Nov.
2018

L'actualité du Mois



La Reunion — et finalement Paris — en état de choc !
Par
Gilles Marchand


L'ile est en état de siège.

Le préfet a ordonné un couvre feu ce qui ne s'était pas produit depuis 1991. Les magasins sont pillés, une grande concession automobile a été brûlée, des pharmacies, des supermarchés, les routes et l'aéroport sont bloqués, les dépôts d'essence coincés, les stations services prises d'assaut, et tous les magasins d'alimentation restants sont fermés. Des manifestants ont menacé les ouvriers du livre des deux principaux journaux pour empêcher leur parution. Le département est à l'arrêt. Des voitures brûlées jonchent les rues ou les ronds points. Quarante ans de politiques imprévoyantes ont porté un coup à cette ile qui compte 140000 chômeurs.



Pourtant la population est éduquée et dispose de talents qui pourraient lui permettre de rayonner dans tout le sud du globe et de l'océan indien. Liaisonnée grâce au haut débit, elle pourrait exporter ses savoirs faire internationaux dans toute la région et au delà. Une Réunion 4.0 pourrait bien tirer son épingle du jeu et offrir beaucoup d'emplois à ses jeunes désœuvrés. Mais les "élites" politiques locales exploitent sans la résoudre une situation qui s'enkystait depuis longtemps. La ministre du travail vient de passer dans l'île et a compris le message. Une course contre le temps s'engage pour faire du département un espace prospère et stable. Le mouvement des gilets jaunes, même si légitime du fait des disparités sociales, a mis le feu aux poudres et pas mal d'huile sur le feu. Nous vivons une situation de crise qui doit très rapidement être ramenée à la normale sous peine, sinon, de voir des drames encore plus graves se produire. Mais nous n'éviterons pas la nécessaire introspection et analyse qui dégagera les réponses à long terme qui résoudront les problème durablement.



Réduire la taxation de l’eau est une piste. La gratuité des transports sous conditions sociales une autre. Il est possible d’investir dans les nouvelles technologies afin d’offrir à la population généralement bien formée des débouchés professionnels dans le monde entier. Il est temps que des mesures ambitieuses qui sans être ruineuses pour la situation financière de l’île, pourraient créer de l’entropie au niveau local et être rentabilisées à moyen terme. Plus que tout, les réunionnais ont besoin de considération et de respect, comme en Métropole. D’une prise en compte réelle de leurs difficultés. Surtout il faut sortir de l’irresponsabilité et de la destruction non positive de l’économie de l’île qui est en cours. Sinon, le sentiment général évoluera et n’évoluera pas positivement pour la Réunion. Le temps joue très clairement en sa défaveur. Il joue contre elle.



Nous assistons médusés ce jeudi à l’aggravation de la situation. Les hôpitaux sont en rupture et les morgues n’assurent plus le service qu’elles rendent en principe. Les hôtels coulent inexorablement sans pouvoir nourrir leurs clients. Les élevages voient leurs animaux mourrir en masse sans pouvoir traiter les cadavres. Il y a un vrai risque sanitaire voire épidémiologique. Chaque soir de nouvelles grandes surfaces sont pillées. On croit vivre un cauchemar éveillé. La Réunion se saborde lentement. Il y a encore pire : comme en 1944 et 1945, dates funestes de l'histoire du département, les silos à sucre sont pleins mais leur cargaison n'est plus acheminée faisant courir un risque de pourrissement. Les buses à sucre des usines vont se cristalliser mettant en danger le fonctionnement à long terme de ces sucreries. Les pouvoirs publics disent ne pas pouvoir discuter sans représentants identifiés. Il semblerait qu'à Paris on ne comprennne pas bien la gravité de la situation. L’armée va intervenir, mais la ministre estime sans doute ne pas devoir revenir si vite. Mais le dialogue est un bien meilleur onguent sur les plaies sociales qui font souffrir les réunionnais. Des deux côtés on enchaîne les erreurs. Bref, c’est hyper problématique. Urgent que la raison prévale, que les barrages soient levés et que les discussions s’entament. C'est toute une économie qui risque de s'éffondrer et ce sont des drames humains qui se profilent. Les barrages doivent être levés le plus vite possible ou les troubles s'aggraveront. L’évêque a parlé d’une conférence territoriale : c’est peut être la solution...

Le dialogue doit maintenant et de manière urgente s’instaurer.



Hélas, La manifestation du samedi 24 novembre sur les Champs Elysées dégénère en direct sous nos yeux... Triste de constater que ce mouvement spontané, nécessaire et légitime est noyauté à Paris par des milices d'extrême droite notamment avec la totale irresponsabilité du RN qui a appelé aux manifestations sur les Champs... Les images calamiteuses s'accumulent. Les médias étrangers s'en donnent à qui mieux mieux. Aujourd'hui, les masquent sont tombés et la dangerosité des militants d'extrême droite apparait au grand jour pour ceux qui avaient oublié les leçons de l'histoire... Elle se discrédite d'une manière absolument rédhibitoire.

21-22-23-24 Novembre 2018

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