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Sahara
occidental: l’ONU pousse à négocier, Minurso prolongée de 6 mois
Par
La Libre Afrique - Dans Politique - 30 avril 2018 - AFP
Le
Conseil de sécurité de l’ONU a adopté vendredi une résolution appelant
les parties au conflit au Sahara occidental à des « négociations
sans préconditions » et prolongeant de six mois seulement le
mandat de sa mission d’observation du cessez-le-feu entre Maroc et
Front Polisario.
La
résolution a été approuvée par douze voix. Trois pays se sont abstenus,
la Chine, la Russie et l’Ethiopie, en accusant les Etats-Unis,
rédacteurs du texte, d’avoir précipité le vote sans donner de temps aux
négociations.
« Le texte n’est pas neutre », a dénoncé l’Ethiopie, estimant
implicitement qu’il profite au Maroc. « Le texte est
déséquilibré », a abondé la Russie tandis que la Chine soulignait
que le Conseil de sécurité aurait dû « prendre plus de temps pour
négocier ».
La France a jugé que la résolution permettait « de prévenir tout
risque d’escalade », les Etats-Unis expliquant « avoir choisi
cette année une approche différente », allant contre un
prolongement « comme d’habitude » de la Minurso. Washington
« veut voir des progrès » et des négociations « dans les
six mois à venir », a dit la représentante américaine, Amy Tachco.
« Cette résolution conforte la position du Maroc », s’est
félicité après le vote l’ambassadeur marocain à l’ONU, Omar Hilale.
« Le Conseil a insisté pour des négociations sans préconisations.
C’est important », a déclaré à l’AFP Mhamed Khadad,
haut responsable du Polisario et coordonnateur sahraoui avec la
Minurso, se réjouissant d' »un tournant qui dénote du grand
intérêt que porte le Conseil de sécurité pour hâter la résolution du
conflit ».
L’Algérie « forme le voeu » que ce renouvellement
« incite » les deux parties à entamer « au plus tôt et
sans délai » les négociations, a indiqué le porte-parole du
ministère des Affaires étrangères, Abdelaziz Benali Cherif.
Le mandat de la Mission des Nations unies pour l’organisation d’un
référendum au Sahara occidental (Minurso) arrivait à expiration le 30
avril. La résolution renouvelle jusqu’au 31 octobre la Minurso (environ
400 personnels pour un budget annuel de 52 millions de dollars).
Six mois, « cela permet d’avoir un levier » pour pousser les
parties aux négociations, juge un diplomate européen sous anonymat.
C’est « un moyen politique pour avoir une clause de rendez-vous et
espérer une reprise du processus politique d’ici là », ajoute-t-il.
Le dernier round de négociations entre Maroc et Front Polisario remonte
à 2008.
La résolution demande aux parties au Sahara occidental de
« reprendre des négociations (…) sans préconditions et de bonne
foi » afin de parvenir à une « solution politique
mutuellement acceptable » vers « l’autodétermination »
de son peuple.
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Autodétermination et autonomie
L’émissaire de l’ONU pour le Sahara occidental, l’ex-président allemand
Horst Koehler, a promis au Conseil de sécurité un nouveau round de
négociations pour 2018, mais sans donner de dates.
Dans cette perspective, la résolution souligne « l’importance d’un
engagement renouvelé des parties à faire avancer le processus politique
pour préparer un cinquième round de négociations ».
Visant implicitement l’Algérie, le texte demande aussi « aux Etats
voisins de faire d’importantes contributions pour ce processus »
politique et « d’accentuer leur implication dans le processus de
négociations ».
Le Maroc réclame depuis longtemps à l’Algérie de s’impliquer
directement dans des négociations.
« Le Conseil demande expressément aux pays voisins, et donc à
l’Algérie, +d’apporter une contribution importante au processus et de
s’engager plus fortement pour progresser vers la solution
politique+ »,
a ainsi souligné vendredi le ministre marocain des Affaires étrangères
Nasser Bourita.
« L’Algérie soutient les droits légitimes du peuple
sahraoui », mais le
conflit au Sahara occidental n’est « pas une affaire entre
l’Algérie et
le Maroc », déclarait début avril son homologue algérien,
Abdelkader
Messahel. « C’est une affaire entre le Maroc et le peuple
sahraoui » et
« entre le Maroc et les décisions des Nations unies ».
Le Front Polisario indépendantiste, soutenu par Alger, réclame un
référendum d’autodétermination pour le Sahara occidental, une étendue
désertique de 266.000 km2, seul territoire de l’Afrique au statut
post-colonial non réglé. Le Maroc rejette toute solution autre qu’une
autonomie sous sa souveraineté.
Concernant des tensions récentes entre le Maroc et le Polisario, le
premier reprochant au second des violations du cessez-le-feu, la
résolution « exprime sa préoccupation face à une présence du
Polisario
dans la zone tampon de Guerguerat et appelle à son retrait
immédiat ».
Elle charge le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, d’oeuvrer
pour faire retomber ces tensions.
Le Maroc a pris en 1975 le contrôle de la majeure partie du Sahara
occidental au départ de la puissance colonisatrice espagnole. Le
Polisario, qui luttait contre la domination espagnole, y a proclamé en
1976 une République arabe sahraouie démocratique (RASD) et combattu les
troupes marocaines, jusqu’à un cessez-le-feu conclu en 1991 sous
l’égide de l’ONU.
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