A l'exception de la Russie, les émissions de gaz à effet de serre ont diminué en 2006 dans les grands pays industriels. La France montre la voie avec une baisse de 2,5%.
Selon une étude effectuée par l'agence Reuters et publiée vendredi 23 mai, les émissions de gaz à effet de serre ont diminué en 2006 dans l'ensemble des grands pays industriels du G8, à l'exception de la Russie, marquant ainsi la baisse la plus notable depuis 1990.
Cette baisse, qui s'élève à 0,6% entre 2005 et 2006 dans l'ensemble du G8, est principalement liée à la hausse des prix du pétrole, aux premiers effets des mesures de lutte contre le réchauffement climatique et à un hiver doux aux Etats-Unis, où la demande d'énergie pour le chauffage a baissé.
"La baisse des émissions dans certaines grandes économies en 2006 est un signe encourageant", a salué Michael Raupach, qui dirige à Canberra, en Australie, le Centre d'observation de la Terre.
La France et l'Allemagne, bons élèves
"Ce n'est toutefois que le début", a-t-il tempéré. Des actions bien plus ambitieuses seront nécessaires pour éviter les effets les plus destructeurs des changements climatiques, essentiellement liés aux émissions de gaz à effet de serre.
Parmi les sept pays du G8 dont les émissions ont diminué, la France ouvre la marche avec une baisse de 2,5%, jusqu'à l'Allemagne, avec 0,02% d'émissions en moins entre 2005 et 2006.
L'Allemagne est toutefois le pays du G8, hors Russie, dont les émissions ont le plus fortement chuté depuis 1990.
En Russie, où les émissions de gaz à effet de serre s'étaient effondrées peu après la disparition de l'Union soviétique, la hausse de 2005 à 2006 est de 3,1% et coïncide avec une croissance économique soutenue.
Sommet sur le climat en juillet
C'est la première fois qu'autant de pays du G8 connaissent une baisse de leurs émissions depuis 1990, année de référence pour les Nations unies dans la lutte contre le réchauffement.
Les ministres de l'Environnement du G8 se réunissent à Kobé, au Japon, de samedi à lundi afin de préparer un sommet sur le climat prévu en juillet.
Globalement, le G8 a dégagé dans l'atmosphère 14,04 milliards de tonnes d'équivalent CO2 en 2006, contre 14,12 milliards en 2005, selon les calculs effectués par Reuters à partir de données fournies au secrétariat de l'Onu chargé du climat.
Toutefois, de l'avis de plusieurs experts, cette baisse des émissions ne prouve nullement que les pays du G8 se soient réellement attelés à la lutte contre le réchauffement.
Pas le résultat d'une réelle volonté politique
"Il paraît logique qu'un prix plus élevé du pétrole fasse baisser la demande (...) et qu'un hiver relativement doux fasse diminuer la consommation d'énergie, et donc les émissions des centrales électriques", a souligné Knut Alfsen, directeur des recherches au sein du Centre de recherche internationale sur le climat et l'environnement, basé à Oslo.
"Malheureusement, on peine à distinguer dans l'ensemble de ces pays des actes politiques qui permettraient d'expliquer la baisse des émissions", a-t-il estimé. "Si on me demande si les pays commencent vraiment à 'se saisir' du problème du changement climatique, je reste plutôt pessimiste."
La croissance se dissocie des émissions
En revanche, cette diminution apparaît alors même que, dans les pays concernés, la croissance économique s'est élevée à 3% en moyenne en 2006, selon les estimations du Fonds monétaire international. Il pourrait s'agir là du signe que la croissance commence à se dissocier des émissions.
La production de gaz à effet de serre des pays du G8 a diminué de 2,6% depuis 1990, mais l'essentiel de cette baisse est liée à l'effondrement de l'industrie soviétique. Les émissions des sept autres pays sont en hausse depuis cette date, notamment au Canada, aux Etats-Unis et en Italie. (Avec Reuters)
Mai 2008
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