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L’Aveuglement
Par Gilles Marchand
En
marge de tous les discours légitimes sur l’environnement, il faut
aujourd’hui dénoncer l’inaction et l’extraordinaire — et encore plus
surprenante — cécité du genre humain face au danger grandissant des
dégâts qu’il cause à la seule planète qu’il ait à sa soit-disant
disposition, et au vivant.
Le
constat est triste et révoltant. L’Homme est malheureusement assis sur
une branche qu’il passe son temps à consciemment scier. Il a oublié un
robinet de sa gigantesque baignoire et elle va déborder détruisant son
grand appartement stellaire. Or, sa bonne conscience en fait le plus
appliqué des pollueurs, le plus déterminé des déverseurs de déchets
dans les océans. Son « je m’en foutisme » semble l’exonèrer
de la réflexion minimale qui pourrait pourtant le sauver. Le plus grave
est là : C’est cela, une incroyable candeur qui veut qu’il continue à
collectivement détruire son milieu sans se poser les questions
liminaires qui devraient provoquer un sursaut, son réveil face aux
problématiques climatiques.
Or des solutions existent, mais nous trainons des pieds pour les
appliquer. Conduire des voitures à essences et des engins à énergies
fossiles est comme de fumer dans une pièce confinée, comme de boucaner
dans la salle d’attente d’un médecin. Il est grave de constater que
nous n’accélèrons pas davantage sur les véhicules électriques et les
voitures hybrides ou à hydrogène autant que nous le devrions. Le
chauffage urbain devrait être repensé de fond en combles. Passer aux
énergies décarbonées devrait être une priorité urgente. Les transports
y gagneraient en modernité et en puissance. Or, il faut voir le travail
de lobbying des représentants des énergies fossiles pour essayer
d’invalider le recours aux renouvelables. Pourtant, la logique est là
et elle est à l’œuvre. Le solaire et l’éolien sont moins chers que le
charbon, que le gaz naturel et bientôt que le nucléaire et que les
énergies fossiles adossées sur le pétrole. Combien de coups médiatiques
pour éteindre les velléités de la filière hydrogène ? Combien de
tentatives pour invalider ses possibilités pourtant bien réelles ?
Et pourtant elle arrive peu à peu à surmonter tous les obstacles qui
ont été mis sur sa route. Il y a sur cette planète des gens dont le
principal but est l’inscription de zéros supplémentaires sur des
listings financiers, et qui au nom d’une logique mercantile,
strictement économique, mettent un point d’honneur à agir contre
l’intérêt du genre humain et des espèces vivantes sur l’espèce de
vaisseau spatial où nous nous trouvons. Ils n’ont cure des drames qui
se jouent parce qu’ils peuvent pour l’instant s’y soustraire. Le pire
est qu’ils reprochent à ceux qui voient clair leur franchise et leur
prévenance. Il n’est pas question d’empêcher la croissance et
l’économie, mais il est indispensable d’imaginer une autre forme
d’activité, plus respectueuse des contraintes que nous imposent nos
ressources. Certaines choses sont quasi illimitées, comme la quantité
d’oxygène ou d’hydrogène présente dans les mers. Et surtout le génie
humain, l’imagination des entrepreneurs, s’ils tiennent compte des
nouveaux paramètres ambiants.
Il faut parfois dans la vie que des voix s’élèvent et que des esprits
disent non à ce type d’injonctions mortifères. Organiser les pénuries
ne servira en définitive à rien. Il faut rétablir les abondances.
Donner de l’espace et du temps à tous. Sauver la biodiversité en
sanctuarisant des terres et des réserves marines, d’urgence comme c’est
le cas en Corse. Préserver les équilibres et les espèces, autrement que
sur le terrain du strict génie génétique. Garder la maitrise des
populations en encourageant le planning familial et une forme de
contrôle des naissances. La planète n’est pas faite pour accueillir des
milliards d’habitants supplémentaires. Mieux vaut s’organiser plus
intelligemment, en facilitant les naissances mais une natalité
suffisamment contingentée pour respecter les équilibres naturels. Ce
n’est pas du malthusianisme. C’est juste un constat dont on tire les
conséquences. Faire le choix d’une vie plus qualitative que
quantitative. La course à l’explosion exponentielle des populations est
un choix grave. Dangereux. Qui créera des problèmes insurmontables. Il
ne faut bien sûr pas attenter à la vie humaine et il n’est absolument
pas question de la remettre en cause mais bien au contraire de lui
donner les moyens de se maintenir pour une durée étendue de son
histoire. De la manière la plus indolore et la plus inspirée possible.
Nous avons encore notre destin en main. Ne gâchons ces chances qui nous
viennent. Réagissons enfin à la hauteur des crises qui nous viennent.
De nos discours dépend notre réalité à venir. Il s’agit de faire le
nécessaire à temps et de sauver les futures strates humaines qui se
succéderont. Pas simplement un groupe de collègues. C’est la mission
exaltante de notre génération. Ce devrait être le but de tous les
habitants du monde. Notre but actuel et à venir, perpétuellement
renouvelé.
15 Juin 2018
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