What the World needs Now
Par Gilles Marchand



Le temps est venu d'instaurer une nouvelle philosophie des rapports que les cultures, les religions ou les communautés humaines entretiennent entre elles afin de briser la logique contre-productive qu'entretient le soit-disant choc de civilisations.

Le XXIème siècle s'est ouvert sur un faux-départ. La vision qui s'est imposée à la suite des attentats de New York a exacerbé certaines des tensions nées au cours des cinquante années précédentes, plongeant le monde dans des affrontements destructeurs, dont nous observons, chaque jour ou presque, les répliques. Basées sur des postulats discutables, les idées qui ont sous tendu ce contexte, en particulier celle d'un affrontement supposé des civilisations, gagneraient aujourd'hui à évoluer vers une meilleure compréhension mutuelle des identités de chacun, car vouloir imposer par la force militaire ou l'action terroriste un fléchissement des positions de ceux face à qui on se trouve ne fait qu'alimenter les mano a mano actuels et affaiblit chacun des adversaires en présence, tout en grevant la sécurité de tous. Il faut sortir de cette logique.

Une des raisons centrales qui nous ont conduits à ce contexte est que les nouvelles technologies, en particulier internet, ont brutalement juxtaposé des réalités qui auparavant restaient largement cloisonnées, provoquant des comparaisons identitaires, certes, mais nous offrant également la chance de voir de nouveaux contacts établis dans une remarquable capillarité générationnelle. Il serait aujourd'hui judicieux de s'appuyer sur ce constat pour établir une nouvelle conception des relations internationales et de mettre fin à un terrorisme qui ne disparaîtra réellement que si on interprète autrement les messages qu'il nous adresse. Il s'agit non de forcer ses interlocuteurs à venir sur ses positions par la contrainte, mais bien de comprendre ce qui chez eux est compatible avec la vision que l'on peut avoir, voire d'aller vers une meilleure compréhension mutuelle en s'inspirant réellement de leurs points de vue, pour instaurer en commun des rapports plus constructifs.

Convertir les américains à l'islam n'est bien sûr qu'une provocation médiatique, mais l'escalade provoquée par les forces armées alliées en Irak ou celle qui est née par ricochet entre les communautés du pays sont elles mêmes déraisonnables. La diversification actuelle des modes de production énergétiques est à ce titre une chance qui réduira progressivement les tensions qui existent autour des approvisionnements. Une même attitude est souhaitable sur le plan culturel et religieux, en surplombant les particularismes par un décryptage qui ne stigmatise pas les différences et corrobore les points communs. C'est peut être là le véritable sens d'un respect qui ne peut être que mutuel. Il s'agit donc que naisse un véritable dialogue, quand bien même l'instauration de celui-ci nécessiterait la montée en puissance d'interlocuteurs intermédiaires issus d'ensembles extérieurs afin qu'ils arbitrent une progressive réduction de la pression.



Ceux-ci définiront leurs propres intérêts, mais tout le monde, insurgés comme occupants, civils comme militaires, bénéficiera d'un contexte apaisé qui rendra possible ce qui aujourd'hui n'était plus possible, à savoir une vie décente et la sécurité indispensable de tous. L'apparition d'un cercle vertueux dans les relations internationales facilitera un meilleur désamorçage des risques liés au triangle communication-identité-culture décrit par Dominique Wolton. Il permettra de se consacrer véritablement aux chantiers planétaires en cours, en particulier ceux qui concernent la progressive mise à niveau de l'économie du proche et moyen-orient.


Retour aux Chantiers Planétaires

 
Paris
France
Europe
UniversitÈs
Infos
Contact