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La Reunion — et finalement Paris — en état de choc !
Par Gilles Marchand
L'ile est en état de siège.
Le
préfet a ordonné un couvre feu ce qui ne s'était pas produit depuis
1991. Les magasins sont pillés, une grande concession automobile a été
brûlée, des pharmacies, des supermarchés, les routes et l'aéroport sont
bloqués, les dépôts d'essence coincés, les stations services prises
d'assaut, et tous les magasins d'alimentation restants sont fermés. Des
manifestants ont menacé les ouvriers du livre des deux principaux
journaux pour empêcher leur parution. Le département est à l'arrêt. Des
voitures brûlées jonchent les rues ou les ronds points. Quarante ans de
politiques imprévoyantes ont porté un coup à cette ile qui compte
140000 chômeurs.
Pourtant la population est éduquée et dispose de talents qui pourraient
lui permettre de rayonner dans tout le sud du globe et de l'océan
indien. Liaisonnée grâce au haut débit, elle pourrait exporter ses
savoirs faire internationaux dans toute la région et au delà. Une
Réunion 4.0 pourrait bien tirer son épingle du jeu et offrir beaucoup
d'emplois à ses jeunes désœuvrés. Mais les "élites" politiques locales
exploitent sans la résoudre une situation qui s'enkystait depuis
longtemps. La ministre du travail vient de passer dans l'île et a
compris le message. Une course contre le temps s'engage pour faire du
département un espace prospère et stable. Le mouvement des gilets
jaunes, même si légitime du fait des disparités sociales, a mis le feu
aux poudres et pas mal d'huile sur le feu. Nous vivons une situation de
crise qui doit très rapidement être ramenée à la normale sous peine,
sinon, de voir des drames encore plus graves se produire. Mais nous
n'éviterons pas la nécessaire introspection et analyse qui dégagera les
réponses à long terme qui résoudront les problème durablement.
Réduire
la taxation de l’eau est une piste. La gratuité des transports sous
conditions sociales une autre. Il est possible d’investir dans les
nouvelles technologies afin d’offrir à la population généralement bien
formée des débouchés professionnels dans le monde entier. Il est temps
que des mesures ambitieuses qui sans être ruineuses pour la situation
financière de l’île, pourraient créer de l’entropie au niveau local et
être rentabilisées à moyen terme. Plus que tout, les réunionnais ont
besoin de considération et de respect, comme en Métropole. D’une prise
en compte réelle de leurs difficultés. Surtout il faut sortir de
l’irresponsabilité et de la destruction non positive de l’économie de
l’île qui est en cours. Sinon, le sentiment général évoluera et
n’évoluera pas positivement pour la Réunion. Le temps joue très
clairement en sa défaveur. Il joue contre elle.
Nous assistons médusés ce jeudi à l’aggravation de la situation. Les
hôpitaux sont en rupture et les morgues n’assurent plus le service
qu’elles rendent en principe. Les hôtels coulent inexorablement sans
pouvoir nourrir leurs clients. Les élevages voient leurs animaux
mourrir en masse sans pouvoir traiter les cadavres. Il y a un vrai
risque sanitaire voire épidémiologique. Chaque soir de nouvelles
grandes surfaces sont pillées. On croit vivre un cauchemar éveillé. La
Réunion se saborde lentement. Il y a encore pire : comme en 1944 et
1945, dates funestes de l'histoire du département, les silos à sucre
sont pleins mais leur cargaison n'est plus acheminée faisant courir un
risque de pourrissement. Les buses à sucre des usines vont se
cristalliser mettant en danger le fonctionnement à long terme de ces
sucreries. Les pouvoirs publics disent ne pas pouvoir discuter sans
représentants identifiés. Il semblerait qu'à Paris on ne comprennne pas
bien la gravité de la situation. L’armée va intervenir, mais la
ministre estime sans doute ne pas devoir revenir si vite. Mais le
dialogue est un bien meilleur onguent sur les plaies sociales qui font
souffrir les réunionnais. Des deux côtés on enchaîne les erreurs. Bref,
c’est hyper problématique. Urgent que la raison prévale, que les
barrages soient levés et que les discussions s’entament. C'est toute
une économie qui risque de s'éffondrer et ce sont des drames humains
qui se profilent. Les barrages doivent être levés le plus vite possible
ou les troubles s'aggraveront. L’évêque a parlé d’une conférence
territoriale : c’est peut être la solution...
Le dialogue doit maintenant et de manière urgente s’instaurer.
Hélas, La manifestation du samedi 24 novembre sur les Champs Elysées
dégénère en direct sous nos yeux... Triste de constater que ce
mouvement spontané, nécessaire et légitime est noyauté à Paris par des
milices d'extrême droite notamment avec la totale irresponsabilité du
RN qui a appelé aux manifestations sur les Champs... Les images
calamiteuses s'accumulent. Les médias étrangers s'en donnent à qui
mieux mieux. Aujourd'hui, les masquent sont tombés et la dangerosité
des militants d'extrême droite apparait au grand jour pour ceux qui
avaient oublié les leçons de l'histoire... Elle se discrédite d'une
manière absolument rédhibitoire.
21-22-23-24 Novembre 2018
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