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Solutions pour une Europe en Danger
Par Gilles Marchand
Actuellement
confrontée à plusieurs problématiques géantes, l’Europe manque de
leadership et elle tarde à prendre les décisions décisives qui
s’imposent. Absence de vision qui demande de la part de sa société
civile et de ses décideurs un surcroît de vigilance et de clairvoyance.
Jamais
l’Europe n’aura connu dans son histoire récente un tel état d’urgence.
Menacée de toutes parts, elle doit faire face à des dangers multiples
et à une situation d’une nature nouvelle. Ce qui est vrai à l’échelle
du monde, des bouleversements inédits qui affectent toute
l’articulation d’un ordre symbolique aux prises avec une redéfinition
majeure du monde, l’est encore davantage ici en Europe et très
cruellement, à l’heure où des attentats violents frappent la capitale
belge.
Ce qui est visé, ce n’est pas simplement Bruxelles, c’est toute
l’Europe. Il est temps que ses décideurs réalisent que l’absence de
vision collective et de prise de décision en commun est un dangereux
contresens historique qui menace l’intégrité de l’union européenne dans
son ensemble mais chaque pays pris individuellement qui se croit à
l’abri dans un isolement d’autant plus néfaste qu’il le prive d’une
échelle supérieure de résolution de ses problématiques. Les politiques
menées à hue et à dia par un nombre grandissant de dirigeants européens
sont particulièrement contre-productives puisqu’elles ne font
qu’accentuer des difficultés qui, laissées en souffrance, ne font
que s’amplifier face à l’absence de volonté conjointe et elles
empêchent des résolutions qui prises au début seraient plus aisées et
plus efficaces.
C’était déjà le cas dans le cas de la crise de l’Euro, où les
déclarations tonitruantes de Deauville en 2010, où l’absence de
mutualisation des dettes et surtout l’interdiction faite à la BCE de
prêter en dernier ressort aux états ont failli remettre en cause les
fondamentaux d’une construction monétaire encore inachevée. Cela l’a
été face à la Grèce, où une réponse tardive à dangereusement menacé les
équilibres internes d’un pays quasiment lâché dans un premier temps par
ses partenaires naturels. C’est à nouveau le cas dans la crise
migratoire qui a part liée avec celle du terrorisme et du rôle
diplomatique que l’Europe n’a pas suffisamment assumé en Syrie. Là où
elle aurait du peser de tout son poids pour juguler une crise, elle n’a
fait que se désengager dans un attentisme qui n’a fait qu’envenimer les
choses et nous récoltons les fruits amers de ces positionnements
hasardeux à la fois en terme de migrations et en terme de terrorisme
(et il faut à ce titre inclure la politique trop frileuse de l’Europe
vis-à-vis du développement de l’Afrique).
C’est cette constante absence de consensus intra-européen et de
leadership véritable qui a démultiplié les problèmes et a fait que des
situations encore parfaitement gérables au départ deviennent à ce point
larvées qu’elles paraissent aujourd’hui insolubles. Ce n’est pas là une
fatalité. Mais la commune compréhension d’une nécessité vitale de
s’accorder autour de décisions fortes et perceptives presse plus que
jamais. Nous manquons de Vision, de Volonté et de Valeurs. Beaucoup
d’hommes et de femmes ont travaillé à résoudre ces problématiques, mais
un certain nombre de décisions ont fait disparaitre au sein des
organigrammes, les politiques par eux pilotées. Il faut que revienne le
temps de l’inspiration et de l’expérience. Il faut aujourd’hui une
forme de créativité politique pour juguler les crises qui nous
arrivent. Sans angélisme ou naïveté, une meilleure attitude doit guider
des leaders européens, issus d’une nouvelle génération, plus soucieux
de faire jouer la puissance collective d’un continent qui a tous les
atouts pour résister aux chocs nouveaux qui l’assaillent.
Nous sommes effectivement confrontés à une volonté hostile de la part
d’un certain nombre d’acteurs, mais nous avons beaucoup d’alliés. Tous
ceux qui luttent pour la liberté et contre l’obscurité de crédos d’un
autre âge, pour l’éducation, la science et le progrès, c’est à dire
l’ensemble du monde libre. Ce n’est pas d’une confrontation armée que
viendra la solution. Mais bien d’une victoire idéelle, car nos valeurs
si elles nécessitent parfois des ajustements pour établir une dynamique
plus équitable de l’action internationale, sont infiniment plus
humaines que celles de nos ennemis proférés. Nous avons pour nous le
corpus réel de valeurs européennes qui ont cours partout dans la mesure
où elles restent largement universelles, si nous nous donnons
effectivement la peine de revenir puiser à leur source. Nous ne sommes
plus seuls dans l’univers et c’est une bonne nouvelle. Les relations
d’interdépendance n’en seront que plus fructueuses.
Il faudra nourrir le projet européen des notions les plus modernes et
les plus adaptées à la nouvelle articulation du monde que nous
rencontrons. Des règles politiques nouvelles, la fin d’un certain
clientélisme qui doit se translater davantage en direction d’un intérêt
général véritable et d’une transparence accrue. Les citoyens sont
aujourd’hui dotés d’outils nouveaux qui leur permettent de mieux
connaitre ces scandales sanitaires ou autres, et la nécessaire
édification d’une cohésion politique générale, intime aux politiques
l’ordre de faire coïncider leurs paroles et leurs actes. D’où l’état de
déliquescence politique des pays européens confrontés à des populismes
dangereux dont l’histoire et la littérature nous enseignent très
clairement où ils peuvent mener. Il y a une redéfinition à trouver. Un
projet à réinventer. Sans table rase, mais devant le délabrement de
l’édifice, il nous faut revenir aux fondamentaux pour assainir les
fondations. Tout n’est pas à réinventer mais beaucoup doit être
corrigé. Partout la parole énoncée doit être en accord avec la pensée
et l’action. D’une sincérité et d’un honnêteté nouvelle naitra une
exemplarité aujourd’hui indispensable. C’est une part essentielle
du Renouveau. C’est un des aspects primordiaux de la relance d’une
Europe menacée de l’extérieur comme de l’intérieur.
Pour changer le monde, il faut se changer soi-même…
22 Mars 2016
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