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G20 : quatre orientations décisives pour sauver l'économie mondiale
Par Gilles Marchand
Des
décisions et un signal politique fort. Le sommet du G20, qui réunissait
jeudi 2 avril à Londres les dirigeants des principales puissances de la
planète, a fait coup double.
Le
G20 a pris quatre orientations décisives pour essayer de sauver
l'économie mondiale : de l'argent, de nouvelles règles, des
institutions internationales renforcées et l'admission des pays
émergents à la table des pays riches.
Un sujet n'a pas été
abordé : les grands déséquilibres monétaires, budgétaires et
commerciaux, qui sont aussi à l'origine de la crise. "Je ne vais pas
gâcher la fête du G20", grommelle un banquier central.
Jeu
collectif des chefs d'Etat et de gouvernements. "Personne n'a eu de
volonté de leadership. Tout le monde est dans le même bateau. C'est la
nouveauté", a assuré Nicolas Sarkozy. "Il s'agit d'un compromis
historique pour une crise exceptionnelle", s'est réjoui la chancelière
allemande Angela Merkel.
L'implication du président américain
Barack Obama, qui a plus joué les médiateurs que les leaders, les
concessions du président chinois Hu Jintao et la présidence du premier
ministre britannique, Gordon Brown, ont été décisives dans le succès
d'une réunion saluée par les marchés financiers. "Le monde s'est
rassemblé pour combattre la récession, pas avec des mots, mais avec des
réformes", a saluél'hôte du sommet.
Mobilisation de moyens pour
éviter la syncope financière. M. Brown s'est réjoui de pouvoir afficher
le chiffre colossal de 1 000 milliards de dollars (745 milliards
d'euros) supplémentaires à injecter dans l'économie mondiale. Il ne
s'agit pas de plans de relance nationaux supplémentaires, comme en
rêvait M. Brown : l'Allemagne et la France n'en ont pas voulu. "Jamais
il n'y a eu un tel plan de relance économique coordonné au niveau
mondial", a jugé Dominique Strauss-Kahn, directeur général du Fonds
monétaire international (FMI).
Mais il a été décidé de faire
plus en mettant à la disposition des pays les plus en difficulté de
nouveaux moyens financiers via les organisations internationales.
Le
FMI va ainsi voir ses moyens tripler à 750 milliards de dollars.
Quelque 250 milliards seront financés par de la création monétaire, en
clair la planche à billets.
Mise à l'index des paradis fiscaux
et contrôles accrus pour les fonds spéculatifs. Pendant que M. Brown
parlait "relance", "croissance", "emploi", M. Sarkozy préférait
détailler les mesures les plus techniques prises par le G20, relatives
aux contrôles accrus sur les agences de notation et les hedge funds
(fonds spéculatifs), ou à la comptabilité.
Les
dirigeants du G20 ont également accepté la publication, jeudi même, par
l'Organisation de coopération et de développement économique (OCDE), de
la liste des paradis fiscaux non coopératifs, satisfaisant ainsi la
demande de la France et de l'Allemagne. Le communiqué final du sommet
affirme que "l'ère du secret bancaire est terminée" et que "des
sanctions" seront prises contre les centres fiscaux non coopératifs.
Renforcement
des moyens et pouvoirs des institutions internationales. Les dirigeants
des institutions internationales triomphaient eux aussi. "C'est le
grand retour du FMI", se glorifie à plusieurs reprises son directeur
général M. Strauss-Kahn.
Les banquiers centraux vont eux voir
les pouvoirs de leur Forum de stabilité financière (FSF) renforcés.
Cette organisation, invitée à détecter les risques financiers, va
devenir "une organisation mondiale de la finance", selon l'expression
de M. Sarkozy.
Enfin, le directeur général de l'Organisation
mondiale du commerce (OMC), Pascal Lamy a lui aussi tout loisir d'être
satisfait : les dirigeants de la planète ont pris rendez-vous en
juillet en Sardaigne, dans le cadre du G 7 élargi aux grands émergents,
pour débloquer le cycle de négociation commerciale de Doha, lancé en
2001 et enlisé depuis.
Prise en compte de la mondialisation dans
les "organes" de décision. Le quatrième grand acquis du sommet concerne
les rapports de force sur la planète. "Le G20, ce n'est pas le G7 des
pays industrialisés élargi", expliquent les responsables allemands.
C'est autre chose, un monde où les pays émergents ont leur place et
jouent le jeu.
Le nouveau cercle connaît quelques frictions,
lorsque les occidentaux mettent en avant les organisations dont les
émergents contestent la légitimité, comme l'OCDE, car ils n'en font pas
partie. Mais la Chine, l'Inde, le Brésil ont besoin des consommateurs
occidentaux et ne peuvent laisser s'écrouler l'économie mondialisée.
Cela
mérite des concessions. Ils ont accepté un renforcement des moyens du
FMI sans obtenir immédiatement les droits de vote auquel leur poids
économique leur donne droit. Mais c'est promis, cela sera changé d'ici
à 2011.
Absence de discussion sur les déséquilibres monétaires,
budgétaires. Dans l'euphorie, il est un sujet qui n'a été abordé que du
bout des lèvres, celui d'avoir des finances publiques saines à long
terme. Les Allemands s'en inquiètent, qui estiment que rien ne sert de
faire des dépenses supplémentaires. Au lieu de rétablir la confiance,
on va finir par faire réapparaître le spectre de l'hyperinflation.
Le
G20 n'a pas non plus parlé taux de changes. "C'était prendre le risque
de ne rien obtenir sur la régulation", estime M. Sarkozy, qui compte
"se battre" pour le mettre à l'ordre du jour du prochain G20.
Après
celle de Washington en novembre 2008 et de Londres, une troisième
réunion a été convoquée dans la foulée de la prochaine assemblée
générale de l'ONU à New York en septembre. Le temps des G7 est révolu.
Arnaud Leparmentier, Virginie Malingre et Anne Michel Paris, Avril 2009
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