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Vers la société
multiculturelle de l'avenir (suite)
Suivi de Résoudre la Crise Irakienne
Par
Gilles Marchand
Une attitude puritaine en
matière de flux humains et culturels est une misère de l'esprit autant
qu'une ruine à venir des pays qui la prôneront.
Mais
s'installent dans les machines des éléments de contrôle, mouchards et
autres systèmes de prise de main — et on prend pour cela prétexte de
l'inquiétude sourde qui est née des attentats américains pour accentuer
encore ce phénomène dont les effets pervers sont pourtant patents et
aussi indirectement créés par un type spécifique de fonctionnement
des choses en relation étroite. Patriot Act ou recommendations
anti-terrorristes vont bien au delà de ce qu'elles sont censées
installer. Elles deviennent des instruments de contrôle politique
antidémocratique. Quand elles sont couplées à l'utilisation de machines
de vote électronique, elles créent les conditions nouvelles d'une forme
de tyrannie parfaitement avérée, par la captation qu'elles permettent
d'opèrer de la volonté collective du peuple que l'on est censé
interroger. Le 2 novembre 2004, le seul comté de Broward, Floride, très
majoritairement démocrate, a laissé apparaître un différentiel de 80
000 voix républicaines, parfaitement virtuelles. Cette analyse
constatée par les meilleurs statisticiens américains à Berkeley, n'a
même pas été repris dans la presse mainstream des Etats Unis. Nous
avons là un autre élément du contrôle d'une nation particulièrement
préoccupant. L'atonie des démocrates sur ce sujet est un calcul à
courte vue. Les nouvelles réelles voyagent désormais "under cover" et
la résistance des véritables démocrates américains s'organise sur
Internet. Parier sur une victoire de la tyrannie est un contresens que
l'histoire s'est toujours chargée d'infirmer ! Combien de temps faudra
t-il au peuple américain pour recouver sa liberté ? La réponse est peut
être sur le net, dans la diversité multiculturelle des approches.
L'ordinateur,
dieu merci, est aujourd'hui doté d'innombrables portes de sortie et
d'entrée qui permettent d'établir un type de relation riche et
équilibrée, part intégrante d'une journée de travail. Les chevaux de
Troie et autres systèmes espions mettent en danger non seulement ceux
qui les utilisent, mais à terme ceux qui les installent. Time will
tell...
On peut et on doit obtenir une modification des rapports à la machine
quand elle est mal utilisée. On se retranche alors dans des mondes
toujours plus éloignés des réalités concrètes et cela est parfois
valable pour la télévision également. Tout cela provient d'un type de
rapport faussé à la machine. Il faut avoir vécu et résolu des équations
existentielles avant de s'y laisser absorber. Sinon, on bâtit des types
de relations schizoïdes dans lesquelles les protagonistes ne savent
plus par quels chemins ils doivent passer afin d'approcher leurs
objectifs. Objectifs qui s'imposent à eux comme des éléments
obsessionnels que certains ne résolvent que dans la violence, dans la
suppression du lien objectivé comme rapport direct — et donc conforme —
à la relation homme-machine.
Que devient l'amour, que devient la relation homme-femme au temps de la
machine intelligente ? Elle-même se réinvente, mais elle a besoin
d'un maximum d'honnêteté et de subtilité pour exister dans des
contextes toujours plus envahissants. L'amour se régénère à travers
toutes ses composantes, dans la diversité des avis et des approches
effectivement réalisées. Tirer parti des enseignements et surtout des
émotions et des sentiments ressentis.
Vérité et court circuit vers le cœur sont nécessaires dans un temps de
déprogrammation du réel et d'affirmation du virtuel. Une plus grande
authenticité et des capacités d'entente, d'écoute et d'accueil plus
grandes. Et l'abandon, total, des barrières, le contact et la fusion,
si nécessaire, au sens anthropologique du terme, dans un monde où les
robots commencent à pulluler, dans un monde d'interfaces. Pas
d'interface dans l'humain. Contact direct. Vérité des peaux quelles que
soient leurs couleurs.
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Il faut
réintroduire la confiance, le respect, la capacité de se perfectionner,
l'efficacité récompensée en des termes différents de ceux d'une
précarité toujours plus poussée. Dans ces entreprises on hésite à
placer et à donner le même salaire à des personnes qui sont pourtant
aussi compétentes. Les femmes et les Français "issus de l'immigration"
à qui on oppose des fins de non-recevoir qui les poussent toujours un
peu plus vers la démobilisation, et les zones limitrophes où sévissent
de petits recruteurs qui offrent des solutions rapides, religieuses ou
délinquantes, qui sont surtout basées sur l'apparence du respect et de
la prise en compte. Et cela est valable à l'échelle du monde développé.
On ne prend pas en compte jusqu'à ce que la répression semble être la
seule solution alors qu'elle ne tarde pas elle-même à montrer ses
limites...
Résoudre la Crise Irakienne
L'Irak, où les meurtres de civils atteignent un niveau dont les hérauts
de la liberté prétendent en public s'accommoder, est devenu un centre
nerveux de l'activité physiologique de la planète. Il brouille son
métabolisme, comme le catalyseur d'un degré de haine qui, non seulement
est devenu contre-productif au plan régional, mais qui remet également
en cause la grande majorité des efforts qui sont faits ailleurs. En
partie américain moi-même, je suis d'autant mieux placé pour formuler
une critique qui est faite au nom des valeurs universelles du respect
de l'être humain dont personne ne semble être aujourd'hui en mesure,
professionnellement parlant, d'affirmer haut et fort, qu'elles sont
unanimement foulées aux pieds des deux côtés de cet échiquier sanglant
qu'est devenu le pays.
Cette violence, y compris médiatique, nuit directement à la réalisation
des objectifs que peuvent se fixer ceux qui veulent établir des
sociétés nationales pacifiées dans le monde en général et dans la
région en particulier. Si les américains veulent sortir du bourbier
dans lequel ils se trouvent aujourd'hui, il leur faut affirmer la
prééminence absolue de ces principes fondamentaux, afin de peu à peu
réinstaller la confiance, sinon le respect, dans un pays qu'ils ont
douloureusement contribué à meurtrir. Il est évident que, selon un
évident principe de réalité, ils ne sont pas les acteurs désignés pour
remplir une telle mission et que, les Nations Unis ayant été, qui plus
est, momentanément désavouées par les irakiens eux mêmes, ou du moins
par les activistes qui occupent le terrain d'une manière tout aussi
violente (sinon davantage), seul l'ensemble qui s'est unanimement
opposé à ce conflit et qui, par conséquent, ne peut être soupçonné de
partialité, a une chance d'y établir une paix qui soit durable.
Il faut pour celà que l'Europe dépêche des envoyés issus de ses
composantes multiculturelles sur le terrain, après un intense travail
de préparation politique, seul susceptible d'assurer le succès de cette
entreprise non seulement basée sur la nécessité stratégique de rétablir
la stabilité dans une région perturbée, mais aussi sur le commandement
moral d'une part de l'humanité à venir secourir une autre composante
d'elle même au nom d'un évident devoir d'ingérance politique, seulement
invocable en cas de risque majeur pour des populations menacées par le
chaos autrement irrépressible d'une situation qui s'enkyste et se
transforme en quasi-système auto-entretenu. Il y va de la survie
philosophique des principes d'éthique qui doivent nécessairement, en
particulier dans les circonstances difficiles, guider notre action...
En systèmes
ouverts, les attitudes appropriées sont ailleurs que dans
l'affrontement. Elles sont dans la conscience et le volontarisme. La
force de trouver des positionnement positifs intermédiaires. Les
solutions, car il faut se garder de répondre par une solution unique
facile et magnétique à des questions qui, elles, sont complexes et
demandent des mobilisations larges et longues, sont pourtant claires.
Les hommes de pouvoir doivent aujourd'hui privilégier l'ouverture,
sinon la transparence qui pouvait jusque là être un frein au travail
serein des équipes dirigeantes au moins durant les périodes critiques.
Rendre des comptes parait normal et nécessaire. A terme, ces comptes se
feront à intervalles plus rapprochés comme c'est le cas avec les
sondages, et la démocratie participative, les conseils de quartiers,
les assemblées consultatives, les parlements nationaux ou européens et
le conseil de sécurité, sachant toujours distinguer une décision
argumentée d'une décision pulsionnelle.
Comme au temps de Voltaire, nous sommes collectivement atteints au
moral, au psychologique. A nous de nous construire dans cette ouverture
consciente une force et des possibilités concrètes de perfectionnement
en sachant que la meilleure posture — ou imposture c'est selon les
avis tempérés ou temporels — dans une situation d'affrontement
n'est pas forcément l'attitude traditionnelle et généreuse, et
forcément légitime, qui consiste à prendre la défense du plus
faible, vieille tradition gauloise, mais de se placer Across the lines,
au milieu, en tant qu'intermédiaire, go between, middle man, et
médiateur. C'est un peu le rôle à prôner pour chacun, faire dialoguer
les parties, les amener à l'entente, à la compréhension et à la
coopération mutuelle. Notre diversité, la mixité qui nous compose
plaide en faveur d'une plus grande ouverture d'esprit à une heure où
tant de petites consciences fragiles se referment sans curiosité
exprimée pour ce qui diffère de leur mode de vie ou de leur façon de
rendre grace... Sachons aller plus loin, voir au-delà des épaules
larges ou pas de nos pères, les terrains de la coopération à venir
entre toutes les communautés, en pronant à outrance la communication en
des milliards de points d'une génération en activité...
Paris, janvier 2005
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