Fév
2019

L'actualité du Mois



La Fin du Monde : Une Fausse Bonne Idée !
Par
Gilles Marchand


Pas un jour sans que les débats environnementaux ne soient littéralement pollués par une nouvelle espèce, les « collapsologues » qui désespèrent notre jeunesse et propagent une idéologie dangereuse.

Notre réflexion sur nous-mêmes augure de ce que nous deviendrons… Or si notre environnement médiatique a toujours été profondément anxiogène, il vient de franchir un nouveau pallier. Segmentées, diffractées, livrées sans contextualisation, sans explication, sans mise en relief, les informations, qui sont avant tout l’étalage morbide de tout ce qui dysfonctionne dans le monde, sont particulièrement déstructurantes pour la pensée, spécialement pour la grande majorité de ceux qui cherchent à échafauder une vision du monde opérante et constructive. La jeunesse.

Or à cette relative irresponsabilité des adultes occupés à saboter toute espèce de résurgence d’un espoir, même minime, vient actuellement s’adjoindre une nouvelle engeance. Les « déclinologues ». Ceux là sont spécialement redoutables pour les jeunes en train de se construire. Ils leur intiment la quasi-injonction de ne plus espérer. Le monde court à sa perte et pas un jour sans que l’on prouve par a + b  que nous sommes face à « la fin du monde ». Sous couvert de lucidité, de réalisme, de conscience scientifique des enjeux, on tire un trait quasi définitif sur la civilisation et les chances qu’elle a de se réinventer.

A cette morale du découragement, de l’abandon en rase campagne, de préparation à la catastrophe, et finalement au nihilisme qui s’exprime, il est indispensable d’opposer une autre attitude, faite de volontarisme, de refus de capituler et finalement d’action. Car si nous nous résignons, nous ferons de notre philosophie de vie une éthique de notre propre disparition, car les perspectives que nous exprimons sont souvent auto-réalisantes. On met donc sur pieds un discours qui nous prépare à la catastrophe, à son avénement, à la fatalité absolue d’une disparition des hommes, une démission humaine inadmissible et catastrophique qui finira insensiblement par devenir notre ordinaire, et nous emprisonner. Notre imaginaire créera le monde dans lequel nous vivrons.

Or si notre milieu est soumis à une tension indéniable et que les espèces subissent la réduction de leur espace vital, que l’homme par l’utilisation des intrants chimiques qu’il fait, empoisonne des environnements sauvages et des zones humides qui régressent, cette irréversibilité de la catastrophe est très loin d’être prouvée.

Ne pas croire en notre capacité à inverser cette logique détruirait notre espérance individuelle, ferait exploser la confiance que nous avons dans le monde, la capacité que nous manifestons à accepter les règles nécessaires, indispensables du vivre ensemble, et minerait notre énergie existentielle. Bref, elle détruirait le consensus social. Ce génie invisible qui habite la cité et permet à la liberté d’y régner. C’est pourquoi cette approche pour irresponsable qu’elle est fondamentalement, est en plus spécialement dangereuse.

C’est une fausse bonne idée de se placer dans cette logique. Troubles et problèmes s’enchaineraient. La bonne attitude est de mobiliser le genre humain autour du projet  réaliste de véritablement sauver la terre pour défaire cette fatalité et lui substituer une providence nouvelle. Agir enfin pour extirper les éléments qui nous détruisent, mener une réflexion mondiale sur la meilleure manière de résoudre les crises environnementales. Pollutions, présence du carbone, surpopulation, acidification des océans, réchauffement climatique toutes ces questions appellent leurs solutions efficaces. Les mode opératoires destinés à les juguler existent déjà.



Nous avons une immense responsabilité en tant que génération. Celle de permettre aux suivantes de vivre bien à l’avenir. Agir est une forme de compétence universelle. Nous le devons à ceux qui ne sont pas en mesure pour l’instant d’interférer sur la situation. Puisque que nous vivons l’anthropocène, et que les hommes ont créé cette situation, c’est aux hommes eux mêmes de résoudre ces questions. Nous n’avons pas à faire à un mouvement irréversible. Nos actions collectives ont une incidence sur l’état à venir de notre milieu. Il est temps de promulguer un nouvel âge de gravité et de responsabilité. Si cette intervention sur le réel n’est pas orchestrée par les politiques, si elle n’est pas suffisamment comprise et intégrée par les investisseurs et les entrepreneurs, ce seront les sociétés civiles et les peuples qui prendront la tête de ce mouvement mondial « Clean up our Planet » que l’on pourrait tout aussi bien appeler « One Planet » pour souligner les liens d’interdépendance qui sont les nôtres face au réchauffement climatique.

Seule cette conscience d’action pourra nous sortir du risque actuel. Pas un effondrement moral et mental. Une volonté intacte d’intervenir positivement à l’échelle du globe. Chaque problématique locale apportera une partie de la solution globale. Cela exige de nous un changement d’attitude face à la consommation et à la production, une philosophie nouvelle visant à faire le bien autant que faire se peut, chaque fois que c’est possible. Face aux choix qui nous viennent, les questions commencent à être tracées sous forme de solutions. Il faut aller dans le sens de ces prises de conscience. Education des filles, prospérité soutenable, planning familial, réduction des émissions, transition énergétique, éco-génération, économie circulaire,  protection des espèces, nous commençons à bien connaitre les leviers qui nous permettront de reprendre la main sur l’évolution de notre monde.



Ces idées se répandent et elles sont positives. Elles exaltent — elles — le génie humain, favorisent les prises de décisions, rendent à tous ceux qui peuvent intervenir et changer les choses les moyens de leurs actions, elles réintroduisent de l’entropie dans un monde qui en a singulièrement besoin et il n’y aura, si nous y travaillons, pas de ligne d’arrivée, pas de point final, juste un horizon pour tous ceux qui veulent vivre dans la bienveillance et la générosité, la confiance que nous devons à nos enfants et à nous-mêmes. Le mouvement perpétuel qui existe bel et bien, celui d’une immense planète à partir de laquelle nous pourrons à nouveau rayonner dans l’univers comme nos lointains ancêtres, les grands découvreurs, les navigateurs, ont pu le faire. Apprenons à ne plus en être les chasseurs et les cueilleurs, mais les agriculteurs, les protecteurs de notre environnement. Laissons renaitre les saisons et se réinstaller la grande harmonie de la nature. L’espoir est notre oxygène. Il doit être inépuisable. Il ne faut jamais priver un enfant de feuilles blanches. Il ne faut jamais priver les humains d’espace et de temps
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5 Février 2019

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