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Le Sursaut ou le Chaos
Par Gilles Marchand
Alors
qu’il y a péril en la demeure, les logiques politiciennes n’ont plus
cours. Seul un sursaut républicain peut sauver le pays d’une descente
aux enfers.
Quelque
chose de terrible s’est produit. Nous vivons un moment historique d’une
gravité sans équivalent. Une lente contamination des esprits a abouti à
ce que Marat, l’Ami du peuple dénonçait, à savoir une manipulation du
sentiment d’abandon et de relegation que ressentent beaucoup de nos
compatriotes par des politiciens extrémistes qui leur tendent des
solutions simplistes et inefficaces : « Tu te laisseras donc toujours
duper, peuple babillard et stupide. Tu ne comprendras jamais qu’il faut
te défier de ceux qui te flattent. » Une dramatique accentuation des
tendances constatées depuis des années. Or, s’il y un groupe qui joue
actuellement sur les difficultés et les appréhensions ambiantes, c’est
bien l’extrême droite. L’agitation fait à présent place à une
utilisation éhontée de valeurs rétrogrades pour lesquelles les français
qui souffrent semblent prêts à transiger, s’ils imaginent progresser
dans le domaine social et national, à savoir de l’exclusion vis-à-vis
de ceux qu’ils rejettent actuellement et un meilleur statut social. Or,
les solutions du FN, pour le coup déconnectées des réalités et
économiquement impraticables, leur font courir un danger bien réel
d’accentuation des difficultés sociales rencontrées. Une mystification
qui peut entraîner des conséquences encore plus critiques pour cette
frange de la population.
Ils croient aller vers un mieux, il se dirigent résolument vers le pire
et cela est terrible pour tous ceux qui n’ont pas oublié les
leçons de l’histoire.
C’est le constat : on y est. On se trouve au pied du mur et de notre
attitude à tous dépendra la capacité du pays de se remettre, ou pas, de
ce traumatisme. On peut nier l’évidence, elle ne va pas non plus
disparaitre sans que ceux qui nous dirigent ne fassent preuve d’une
vraie honnêteté et se montrent à la hauteur de la situation. Il y a
nécessité d’aller mieux. Nécessité de faire autrement. Nous sommes
placés face à l’impératif absolu de sauver notre pays de la division et
de la haine et pour cela il est nécessaire que les politiques se
montrent à la hauteur des enjeux. Mais certains de ceux-ci se montrent
en dessous des nécessités nouvelles et focalisant exagérément sur des
considérations personnelles, produisent une non-pensée dangereuse
incapable de solutionner les problématiques ambiantes.
Il faut aller vers ceux qui ne transigeront pas sur les valeurs même au
risque de mettre leur carrière en cause. Il est indispensable pour tous
les vrais républicains de s’unir et de faire barrage aux tenants de la
division. Peu importe les destins personnels, il y aura d’autres temps
pour cela, mais ce qui compte en l’occurrence, c’est la capacité de
faire refluer le cancer qui s’est emparé du pays. Il faut agir. On peut
guérir de tout, mais il faut pour cela une énergie et une détermination
sans faille. Il est aussi nécessaire de proposer des solutions qui
fonctionnent réellement que d’infirmer enfin des arguments qui, en
définitive, ne tiennent pas la route. Enjamber les détestations et les
déceptions pour peu à peu faire émerger les meilleurs qui amèneront de
l’adhésion et la satisfaction des déçus de l’action publique.
De cette nouvelle vision naitra une nouvelle articulation politique.
L’ancienne présentait beaucoup de défauts qui l'empêchaient d'être
réellement opérante. Or la société fonctionne déjà autrement.
L’ancienne dichotomie se scindera entre une vision paternaliste,
manichéenne, patriarcale, verticale, autocentrée, autoritaire, lente,
analogique, organisée autour du verbe et de la lettre, souvent
insuffisamment respectueuse des individus qu'elle ne parvient pas à
prendre en compte sur une base individuelle et une autre, en avance sur
les politiques, qui tend, au contraire, à être participative, en
réseaux, intelligente, horizontale, égalitaire, rapide, civile,
numérique, vivant autour de l'image et du son, du logo et du symbole,
respectueuse de la valeur de chacun. Celle-ci a intégré les
ordinateurs, les tablettes et les smart-phones comme des éléments
constitutifs de sa grammaire propre. Cette émergence a bel et bien lieu
dans un contexte d'adversité et de résistances exagérées, mais elle
s’affirme chaque jour un peu plus.
On assiste d’une part au même partage de recettes éculées quant aux
meilleures méthodes qui permettraient de créer des emplois sur une base
large et une croissance vigoureuse. Or nous en avons éteint la plupart
des moteurs. Il s'agit à présent de peu à peu ré-oxygéner le corps
social pour en faire fourmiller l'énergie, en faisant en sorte que les
processus décisionnels redescendent dans la société et l'irriguent à
tous les étages de ses activités. Chacun doit devenir le principal
acteur de son destin individuel. Reprendre sa vie en main. Accéder à
ses potentiels. Et si l’action publique est défaillante, la société
civile devra s’y substituer et assumer la charge de renouveler ce monde
tel qu’il va. Si les politiques ne réalisent pas la gravité de la
situation, il faut refuser de subir les conséquences de leur inaction,
ou pire, de leur mauvaises décisions et les mettre à l’écart du jeu,
sans faire de place pour autant aux extrèmistes dont les mauvaises
solutions doivent être combattues comme telles.
Soit nous irons à terme vers une dislocation des structures
particulièrement dommageable à l'ensemble de la communauté nationale,
ce qui est inacceptable. Des dérèglements qui bénéficieraient à tous
ceux qui font profession d'exploiter les tiraillements actuels. Soit
nous décidons de faire partie d'un long processus de maturation
économique, politique et culturel qui doit faire appel à l'Histoire
tant économique que scientifique car celle-ci nous tend des
explications pertinentes et nous donne des capacités de renouvellement
dont nous sommes capables à une échelle élargie. Il faut quitter
l'absurde absolu auquel nous risquons d'assister si nous ne jugulons
pas les huit crises simultanées auxquelles nous sommes confrontés.
Crise financière, crise monétaire, crise économique, crise politique,
crise sociale, crise culturelle, crise énergétique, crise
environnementale. Dans chacun de ces domaines une analyse des réalités
et forces en présence, doit nécessairement, à l'aune des nouveaux
outils intellectuels qui nous viennent, permettre de trouver des
solutions nouvelles opérantes et effectives. D'abord savoir que tous
ces bouleversements ne sont que les symptômes de cette charnière
symbolique dans laquelle communiquent deux périodes organisationnelles
dont la nouvelle issue de l'ancienne absorbe le meilleur sans vouloir
reprendre le pire. Elles influencent nécessairement tous les domaines
qui en dépendent et produisent le paysage de relative désolation
actuel. A chacun de ces défis ses corollaires propres et ses grilles de
décodage. Chacun sera traité dans l'essai qui suit dans une conjonction
de thèmes croisés et grâce à une analyse systémique déterminante dans
le contexte exagérément éclaté des traitements médiatiques.
A toutes ces crises s'opposent les ferments du Renouveau. Une réponse
en matière financière, monétaire, budgétaire, politique, économique,
sociale, européenne, internationale qui vient résoudre les sujets en
suspend dans tous les domaines afférents : Santé, Logement, Travail,
Education, Culture, Industrie, Innovation, Tourisme, Environnement,
Energie, etc. voient tous les éléments de leurs problématiques se
résorber face à une nouvelle vision et nouvel élan donné au Pays. Ce
nouvel horizon nous voit arrimer deux civilisations entre elles pour
les faire coopérer en des milliards de points, les représentants d'une
génération en activité, renouvelant une société qui connaissait depuis
longtemps les tiraillements caractéristiques de changements symboliques
en profondeur.
La nouvelle économie doit être pensée dans cette perspective. L'humain
assisté par la machine et non l'inverse. Partout l'utilisation à
outrance de nos excroissances numériques produisent une nouvelle
culture et un nouveau rapport au monde. Dans ce contexte, la production
d'une véritable pensée, charpentée et opérante, relève d'un défi humain
de tout premier ordre. Il ne s'agit pas de voler le feu des dieux afin
d'en transmettre l'usage aux hommes, ce n'est pas le rôle premier de
l'analyste des choses, mais plutôt de lire et comprendre le monde afin
de mieux le faire évoluer et d'y prendre sa place au milieu des autres.
L'Histoire nous intime l'ordre de nous réinventer et de trouver un
modus vivendi pour chacun des types d'interaction sociétale que nous
serons en mesure de développer. Il faut lire cette injonction comme une
chance bien réelle de prolonger toutes les valeurs de civilisation que
nous portons et d'offrir à nos enfants et aux générations qui suivront
un monde meilleur que celui que nous aurions trouvé en arrivant.
Quand nous aurons accompli ce saut conceptuel, placé cet étalon dans
notre champ de représentation symbolique, alors l'invention majeure
qu'est le numérique deviendra ce qu'elle est appelée à devenir : un
formidable tremplin pour la créativité ainsi qu'un puissant facteur de
richesse économique. Une fois sa puissance de distorsion démystifiée et
qualifiée, intégrée et comprise, déclinée et incorporée dans — presque
— tous les champs de l'action humaine, elle sera enfin le
formidable outil de Renouveau et de libération destiné à ouvrir à nos
côtés le millénaire.
7 Décembre 2015
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