Déc.
2015

L'actualité du Mois



Le Sursaut ou le Chaos
Par
Gilles Marchand


Alors qu’il y a péril en la demeure, les logiques politiciennes n’ont plus cours. Seul un sursaut républicain peut sauver le pays d’une descente aux enfers.

Quelque chose de terrible s’est produit. Nous vivons un moment historique d’une gravité sans équivalent. Une lente contamination des esprits a abouti à ce que Marat, l’Ami du peuple dénonçait, à savoir une manipulation du sentiment d’abandon et de relegation que ressentent beaucoup de nos compatriotes par des politiciens extrémistes qui leur tendent des solutions simplistes et inefficaces : « Tu te laisseras donc toujours duper, peuple babillard et stupide. Tu ne comprendras jamais qu’il faut te défier de ceux qui te flattent. » Une dramatique accentuation des tendances constatées depuis des années. Or, s’il y un groupe qui joue actuellement sur les difficultés et les appréhensions ambiantes, c’est bien l’extrême droite. L’agitation fait à présent place à une utilisation éhontée de valeurs rétrogrades pour lesquelles les français qui souffrent semblent prêts à transiger, s’ils imaginent progresser dans le domaine social et national, à savoir de l’exclusion vis-à-vis de ceux qu’ils rejettent actuellement et un meilleur statut social. Or, les solutions du FN, pour le coup déconnectées des réalités et économiquement impraticables, leur font courir un danger bien réel d’accentuation des difficultés sociales rencontrées. Une mystification qui peut entraîner des conséquences encore plus critiques pour cette frange de la population.

Ils croient aller vers un mieux, il se dirigent résolument vers le pire et cela est  terrible pour tous ceux qui n’ont pas oublié les leçons de l’histoire.

C’est le constat : on y est. On se trouve au pied du mur et de notre attitude à tous dépendra la capacité du pays de se remettre, ou pas, de ce traumatisme. On peut nier l’évidence, elle ne va pas non plus disparaitre sans que ceux qui nous dirigent ne fassent preuve d’une vraie honnêteté et se montrent à la hauteur de la situation. Il y a nécessité d’aller mieux. Nécessité de faire autrement. Nous sommes placés face à l’impératif absolu de sauver notre pays de la division et de la haine et pour cela il est nécessaire que les politiques se montrent à la hauteur des enjeux. Mais certains de ceux-ci se montrent en dessous des nécessités nouvelles et focalisant exagérément sur des considérations personnelles, produisent une non-pensée dangereuse incapable de solutionner les problématiques ambiantes.



Il faut aller vers ceux qui ne transigeront pas sur les valeurs même au risque de mettre leur carrière en cause. Il est indispensable pour tous les vrais républicains de s’unir et de faire barrage aux tenants de la division. Peu importe les destins personnels, il y aura d’autres temps pour cela, mais ce qui compte en l’occurrence, c’est la capacité de faire refluer le cancer qui s’est emparé du pays. Il faut agir. On peut guérir de tout, mais il faut pour cela une énergie et une détermination sans faille. Il est aussi nécessaire de proposer des solutions qui fonctionnent réellement que d’infirmer enfin des arguments qui, en définitive, ne tiennent pas la route. Enjamber les détestations et les déceptions pour peu à peu faire émerger les meilleurs qui amèneront de l’adhésion et la satisfaction des déçus de l’action publique.

De cette nouvelle vision naitra une nouvelle articulation politique. L’ancienne présentait beaucoup de défauts qui l'empêchaient d'être réellement opérante. Or la société fonctionne déjà autrement. L’ancienne dichotomie se scindera entre une vision paternaliste, manichéenne, patriarcale, verticale, autocentrée, autoritaire, lente, analogique, organisée autour du verbe et de la lettre, souvent insuffisamment respectueuse des individus qu'elle ne parvient pas à prendre en compte sur une base individuelle et une autre, en avance sur les politiques, qui tend, au contraire, à être participative, en réseaux, intelligente, horizontale, égalitaire, rapide, civile, numérique, vivant autour de l'image et du son, du logo et du symbole, respectueuse de la valeur de chacun. Celle-ci a intégré les ordinateurs, les tablettes et les smart-phones comme des éléments constitutifs de sa grammaire propre. Cette émergence a bel et bien lieu dans un contexte d'adversité et de résistances exagérées, mais elle s’affirme chaque jour un peu plus.

On assiste d’une part au même partage de recettes éculées quant aux meilleures méthodes qui permettraient de créer des emplois sur une base large et une croissance vigoureuse. Or nous en avons éteint la plupart des moteurs. Il s'agit à présent de peu à peu ré-oxygéner le corps social pour en faire fourmiller l'énergie, en faisant en sorte que les processus décisionnels redescendent dans la société et l'irriguent à tous les étages de ses activités. Chacun doit devenir le principal acteur de son destin individuel. Reprendre sa vie en main. Accéder à ses potentiels. Et si l’action publique est défaillante, la société civile devra s’y substituer et assumer la charge de renouveler ce monde tel qu’il va. Si les politiques ne réalisent pas la gravité de la situation, il faut refuser de subir les conséquences de leur inaction, ou pire, de leur mauvaises décisions et les mettre à l’écart du jeu, sans faire de place pour autant aux extrèmistes dont les mauvaises solutions doivent être combattues comme telles.



Soit nous irons à terme vers une dislocation des structures particulièrement dommageable à l'ensemble de la communauté nationale, ce qui est inacceptable. Des dérèglements qui bénéficieraient à tous ceux qui font profession d'exploiter les tiraillements actuels. Soit nous décidons de faire partie d'un long processus de maturation économique, politique et culturel qui doit faire appel à l'Histoire tant économique que scientifique car celle-ci nous tend des explications pertinentes et nous donne des capacités de renouvellement dont nous sommes capables à une échelle élargie. Il faut quitter l'absurde absolu auquel nous risquons d'assister si nous ne jugulons pas les huit crises simultanées auxquelles nous sommes confrontés.

Crise financière, crise monétaire, crise économique, crise politique, crise sociale, crise culturelle, crise énergétique, crise environnementale. Dans chacun de ces domaines une analyse des réalités et forces en présence, doit nécessairement, à l'aune des nouveaux outils intellectuels qui nous viennent, permettre de trouver des solutions nouvelles opérantes et effectives. D'abord savoir que tous ces bouleversements ne sont que les symptômes de cette charnière symbolique dans laquelle communiquent deux périodes organisationnelles dont la nouvelle issue de l'ancienne absorbe le meilleur sans vouloir reprendre le pire. Elles influencent nécessairement tous les domaines qui en dépendent et produisent le paysage de relative désolation actuel. A chacun de ces défis ses corollaires propres et ses grilles de décodage. Chacun sera traité dans l'essai qui suit dans une conjonction de thèmes croisés et grâce à une analyse systémique déterminante dans le contexte exagérément éclaté des traitements médiatiques.

A toutes ces crises s'opposent les ferments du Renouveau. Une réponse en matière financière, monétaire, budgétaire, politique, économique, sociale, européenne, internationale qui vient résoudre les sujets en suspend dans tous les domaines afférents : Santé, Logement, Travail, Education, Culture, Industrie, Innovation, Tourisme, Environnement, Energie, etc. voient tous les éléments de leurs problématiques se résorber face à une nouvelle vision et nouvel élan donné au Pays. Ce nouvel horizon nous voit arrimer deux civilisations entre elles pour les faire coopérer en des milliards de points, les représentants d'une génération en activité, renouvelant une société qui connaissait depuis longtemps les tiraillements caractéristiques de changements symboliques en profondeur.



La nouvelle économie doit être pensée dans cette perspective. L'humain assisté par la machine et non l'inverse. Partout l'utilisation à outrance de nos excroissances numériques produisent une nouvelle culture et un nouveau rapport au monde. Dans ce contexte, la production d'une véritable pensée, charpentée et opérante, relève d'un défi humain de tout premier ordre. Il ne s'agit pas de voler le feu des dieux afin d'en transmettre l'usage aux hommes, ce n'est pas le rôle premier de l'analyste des choses, mais plutôt de lire et comprendre le monde afin de mieux le faire évoluer et d'y prendre sa place au milieu des autres. L'Histoire nous intime l'ordre de nous réinventer et de trouver un modus vivendi pour chacun des types d'interaction sociétale que nous serons en mesure de développer. Il faut lire cette injonction comme une chance bien réelle de prolonger toutes les valeurs de civilisation que nous portons et d'offrir à nos enfants et aux générations qui suivront un monde meilleur que celui que nous aurions trouvé en arrivant.

Quand nous aurons accompli ce saut conceptuel, placé cet étalon dans notre champ de représentation symbolique, alors l'invention majeure qu'est le numérique deviendra ce qu'elle est appelée à devenir : un formidable tremplin pour la créativité ainsi qu'un puissant facteur de richesse économique. Une fois sa puissance de distorsion démystifiée et qualifiée, intégrée et comprise, déclinée et incorporée dans — presque — tous les champs de l'action humaine, elle sera enfin le formidable outil de Renouveau et de libération destiné à ouvrir à nos côtés le millénaire.


7 Décembre 2015

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