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Il est temps de se remettre à rêver..
Par Gilles Marchand
Le
moins que l'on puisse dire est que l'époque doute face à la perspective
de l'avenir. Elle dispose pourtant des meilleurs atouts pour se tourner
vers le futur. Résumé des épisodes à venir...
Avec
les crises qu'elles ont successivement affrontées, la société-monde,
l'Europe et la France sont arrivées à des questionnements taraudants
sur la manière dont pouvait se dérouler le conducteur en l'absence d'un
rééquilibrage permanent, constamment remis à jour et orienté de manière
démocratique et participative, avec la consultation citoyenne d'un
maximum d'intervenants. La crise environnnementale et la piètre réponse
qui lui a été donnée à Copenhague, face à la tentative — réussie — de
déstabilisation des lobbies affiliés aux énergies fossiles et au
nucléaire, ont gommé la volonté de consensus qui pourtant se
construisait autour de la nécessaire protection du milieu agraire,
aérien et océanien, auour de celle de la biodiversité et de l'urgence
d'une révolution technologique en matière d'énergie.
La
crise démographique produit des souffrances humaines à peine
imaginables en l'absence trop fréquente de véritables politiques
internationales dans ce domaine. La crise économique a créé des
déficits que les pays, y compris développés, cherchent à présent à
éponger. Elle avait privé de domicile des millions de personnes et
c'est seulement parce que s'enclenche une dynamique positive
aujourd'hui que ces familles sont à nouveau en mesure de réacheter les
maisons qu'elles avaient perdues. La crise monétaire menace et ne
trouve sa solution que grace à un sursaut international. Partout
explose un certain pessimisme qui n'aurait pas lieu d'être, s'il était
correctement informé de tous les développements en cours. Il est
grand temps de se remettre à rêver...
Il
ne faut jamais désespérer de l'intelligence collective du genre
humain, or nous sommes tous les membres d'une équipe assez
impressionnante, de par ses ressources, ses moyens, son nombre et son
expérience. Ses recherches, ses réalisations, ses réussites sont
innombrables et cette génération fera face, comme les autres l'ont
toujours fait, devant les enjeux auxquels elle est confrontée, parce
qu'elle est désignée pour réussir. Ce sera peut être plus complexe,
mais nous développons des outils et des savoirs plus sophistiqués. Le
pessimisme ambiant doit nous quitter, même si nous devons rester
vigilants, car si nos ressources matérielles sont limitées, nos
ressources intellectuelles collectives sont par
définition illimitées et, dans la mesure où beaucoup des
techniques à venir sont en cours de gestation, nous aurons la
possibilité, si nous nous en fixons les objectifs de manière concertée,
si nous faisons preuve de capacités d'organisation renouvelées,
de répondre aux défis inédits de notre temps. Nous sommes en train de
vivre une période de refonte généralisée de notre ordre symbolique, et
de tous ses éléments afférents, ce qui crée des tiraillements... En
d'autre termes, l'irruption du numérique dans la sphère des activités
humaines a créé les conditions d'un immense Renouveau — The Renewal —
de la civilisation, pensable comme une période historique nouvelle à
part entière, comme l'on été précédemment les Temps modernes ou la
Renaissance. Nous vivons cette période de refondation, comme le haut
moyen age vivait les premières renaissances, c'est à dire au VIIIeme,
Xeme, et Xiieme siècle dans une flamboyance complexe et passionnante,
qui fonctionnait d'une manière chaotique, malgré des lignes de force
clairement évidente a posteriori.
Nous
vivons une de ces périodes historiques et cette expérience
épistémologique est précieuse quand on veut mieux comprendre cette
époque, afin d'éviter les pièges et les chaussent-trappes actuels. Les
tensions et les déséquilibres que l'on constate aujourd'hui sont
les expressions systémiques, même si non systématiques, d'un
réajustement fonctionnel qui produit des perspectives nouvelles dont il
faut refuser de désespérer, comme on oppose un optimisme d'action qui
devient lui-même une forme de réalisme face à la multitude de variantes
produites par le réel. Sur le plan énergétique, certes, nous produisons
assez de pétrole mais les conditions de son exploitation se
complexifient, et nous devons aux générations futures des ressources
pétrochimiques, que notre capacité à inventer des modèles alternatifs
doivent nous permettre de mettre en place. Il y a aura un effet de
chevauchement entre les recherches d'échelle pétrolières et l'irruption
des énergies renouvelables. L'hydrogène, couplé au solaire et aux
autres ressources énergétiques, capables de stocker l'énergie sous
forme liquide, pourrait accoucher d'une nouvelle donne énergétique qui
révolutionnera les fondements de la civilisation qui s'établiera autour
des ces modèles. Sur le versant énergétique, et si nous nous en donnons
les moyens, l'avenir est parfaitement négociable... Il s'agit
prioritairement de gérer intelligemment la transition.
Il
est fondamental de ne pas baisser les bras à un moment où nous
aurons besoin de l'énergie de tous, sans exception. Un des discours les
plus dangereux aujourd'hui, consiste à dénier toute forme
d'utilité, même s'il y a une forme de grandeur à se rendre
volontarement inutile, à tous ceux qui se retrouvent à la marge d'une
organisation qui pense devoir se passer d'une richesse humaine qu'elle
ne sait plus gérer. Il est important de réaliser à quel point nous
avons besoin de tous les bras et qu'il est possible face à une
décroissance choisie dans certains secteurs de l'activité économique,
d'imaginer une croisance choisie parallèle, qui fasse une place
plus grande à de larges bassins de populations professionnelles. Dans
ce domaine, l'irruption d'un quatrième secteur économique, celui des
biens immatériels et numériques, est à même de fournir un immense
volant de relance économique, dans la mesure où ces techniques vont
atteindre des niveaux absolument inédits et l'économie
environnementale, couplée aux développements du Web 3D et d'un immense
renouveau d'internet.
Il
est important d'entrer dans cette phase nouvelle d'abondance
énergétique pour désamorcer les tensions autour des questions liées au
pétrole pour créer les conditions de cette nouvelle ère
civilisationnelle. Il est important de se remettre à rêver, sans
restreindre d'aucune sorte l'imagination, et
de ne pas accepter de voir se réduire comme peau de chagrin les
espérances que nous pouvions nourrir face à l'avenir. Cet avenir est
prometteur et il sera bon avec nous soi nous savons nous en donner les
moyens. Or nous disposons collectivement, en tant qu'espèce, en tant
d'habitants d'ensembles continentaux et de pays comme la France, des
ressources nécessaires pour faire aboutir ces projets. Les technologies
numériques couplées avec des chaînes de machines outils innovantes
permetront de mettre en place des productions capables de couper le
souffle. Voici un exemple parlant de concept car...
Le
pessimisme ambiant est une déformation négative de nos aspirations
essentielles et il n'a pas lieu d'être, tant le besoin actuel est
d'aller vers les nouveautés à développer et de se donner les moyens
d'ambitions, elles aussi renouvelées. Pour cela il faut avoir une
claire conscience de ce que nous sommes capables de faire de l'emploi
que nous faisons du temps et de combler les failles ou les lacunes que
nous pouvons présenter par une formation universitaire tout au long de
la vie, ces sujets étant passionnants et méritant une prise en
compte continue. L'alternance de formation et d'activité
professionnelle tout au long de l'existence doit
nous permettre de créer des structures à géométrie variable qui
fonctionneraient comme des entreprises individuelles liées entre elles
suivant des schémas qu'il appartiendra aux acteurs des marchés et aux
instiutions publiques de créer. Des populations larges de chomeurs
pourraient ainsi retrouver le chemin de l'activité professionnelle,
selon des critères de volontarisme assumés par chacun en vertu d'un
principe intangible de liberté individuelle encadrée par des
acteurs publics, des facilitateurs de carrière professionnelle, qui
pourraient émaner des institutions d'aide au retour à l'emploi, comme
Pôle Emploi. Des millions de personnes pourraient ainsi trouver des
débouchés directement en rapport avec les besoins réels de l'économie...
Une portion grandissante de l'activité économique ira, d'autre part, vers
les industries culturelles et permettra de créer un tissu économique
dense autour des valeurs de civilisation qui naitront parallèlement à
l'avénement de cette ère nouvelle et nous n'aurons plus à craindre
de pénurie en ce domaine qui est par définition celui de la qualité et
de l'immensité des possibles. Les valeurs européennes, si tant est de
que cela est un sens qui soit autre que l'agrégation des identités
culturelles nationales dont la richesse et la variété est telle
qu'elles permettront une rélecture des mythes et des récits de ce
continent, qui viendront croiser en tous sens ceux des autres régions
du monde, s'enrichissant mutuellement. Cette volonté de faire reculer
la pénurie fera également
reculer la barbarie et les situations de disettes. Elle fera une place
plus grande aux réflexes de civilisation et à l'intelligence qui a
besoin d'un champs propice à son éclosion véritable. Alors il y a de
fortes chances pour que l'on voit les pères épargner à leurs fils les
affres provoqués par leur insuffisante prise sur le réel pour
mieux les nourrir. Et les fils et les filles seront alors en mesure de
nourrir à leur tour leurs parents.
Le Caravage, Sacrifice d'Isaac, 1603
Novembre 2010
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