Les apiculteurs manifestent à Paris pour le retrait de l'insecticide Cruiser
Par AFP



Les apiculteurs venus par centaines à Paris jeudi ont entamé leur marche pour réclamer aux ministres de l'Ecologie et de l'Agriculture le retrait de l'insecticide Cruiser, "tueur d'abeilles et de biodiversité".


Les manifestants devaient être reçus dans les deux ministères concernés.

Le ministre de l'Agriculture Michel Barnier ne devrait cependant pas revenir sur son autorisation du Cruiser, délivrée pour un an le 8 janvier. Il pourrait en revanche proposer à la profession de l'associer au suivi d'éventuels impacts du Cruiser sur l'environnement, selon ses services.

Interpellant Jean-Louis Borloo, le ministre de l'Ecologie, le président de l'Union nationale de l'Apiculture française (UNAF) Henri Clément lui a demandé se "ressaisir pour que le Cruiser ne reste pas comme une tache sur le Grenelle de l'environnement".

"Vous vous êtes montrés déterminés sur le (maïs génétiquement modifié) MON810, mais vous vous êtes couché sur le Cruiser", lui a-t-il lancé devant la foule rassemblée sous la Tour Eiffel, parfois venue en tenue de travail, enfumoir à la main, brandissant des pancartes :"je ne suis pas un happy-culteur", "cruiser-killer", "abeilles, pesticides, OGM: l'impossible coexistence".

"C'est la dernière fois qu'on se déplace pacifiquement: quand c'est trop, c'est trop", a prévenu Francis Chauvancy, représentant des apiculteurs du Centre et de l'Ouest (SAPCO).

Le Cruiser, fabriqué par la firme suisse Syngenta, est un insecticide d'enrobage des semences de maïs dont la molécule active, le thiamétoxam, appartient à la famille des neurotoxiques.



L'UNAF s'est tourné le 29 janvier vers le Conseil d'Etat pour réclamer son interdiction.

Les apiculteurs, qui le rapprochent de deux autres insecticides, le Gaucho et le Regent, incriminés dans la mortalité anormale des abeilles avant d'être interdits, signalent que des milliers de ruches ont péri en 2007 en Italie, où le Cruiser était utilisé.

"C'est un insecticide systémique, qui diffuse dans toute la plante via la sève. Il reste actif longtemps dans le sol, l'eau, et au bout du compte, on va retrouver sa trace dans toute la chaîne alimentaire", a expliqué François Veillerette, du Mouvement pour les droits et le respect des générations futures (MDRGF).

Pour la première fois, les principales associations de défense de l'environnement qui ont participé au Grenelle se sont mobilisées jeudi aux côtés des apiculteurs, comme la fédération France Nature Environnement (FNE), la Ligue de Protection des oiseaux (LPO), ou la coalition Alliance pour la planète.

"Nous aurions dû le faire plus tôt, car les abeilles, indicateurs de la biodiversité, ont subi un effondrement de 30 à 40% de leurs populations en zone agricole: il y a davantage de vivant, ici dans cette ville, qu'à quelques kilomètres d'ici où se pratique l'agriculture intensive qui emploie des produits violents", a relevé Allain Bougrain-Dubourg de la LPO.
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