Let's
get real!
Par Gilles Marchand
Il
nous faut une nouvelle Théorie
de la Valeur pour rendre l'"économie numérique"
véritablement opérante
Alors que se met en place un système de production de biens
immatériels au
plan mondial, il nous manque encore
une théorie de la valeur qui permette à l'arrivée
de produire une richesse qui soit réinjectable dans le monde
réel. Il nous faut donc inventer une grille de lecture économique
établissant de façon claire, définie, une série
d'échelles de calcul quantifiables afin que chaque individu
évoluant vers ce type de professions puisse concrètement
tirer les fruits de son activité.
En gros établir une interface numérique entre le monde
virtuel et le monde dans lequel nous vivons.
Celle-ci manque cruellement dans de nombreux domaines de ce quatrième
secteur économique, en cours de formation, et elle est donc
nécessaire pour que l'"économie numérique"
vers laquelle nous
évoluons
devienne véritablement opérationnelle.
Les théories de la valeur ont mobilisé,
et passionné à juste titre, les économistes
du XIXème. D'Adam Smith à Ricardo, qui raisonnent
en termes de valeur d'usage et d'échange, en passant par
Marx, qui voit un fondement social à la création de
richesse, de par la force de travail incorporée dans le coût
de production de chaque unité, jusqu'à Jean-Baptiste
Say et les néoclassiques qui définissent un coût
marginal de la dernière unité produite, censé
donner à chaque bien une valeur cardinale (assignée
par le fabriquant) ou ordinale (fixé par l'utilité
que l'acheteur peut en avoir). On se trouve généralement
dans l'anciennne confrontation de l'offre et de la demande, le prix
étant fixé par le marché, une main invisible
à laquelle, du reste, Adam Smith, lui
même, ne croyait pas réellement à
la fin de sa vie.
Si l'économie de la musique connait de telles difficultés,
c'est parce qu'elle ne dispose toujours d'un modèle économique
qui lui permette de donner de la valeur aux biens qu'elle produit
alors que ceux-ci sont en cours de dématérialisation.
D'où
le problème d'une absence de rattachement physique d'immenses
masses monétaires qui accentuent la dématérialisation
de l'économie réelle en la soumettant à des
critères de fonctionnement arbitraires et inappropriés.
Il
faut donc sortir de
la problématique qui est actuellement à l'œuvre
dans ce domaine, et dans bien d'autres,
en réaffirmant dans un premier temps la valeur économique
des biens échangés, le leurre de la gratuité
cachant en germe une uniformité et un appauvrissement de
l'offre que l'abondance actuelle maquille. Celle-ci créé
un effet d'optique trompeur et dangereux à long terme pour
la création en particulier et pour l'économie globale
en général.
Il faut donc réaffirmer
le copyright et les droits d'auteurs comme des éléments
vertueux de la création de biens immatériels. Cela
veut dire reconnaitre aux créateurs de ces biens, la possibilité
physique de vivre de leur activité. Ce seuil ne devrait plus
simplement être reconnu, mais garanti en fonction des critères
de rentabilité du marché.
Introduire donc une valeur humaine
qui serait prise en compte dans l'activité économique
de chacun, ceci afin de corriger le mouvement puissant de perte
de matière ambiant, face à une puissance de calcul
et de stockage grandissantes mise en ligne. Ce mouvement général
qui demande une correction, et donc une intervention conceptuelle
pourrait bien être une synthèse équilibrée
des précédentes théories de la valeur, en plus
de l'affirmation novatrice de l'inalienabilité de la personne
humaine au plan économique.
L'économiste qui sera en mesure de produire cette théorie
de manière circonstanciée et opérationnelle
à tous les niveaux sera, à coup sûr, le prochain
Prix Nobel d'économie...
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