les amène à une extinction plus ou
moins programmée devant laquelle nous devrions nous mobiliser
immédiatement. Sortir du confort des préjugés, des certitudes
assoupissantes, des croyances erronées, des superstitions dangereuses
est aussi nécessaire que de respirer.
Il en va de notre capacité à survivre.
La décarbonisation des activités productives n’est pas une utopie :
elle est la promesse d’un horizon prospère basé sur une économie d’un
type nouveau. Une arrière-plan d’opportunités bien réelles qui doit
nous inciter à relever le défis de la construction d’une nouvelle
civilisation, le Renouveau, The Renewal, destinée à nous faire
résolument entrer dans une modernité d’un genre tout à fait inédit et
bien plus sophistiquée, à côté de laquelle notre monde nous paraitra
retrospectivement barbare et inadapté. Il faudra des décennies pour
accomplir totalement ce geste essentiel, et le compléter mais cet
effort et les étapes qui le jalonneront seront passionnantes et
fécondes. Concernant la biodiversité, notre projet de banque génétique
animale nous parait être une nécessité absolue. Il sera possible de
sauver l’intégralité du vivant grâce à des prélèvements infimes. Il est
temps que les biotechnologies servent aussi à sauver des espèces.
Concernant l’énergie : nous avons la chance d’arriver à un siècle de
maitrise de l’énergie solaire et de l’hydrogène qui doit nous permettre
de faire circuler énergie électrique et réserves de stockage d’énergie
dans les deux sens de la chaine d’alimentation, nous laissant une
immense latitude en matière de dépense d’énergétique. Ce saut
technologique est aussi indispensable que le passage du blé et de
l’avoine au charbon ou au pétrole. Il va modifier en profondeur les
tenants de notre civilisation essentiellement basée sur les énergies
fossiles. Nous avons besoin qu’émergent des hommes et des femmes, des
leaders capables d’avoir intégré toutes ces données et de les
distribuer pour permettre aux sociétés civiles de s’affirmer et de
s’organiser en gérant mieux les extrémités des chaines
décisionnelles.
Vouloir un monde meilleur n’est pas une utopie : c’est un devoir moral…
Une aspiration vers laquelle nous devons tous tendre et qui a toujours
été un moteur de dépassement pour nos ancêtres. Faire en sorte que les
besoins du très grand nombre soient respectés et assouvis dans la
mesure et le respect des possibilités ambiantes est une nécessité qui
n’est pas hors de notre portée. Et rien, jamais, ne pourra nous
empêcher d’imaginer des manières de créer du temps et de l’espace pour
les hommes qui viendront après nous. Il faut pour cela concrétiser et
faire descendre dans la société les savoirs que nous sommes en train de
mettre au point. C’est un processus dynamique qui laisse à un très
grand nombre d’acteurs des possibilités très ouvertes de s’intégrer
dans la mécanique générale de l’univers. Il s’agit donc d’imaginer un
éventails de disparités qui soient moins criantes et réduire les
inégalités dans un sens qui soit à la fois basé sur de haut standard et
soutenable à long terme. Il ne doit pas y avoir d’exclusive. Juste des
modes de vie nouveaux qui permettent une plus grande satisfaction des
besoins économiques avec une prédation sur l’environnement réduite, des
modes de production biologiques et circulaires, des individus qui ne
soient non plus considérés comme des consommateurs mais comme de
véritables éco-acteurs.
Une philosophie de vie nouvelle doit émerger qui fasse une place plus
grande à la prise en compte consciente de l’autre pour développer des
méthodes d’entraides internationales et de respect mutuel des grands
régions planétaires qui aboutissent à une véritable paix universelle à
l’intérieur et à l’extérieur de ces ensembles. Il ne doit pas y avoir
de région défavorisée, comme c’est encore trop souvent le cas en
Afrique, mais que des pays ayant accès à toutes les valeurs de
civilisation sur un plan de quasi-égalité juridique et politique.
L’accès à l’égalité est un principe du droit qui doit se répandre dans
le monde comme un puissant facteur de progrès. Il ne peut se départir
d’une souveraine aspiration à la liberté qui soit respectueuse de son
milieu et de ceux qui le peuplent et de son corollaire, la Fraternité,
principe sans lequel, le vivre ensemble global ne serait pas garanti de
la même manière. Nous devons évoluer humainement jusqu’à permettre à
tous de connaître une forme de développement plus élevé, et plus
consenti. Accédant ainsi à ce progrès d’un type nouveau, ils seraient
le meilleurs garants et ambassadeurs de modes de vie harmonieux à
l’échelle des continents. A l’aune de cette philosophie de vie basée
sur le respect de tous, les religions seraient elle-mêmes mieux
comprises et documentées sur le plan historique et sociologique, afin
de devenir des éléments d’un vivre ensemble revivifié qui agissent
comme une superstructure permettant une forme de tolérance plus grande
et plus respectueuse de tous.
11 Juin 2015
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