Centrafrique: François Bozizé et Michel Djotodia signent un accord de paix
Par Fiacre Kombo avec RFI
Entamées
depuis décembre 2014, les discussions discrètes entre les ex-présidents
François Bozizé et Michel Djotodia à Nairobi, la capitale kenyane, ont
abouti ce 27 janvier à la signature d'un accord de paix avec en toile
de fond une amnistie générale. D'ores et déjà, les signataires de
l'accord de Brazzaville contestent cette démarche de Nairobi.
En
fin décembre dernier, les pourparlers entre les anciens présidents
centrafricains François Bozizé et Michel Djotodia, ainsi que leurs
partisans, ont été engagés au mépris des autorités de transition. C'est
finalement mardi dernier que la frange des ex-Séléka, dénommée FPRC de
Michel Djotodia, et une partie des anti-Balaka, ont signé un accord de
paix, demandant une amnistie générale pour tous les combattants.
Un accord d'amnistie générale qui va l'encontre du processus de paix et
de réconciliation entrepris par les autorités de transition, soutenues
par les organisations de la société civile et des ONG de la défense des
droits humains. Il faut dire qu'en septembre 2014, à la demande des
autorités de transition, la procureur de la Cour pénale internationale
(CPI), Fatou Bensouda, a ouvert une enquête sur les crimes perpétrés
dans le pays depuis 2012.
Récemment, un rapport de groupe d'experts onusiens, a exclu l'hypothèse
d'un génocide, mais a reconnu, tout de même, des crimes contre
l'humanité relevant de la compétence de la CPI. Il faut noter que le
Statut de Rome de la CPI, ne reconnaît pas les amnisties même signées
par des autorités étatiques.
Par ailleurs, le même accord prévoit une possibilité de sortie de crise
grâce au processus de Désarmement, démobilisation et réinsertion(DDR)
des combattants, en passant par la réhabilitation des Forces armées
centrafricaines avec ces combattants, « après un tri minutieux », a
indiqué l'accord de Nairobi.
En outre, les acteurs de Nairobi prônent une troisième transition à la
tête de l'Etat centrafricain, c'est-à-dire sans la présidente actuelle,
Catherine Samba Panza. « Depuis le 31 décembre, Catherine Samba Panza
n'a plus sa raison d'être à la tête de la transition », a estimé un
signataire.
Pourtant début janvier, Denis Sassou-Nguesso, médiateur de la crise
centrafricaine, a prolongé pour six mois la transition qui devra
déboucher, fin août prochain à l'organisation des élections
présidentielle et législatives. « Il n'était pas question de torpiller
ce qui a été signé à Brazzaville. Cet accord de Nairobi ne peut être
validé », a réagi le vice-médiateur, le Malien Soumeylou Boubeye Maïga,
qui doit se rendre ce mercredi dans la capitale Nairobi.
Nombreux sont des Centrafricains qui s'interrogent sur le rôle joué par
la médiation internationale dans ces discussions de Nairobi. La presse
locale, quant à elle, parle d'un « véritable revirement » qui risque de
replonger la République Centrafricaine dans un autre cycle de violences.
Le 21 janvier dernier, le gouvernement a lancé les opérations dites de
consultations à la base à Bangui et à l'intérieur du pays. Les
facilitateurs y vont recueillir les avis des citoyens sur la résolution
de la crise avant la tenue du Forum de Bangui.
29 Janvier 2015
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