Les manchots royaux pourraient disparaître en raison du réchauffement des eaux de l’océan antarctique.
Le manchot royal, proche cousin de l’empereur, aime le froid. Heureusement puisqu’il vit essentiellement sur des archipels proches de l’Antarctique où il fait plutôt frisquet. Mais il s’est tellement bien adapté à ces conditions environnementales qu’un infime réchauffement de la température de surface de l’eau pourrait causer leur disparition. C’est en tout cas la conclusion d’une équipe de scientifiques qui les a suivi pendant près de dix ans.
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L’espèce contrairement aux manchots empereurs ne nidifie pas, entre le rituel de la cour, la ponte et l’élevage des poussins son cycle de reproduction l’accapare toute une année. Cette longue période les rend d’autant plus sensibles aux perturbations saisonnières car ils doivent effectuer, hiver comme été, des allers et retours entre la colonie et la mer, où ils s’alimentent. La distance de ravitaillement dépend directement des conditions climatiques : plus l’eau de surface est chaude et moins le poisson est abondant.
Les scientifiques du CNRS, soutenus par l’Institut polaire français Paul-Emile Victor, ont suivi près de 450 oiseaux durant huit ans en utilisant une méthode originale : au lieu de la traditionnelle bague qui perturbe les manchots, ils ont mis en place un suivi individuel rendu possible par l’introduction d’une étiquette électronique sous la peau. Les recherches ont été menées sur l’île de la Possession, là où se reproduisent près de 2 millions d’individus, soit les deux tiers de la population mondiale.
Leurs observations, publiées cette semaine dans la revue PNAS, indiquent qu’en été un réchauffement ténu de la température des eaux entraîne une diminution immédiate de la survie des poussins : les manchots ont des difficultés à leur trouver suffisamment de nourriture. Second constat, cette fois en hiver, l'augmentation de seulement 0,26°C de la température de surface de la mer, au niveau de la limite de la glace de mer, se traduit deux ans plus tard, par une baisse de 9% de la probabilité de survie des manchots. En cause là aussi, la raréfaction des ressources marines, très probablement du krill (une petite crevette) qui est à la base des chaînes alimentaires antarctiques, dont dépendent les manchots royaux.
Cette annonce est d’autant plus inquiétante que les experts en climat prévoient pour les prochaines décennies un réchauffement d’au moins 0.2°c par an. Cette hausse pourrait être fatale aux manchots.
Février 2008
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