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Mobilisation générale !
Par Gilles Marchand
Nous
sommes collectivement entrés dans une nouvelle ère, l'Anthropocène,
directement impactée par l'Homme. Partout les signes qui nous viennent
sont désormais patents et confirment l'irruption dans nos vies des
phénomènes climatiques. Le climato-scepticisme qui a présidé, à
l'instigation de tous les lobbies, à la croisée de l'écologie et de
l'économie, n'est plus tenable. Une autre attitude est à inventer...
Les choses sont claires…
Ou nous nous laissons mener par des gens dont les objectifs vont
clairement à l'encontre des intérêts de l'humanité, et nous risquons,
comme cela est en train de se produire, de voir les crises empirer et
devenir ingérables. Ou nous réagissons.
Des faits nouveaux se sont produits. Les températures n’ont jamais
atteint au pôles de tels seuils. Les villes de l’hémisphère nord ont
toutes simultanément battu des records de chaleur. Il a fait 42,6°C à
Paris le 24 juillet et pour l’avoir vécu, nous avons ressenti une
impression de chaleur désertique s’abattant sur la capitale française.
Les gens suffoquaient littéralement dans les rues quand ils étaient au
soleil. Partout, les ventes de ventilateurs et de climatiseurs ont
explosé, ce qui a provoqué des peaks de consommation électrique, alors
même que certaines centrales nucléaires étaient disqualifiées pour
fournir cette électricité, du fait de la température des fleuves. Des
incendies géants en Sibérie, en Alaska, en Amazonie, en Afrique
subsaharienne et ailleurs grignotent inexorablement les poumons à
oxygène de la planète. Nous n’avons jamais couru de périls aussi grands
et la réponse des hommes est bien souvent la pire qui soit, accentuant
encore les phénomènes, accélérant le rythme des destructions, par leur
soif irraisonnée de profits, alimentée par des inégalités scandaleuses,
et une pauvreté entretenue par les grandes entreprises planétaires, qui
érodent la richesse économique de vastes bassins de populations, et les
projette dans une incapacité à voir ce qui va se produire tant qu’ils
ne l’auront pas vécu.
Il semblerait que l’humanité, y compris celle qui se pense, qui se
croît consciente, soit hypnotisée et se berce d’illusions dangereuses,
en passant de l’inaction et de l’aveuglement, à la résignation et au
laisser-faire défaitiste, au repli sur soi, et à l’exploitation sans
limite des ressources, ce qui est la pire des réponses. L’Europe pense
par exemple pouvoir abandonner l’espoir de sauver les abeilles. Elles
se trompe. Le gouvernement des Etats-Unis mènent une croisade contre
les énergies renouvelables et s’engage dans de dangereuses guerres
commerciales. Il se trompe. Le Brésil est engagé dans une course à
l’abime terrible en décidant de la disparition de ses forets et des
peuples qui y vivent via l’utilisation coupable du feu, ce qui libère
le CO2 emmagasiné et nous prive de précieuses ressources en oxygène. Il
est coupable. Le Japon reprend la chasse à la Baleine. Il se fourvoie.
La RDC cède aux sirènes radicales qui l’enjoignent d’exploiter ses
forets. Mauvaise décision qui la fragilisera. La Russie ne jure
pratiquement que par le pétrole. Conception ancienne et dépassée.
Partout, les erreurs de jugement ou d’appréciation se multiplient. La
vision étroite et jusqu’au boutiste d’une somme de réactions myopes,
basées sur le court terme, entache les espoirs de voir une organisation
intelligente et appropriée du collectif mondial répondre aux
problématiques actuelles. Trop d’intérêts divergents, trop d’égoïsmes,
pas assez de projection dans l’avenir. Nous faisons face à une
génération de leaders désastreuse, une des pires que notre siècle et le
précédents aient jamais connue, à un des moments charnières de notre
histoire, au moment précis où s’opère les plus grands bouleversements
de tous les temps…
Aujourd'hui 26 personnes dans le monde possèdent davantage que les 3,5
milliards les plus pauvres. Le trading à haute fréquence produit une
disruption financière et des avantages exorbitants du droit réel. Ce
déséquilibre est grave et lourd de conséquences mortifères. Beaucoup de
parents sur cette planète n'ont pas les moyens de nourrir et de soigner
leurs enfants qui meurent de la manière la plus sordide : la faim et
des maladies induites par la pauvreté… La pauvreté induit elle même des
tensions qui aboutissent à des catastrophes et des drames humains
terribles. Ce déséquilibre n'est plus acceptable.
De deux choses l’une…
Soit, nous continuons sans rien changer, et nous sommes morts. A terme
et dans des conditions particulièrement dramatiques, en contradiction
avec les valeurs de civilisation que nous défendons. Ou bien, nous nous
mettons enfin l’immense claque dans la figure dont nous avons tous un
besoin criant, et nous passons le saut qualitatif qui consiste à
changer d’approche et de philosophie en nous mobilisant vraiment et de
manière massive, sachant que ces enjeux sont vitaux pour l’ensemble du
genre humain.
Une mobilisation générale ! Non, contre des hommes et des états, mais
contre la fatalité qui nous touche, afin de rétablir le lien naturel
qui nous lie à notre milieu.
Nous refusons la logique désastreuse des exagérations du passé, en
admettant les leçons du milieu et en tirant toutes les conséquences. Il
est crucial de faire ce saut conceptuel, à savoir passer de l'apathie
dramatique d'une génération d'hommes politiques dont la plupart ont
abdiqué face aux industriels à la nécessaire, l'indispensable action
qui nous verra enfin nous lever contre le malheur qui nous vient.
« Tu existes pour vivre ta vie d’une façon qui fera ton
bonheur » disait Richard Bach. Mais le bonheur ne peut plus
uniquement s’appuyer sur la satiété. Il doit se construire sur des
satisfactions humaines compatibles avec les possibilités naturelles du
milieu dans lequel on évolue. Sans rejeter l’idée de progrès, toujours
aussi puissante et nécessaire, celle de contentement, du fait de se
réjouir des belles choses, et de se tenir à des modes plus frugaux de
consommation, à des manières plus harmonieuses d’accomplir ses tâches
et d’exercer son métier. Et cette approche doit nécessairement être
corroborée par l'invention de mode de répartition nouveau, à une
philosophie de vie offrant, à la croisée du meilleur de la tradition
libérale au bon sens du terme, et d'une social-démocratie réinventée,
qui corresponde aux nécessités du temps.
Bref, une nouvelle approche philosophique et politique.
Sauver notre qualité de vie est possible, mais aux seules conditions
d’une modification profonde de notre approche. Tout ce que nous
refusons si opiniâtrement de comprendre. Offrir des perspectives
constructives aux générations qui nous suivent n'est pas une option,
c'est la condition sine qua non d'un prolongement réussi de la vie sur
cette Terre qui a été pour le genre humain un éden que nous ne voulons
pas voir un jour se transformer en son exact opposé, un enfer
invivable...
28 Août 2019
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