Délocalisations
et emploi : Du diagnostic à l'Action
Colloque
à l'Assemblée Nationale
Paris, France
Décembre 2004
Invités
Eric Besson
Marylise Lebranchu, député Côtes D'armor
Arnaud Montebourg, Député Saone et Loire
Pan Richar Falbr, PS tchèque, avocat, membre du
PSE
Didier Migaud, député isère
Gäetan Gorce
Marie Noëlle Lienemann
Augustin Bonrepaux
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Eric
Besson procède à l'introduction
du débat : Il peut y avoir interférence avec
le débat sur le traité constitutionnel, mais
il doit y avoir un consensus général quant aux
questions que nous allons aborder. Il se peut que nous partagerions
le diagnostic mais que nous divergerions sur les solutions.
Pour le ministre de l'économie et des finances, la
France décroche pour tout un ensemble de raisons que
promeut la vision néo-libÈrale traditionnelle.
Un débat serein, sans caricature est recommandé...
Les délocalisations
Rappel historique :
cette thématique est née dans la campagne américaine
de 1992 par rapport au débat sur l'ALENA dans la bouche
de Ross Perot. Sommes-nous fondés à accorder
la même importance à ce débat en Europe
?
Quelle ampleur ?
Il faut, pour comprendre le phénomËne utiliser
des indicateurs qui soient cohérents dans la mesure
où ceux-ci sont rarement parlants. Il existe une complémentaritÈ
entre la production, les investissements et les flux de capitaux
transnationaux.
Quel est l'indicateur approprié ?
Celui du solde commercial de la balance courante semble être
le meilleur. La part des pays en développement augmente
mais elle est revenue à un niveau des annÈes 60, après
un peak au début des années 90. Les USA représentent
90 % du déficit général des pays du G7
vis-à-vis de ces pays. L'Europe et la zone japon réussissent
à dÈgager un excédent. Si l'on considère
le transfert inverse, les excédents devraient être
importants.
Or ce n'est pas le cas.
Les pays PECOS ne parviennent pas à équilibrer
leur balance des paiements, à l'exception de la Chine.
L'excédent chinois est 1/15eme cependant du déficit
total américain. Il faut donc relativiser les ordres
de grandeur auxquels on fait référence.
Quelles explications ?
Au cours des 7 dernières années, les emplois
industriels ont baissé de 17% aux USA, 9% en allemagne,
pour seulement 5% en France.
Quelles solutions ?
Mais ce n'est pas un sport de compétition,
mais plutôt un jeu à somme constante où
chacun est gagnant. Il reste donc une large place pour l'action
publique dans ce domaine.
François Kalfon
Suivant la définition apportée au sujet,
le problème n'est pas le même. L'exemple des
usines qui se réimplantent ailleurs, ou des retours
sur investissements comme dans le cas des usines Renault en
Slovaquie, avec les retours de la Logan sur le marché
national. La réalité statistique est difficile
à cerner. Il faut dÈfinir une méthode. La définition
n'est pas stablisée. Des outils statistiques encore
à construire. Nous disposons d'un faible recul temporel.
Les données chiffrées sont insuffisantes. Les
chiffres font apparaître une perte et une création
quotidienne de 10000 emplois.
Les délocalisations, étape suivante de la mondialisation.
Temps 1 de la mondialisation : La rationalisation industrielle...
Les moteurs en sont la réduction des coûts, la
substitution travail/capital etc...
Temps 2 de la mondialisation : Dématérialisation,
notamment...
Lier le problème ý la territorialité. La concurrence
est différentes suivant les zones, et les moyens divergent
suivant les zones que l'on prend en compte (régions,
France, nouveaux entrants, Europe, monde)
Augustin Bonrepaux,
député de l'Ariège expose la situation
particulière de son département à la
lumière des explications qui ont précédé
en donnant des exemples précis de la manière
dont certaines entreprises gèrent cette situation.
Il rappelle que le fait régional est grandement renforcé
dans le nouveau traité constitutionnel.
Marie Noëlle Lienemann, pense que le
problème est plus grave à l'aune de la situation
du Pas de Calais. Elle y verrait le thème central de
la campagne de 2007 et insiste sur le volontarisme nécessaire
en la matière. Elle constate que la thématique
profite depuis son introduction au Medef et ý Sarkozy, avec
l'argument de la performance et de la productivité.
Les stratégies de la peur sont celles de la droite.
Elle prône, avec raison, le renforcement des pouvoirs
des salariés au sein des entreprises. Rendre les licenciements
boursiers plus coûteux, voire réduire des aides
à ces entreprises.
Réarmer les salariés...
Est-il tabou de parler de capital public pour agir ? Une délocalisation
oubliée, est celle des donneurs d'ordres français
qui externalisent en sous-traitant, avec un effet terrible
sur les PME. Il faudrait des fonds publics qui ne soient pas
uniquement des fonds d'état. En particulier pour la
reprise des entreprises, exemple des entreprises viables jugées
insuffisamment rentables par le marché. Renforcer la
recherche, les stratégies industrielles. L'espace-temps
est une catastrophe actuellement en France.
Didier Migaud,
député, parle d'une réaction insuffisante
aux attaques politiques de 2001-2002. Il faut éviter
les pièges tendus. La présentation des choses
est importante. Il ne s'agit pas de nier le problème,
même s'il n'est pas réellement avéré.
Il faut avancer les causes réelles de ce phénomËne
dans le débat. Car ces thématiques servent à
diminuer les salaires et les impôts, en particulier
ceux sur lesquels s'appuie la redistribution sociale des ressources
fiscales. Dire que l'on peut régler le problème
sur un stricte échelon national est une erreur.
Nous avons l'Europe, il faut qu'elle agisse.
Le moins disant fiscal, dans un contexte d'harmonisation est
plutôt une menace. Les réponses et les solutions
sont complètement différentes de celles qu'envisagent
les conservateurs. Le déclin européen nous menace.
Les USA sont bien plus pragmatiques dans la mesure où
ils n'appliquent pas toujours les préceptes libéraux
qu'ils prêchent.
Pan Richar Falbr, PS tchèque, avocat,
membre du PSE, qui s'exprime en Tchèque, sur
les délocalisations chez les nouveaux entrants. Il
est l'ancien président de la confédération
des syndicats tchèques. Les investisseurs ont été
bien accueillis dans les annÈes 90. Nous n'avons jamais souhaité
conserver nos ressources propres sous des formes de rattachements
nationales. Il est inutile de craindre l'adhésion des
nouveaux membres, quant à l'emploi et le chômage
car c'est tout à fait injustifiÈ. L'élargissement
n'a pas entraînÈ un exode massif. Nos pays ne sont pas
si misérables. C'était la crainte de l'Allemagne
et de l'Autriche, notamment. Les prix augmentent de manière
rapide, notamment pour l'eau et les fournitures premières,
y compris dans le secteur de l'alimentation où Carrefour,
par exemple, est trËs présent. Les syndicats français
doivent veiller à ce que les investisseurs se comportent
de la même manière en France et chez nous, en
République Tchèque. Si les codes du travail
sont violés, il faut contacter l'OCDE. Il existe une
ligne directrice contraignante plus efficace par ce biais.
L'OCDE, se trouve d'ailleurs à Paris. Les entreprises
qui s'implantent apportent néanmoins de la technologie,
de la richesse. Il est probable que le niveau de vie des européens
va s'accroître et ce phénomène se serait
produit même sans l'élargissement. C'est pour
lui plus une relocalisation, qu'une délocalisation.
En ce qui concerne le domaine de l'harmonisation, nous sommes
contre les discours sur le dumping fiscal. Il faut être
plus offensifs. 40 millions d'américains n'ont pas
de couverture sociale. L'armement y est le secteur majoritaire.
En Slovaquie, les impôts sont de l'ordre de 15%.
Arnaud Montebourg,
Député Saone et Loire, estime qu'une
utilisation politique est faite. Ne nous laissons pas instrumentaliser.
Nous sommes souvent en retrait, ou en retard, sur ces sujets.
Les américains ont dix ans d'avance. Ce n'est pas un
terme économique, mais journalistique. Qu'y a t-il
derriËre les faillites ? (45000 faillites par an en France).
Il n'y a pas eu d'intégration et de définition
d'une méthode pour travailler pour l'instant. Les français
sont sensibles à ce problème à l'heure
où les services sont à leur tour menacés,
et on n'est donc plus seulement dans le cadre de la désindustrialisation.
L'inquiÈtude grandit. Il faut requestionner le libre-Èchange.
Il n'a que 40 ans d'âge. L'abaissement des barrières,
puis la création de l'OMC, la mondialisation, le dumping
monétaire sont des époques qui ont suivies.
Désertons-nous le terrain ou réarmons-nous
le politique ?
Créer des limites, du droit, de la régulation.
L'OIT dès 1994, réclamait l'intégration
des clauses sociales et environnementales dans les négociations
OMC. Ça n'a pas été possible. Or il existe
un salaire mondial pour les marins par exemple. Quand la volonté
politique est là, les réponses émergent.
Nicolas Sarkozy vient sur le terrain des progressistes, en
avanÁant sur le terrain libéral. La droite n'entre
pas sur le terrain régulateur. Nous n'avons plus de
politique commerciale nationale, celle-ci étant déléguée
à l'Union. Il ajoute que, pour cette raison, le traité
lui pose un problËme.
Eric Besson
rappelle la position du bureau national. Le débat n'est
pas du à l'arrivée de Sarkozy sur ces questions.
Il est né il y a dix ans, et a été défendu
à l'issue du congrès de Dijon.
Marylise Lebranchu,
députée Côtes D'armor, rappelle
les réunions qui ont eu lieu en 1998 jusqu'en 2000,
en tant que secrétaire d'état aux PME et qui
n'ont pas suffisamment été pris en compte à
l'époque. Elle résume les réponses formulées
et appliquées à l'époque. Le parti ne
découvre pas le sujet. Les sujets n'ont pas été
suffisamment présents dans les préoccupations
publiques, et en termes de prise en compte médiatique.
Une des rÈponses, à part la recherche, le développement,
les aides, était une intervention de type public pour
embaucher des ingénieurs et des salariés diplômés.
On ne tient pas assez compte du rôle des pays émergents
dans le phénomène. On oublie des outils d'états
comme les stratégies de codéveloppement. On
a eu des politiques et l'on fait souvent comme si cela n'avait
jamais existé. Soyons vigilants sur les termes, en
particulier sur le vocable de politiques publiques. Les partenaires
sont devenus des concurrents en faisant l'acquisition de savoirs
faire régionaux (exemple du textile). Il peut y avoir
des problèmes sur la notion de gouvernance dans les
entreprises publiques au niveau de la transmission des informations
stratégiques ou de direction. Les différentiels
concurrentiels auraient parfois pu être comblés
à temps si on avait pu anticiper.
Quels moyens de veille pouvons-nous avoir au niveau de ces
groupes semi-publics ? (exemple de ST Microelectronics). Nous
avons perdu des emploi en non localisations, dans le cas par
exemple de l'Irlande... Que fait-on pour les salariés
? Pour la syndicalisation ? Quelle écoute pour les
salariés ? Les salariés n'ont pas toujours été
entendus, or ils se trompent rarement sur leurs diagnostics,
et les alertes qu'ils lancent.
Il faut liaisonner la veille politique et des solutions
d'anticipation qui soient plus efficaces.
Le politique paraît loin. Il est très
présent au moment de la crise, mais c'est souvent trop
tard.
Gaëtan Gorce
pense qu'il faut ouvrir de nouvelles pistes, être plus
pédagogiques et ne pas avoir peur de ce problème
pour s'y attaquer à bras le corps. Les secteurs de
main d'úuvre sont tous menacés. Nous devons avoir cette
réalitÈ en tête. Ne pas en avoir peur parce nous
avons les moyens d'y faire face à condition que nous
ayons une volonté politique réelle. La France
est relativement protégée. L'industrie représente
20% de la valeur ajoutée, mais il y a pourtant un vrai
problème. Tout ne repose pas sur les normes et l'harmonisation.
Les emplois sont moins remplacés qu'avant. Il y a une
atonie, une insuffisance en matière économique
et d'emploi. La politique mise en úuvre est directement responsable
d'une part importante de la situation actuelle.
Pourquoi prenons-nous du retard ?
Nous perdons de la compétivité, des innovations,
la recherche étant le parent pauvre des budgets actuels.
Ces retards sont graves. Plus de richesse, c'est une plus
grande capacité de redistribution. Une vraie politique
d'aménagement du territoire. Une vrai bataille sur
la question du budget européen. Les moyens alloués
vont dans le sens inverse de ce qui est nécessaire.
Les bases d'harmonisation ne peuvent pas être la seule
solution. L'Europe sociale ne peut tout régler et surtout
pas d'une manière strictement institutionnelle. Discutons
avec nos partenaires syndicaux. Notre responsabilité
est d'engager la bataille sur le terrain des propositions
en engageant tous les débats politiques nécessaires,
sur la croissance, la solidarité entre les territoires,
etc...
Questions
Le président d'Information
Sans Frontières suggère la mise
en place, face à la relative atonie en matière
d'emploi d'une économie davantage financiarisée
que précédemment, d'investissements publics
européens, dans une logique industrielle et commerciale,
comme cela a été le cas pour l'espace ou l'aéronautique,
et plus récemment, le positionnement GPS, et ce dans
les domaines de l'Infoware, des Biotechnologies, des nanotechnologies,
ou des technologies énergétiques, notamment
autour de l'Hydrogène.
Deuxième
Débat
Pascal Lamy,
commissaire au commerce international
Dominique Strauss-Kahn, député du Val d'Oise
Jean Le Garrec, député du nord
Henri Emmanuelli, député des Landes, président
du conseil général
FranÁois Hollande, premier secrétaire du PS
Jean-Louis Levet, rapporteur
Jean-Louis Levet,
rapporteur, rappelle le contexte.
Les importations ont beaucoup augmenté depuis 1993
de 45 à 57%. Ce sont souvent des délocalisations
défensives qui ont lieu, parce que l'on est devenu
moins productif que ses concurrents. dans les secteurs, 30%
des groupes mondiaux ont externalisé leurs fonctions
administratives. Même si l'Inde et la Chine rejoignent
l'économie mondiale, leurs niveaux de vie vont être
durablement inférieurs aux notres. Face à l'accélération
de la mobilité des entreprises, l'industrie redevient
un thème politique majeur. L'industrie n'est pas uniquement
manufacturière (énergie, BTP, etc), l'industrie
c'est en fait 40% de la valeur ajouté, 30% des emplois,
85% du R&D, et une part majeur de l'investissement (50%).
Cet enjeu est aussi au cúur de la stratégie du développement
des régions.
La droite est dans une attitude très classiquement
néo-libérale et réussit l'exploit de
faire en sorte que la France en quelques années soit
devenue une économie de marché, au sens propre.
Quelles Solutions ?
1 - construire une politique industrielle ambitieuse et globale.
Seule un projet ambition peut nous permettre d'atteindre nos
objectifs, dans le cadre d'une approche démocratique.
2 - Le territoire n'est pas une plate-forme off-shore que
l'on met en concurrence. L'action collective doit permettre
de créer une structure commune pour les régions.
Reconstruire les leviers de l'état. Absence de capacité
stratégique.
3 - Rééquilibrer les rapports capital/travail.
Développer la démocratie salariale, nouveau
leviers d'action pour la responsabilité sociale de
l'entreprise.
4 - Avoir une stratégie globale européenne (paradis
fiscaux, coopérations, etc )
Jean-Marie Toulisse,
CFDT, insiste sur la rencontre de François Hollande
et de François Chérèque qui avaient prévu
de travailler en commun. Dont acte. La difficulté qu'éprouvent
les syndicalistes face à cette situation est encore
plus grande que celle des politiques. La rigueur économique
qui est exigée en regard des idéaux internationalistes
que l'on souhaite défendre. La société
est malade de l'exclusion de l'autre et les thèmes
du rejet y trouve un terreau malheureusement propice. Les
syndicats n'ont pas l'impression de parler de la même
chose que les politiques quand on se penche sur le sujet.
La France touche plus d'argent de ses revenus issus de ses
investissements que de son activité industrielle effective.
Les délocalisations sauvages doivent être combattues
bec et ongles. Les réalités sont fort diverses.
Voici nos propositions :
1 - Si on veut pouvoir redistribuer de la richesse, il faut
une vraie politique industrielle.
2 - Ce sont les grandes entreprises qui créent l'emploi.
Nous avons beoin de grandes entreprises. De champions européens.
Quand nous regardons le tissu européen des entreprises
on constate un retard important vis-à-vis des USA.
3 - Organisation de réseaux d'entreprises (territoriales,
nationales, sécurisation juridique internationale,
etc)
4 - Il faut associer à tout produit industriel une
part croissante de services, ce qui renforce ses chances d'être
vendu. La marge se fait sur le service de distribution, plutôt
que celui de la production.
5 - Il nous faut des politiques sectorielles publiques fortes.
En mettant en synergie les différents acteurs, coordonner
les efforts, y compris privés. L'intervention publique
est nécessaire. C'est un faux débat de dire
que c'est dépassé.
6 - Des pôles de compétitivité.
7 - Les services d'intérêt général
doivent être renforcé.
8 - Responsabilité sociale des entreprises (donner
aux syndicalistes des moyens nouveaux, notamment en amont,
dans le cadre de la gouvernance des entreprises)
9 - Levier de l'Harmonisation.
Jean Le Garrec
approuve le rapport Levet.
Les politiques industrielles sont souvent abordées
d'une maniËre trop générale, macroéconomique
et insuffisamment microéconomique. Elu du Nord, il
connaît bien le problème. Il faut réhabiliter
la visibilité ý cinq ans de la planification. On ne
dit pas suffisamment que nombre d'entreprises sont tuées
par les marges arrière que pratique la distribution.
Il faut dissocier les problèmes pour avancer. La prévention
a malheureusement montré ses limites et le problème
de l'information est crucial, car, en général,
le feu est déjà dans la maison quand elle a
lieu.
Soutenir les salariés, grâce à des réseaux
solidaires d'informations paraît essentiel (Exemple
préoccupant de Colgate, et de la part que Nestlé
occupe dans le capital de certaines entreprises de L'Oréal).
Il s'agit de toujours bien cerner la nature des rapports de
force.
Propositions :
1 - Une politique de grands travaux...
2 - Mieux répartir les aides à la recherche,
notamment en Europe, où elles sont globalement supérieures
à celles des USA.
3 - Capacité de lancer des programmes d'investissements
publics pour des domaines industriels et commerciaux, comme
l'énergie et les nouvelles technologies.
4 - Renforcer les réseaux entre le privé, les
syndicats, les élus, la société civile
et les salariés. Il y a eu des dizaines de milliers
d'audits lors de l'instauration des 35 heures, qui ont révélés
des aspects inconnus de leurs propres entreprises aux patrons
qui les dirigeaient.
Pascal
Lamy part d'une juxtaposition entre le
front froid des chiffres et le front chaud de la perception
des problèmes et des anxiétés qui y sont
rattachées. Ces anxiétés sont absolument
globalisées en chaîne. Nous sommes tous le délocalisé
d'un autre. Il y a eu une très grosse étude
du CEPI sur l'avenir de l'insertion de l'industrie européenne
dans le monde. Nous avons un solde qui s'est accru. La photo
est bonne globalement.
Cette bonne tenue s'est faite parce que nous occupons des
positions là où nous vendons du travail cher.
Mais serons-nous capables de rester à ce niveau si
notre recherche décline ?
Citons les exemples de L'automobile, des chantiers navals,
ou du textile.
Pour l'automobile, nous sommes toujours leaders. Malgré
les quotas de voitures japonaises, nous avons accepté
l'ouverture, et nous en avons profité.
Pour les chantiers navals nous ne pouvons faire des bateaux
que dans les domaines extrêmement sophistiqués.
Le textile est un mixte. Les secteurs bas de gamme se portent
mal. Redistribution des taches dans l'espace euro-méditérranéen.
Les stratégies peuvent être différentes
secteur par secteur.
Propositions : Au niveau moyen (europe)
1 - Organiser l'espace européen. Organiser la recherche
(nous en sommes très loin)
2 - Jouer sur les facteurs de concurrence, le social, le fiscal,
l'environnemental. Analyser les différentiels transnationaux.
Les délocalisations sont plus évoquées
pour des raisons environnementales que sociales. Sur le plan
fiscal, alors qu'il y a une capacité d'harmonisation
(exemple de la Pologne, pays pauvre qui va se développer
et donc augmenter ses taux), ce n'est pas le cas pour l'Irlande,
qui doit harmoniser les bases de l'impôt sur les sociétés.
3 - Dans le domaine monétaire : se doter d'une ligne
directrice en matière de changes.
4 - La politique industrielle est en voie de réhabilitation
politique (exemple de Galiléo et de ses enjeux.
Au Plan Mondial
Les projets sont analogues même si les problèmes
sont plus compliqués à résoudre dans
ce cadre.
1 - Faire correspondre les standards, notamment environnementaux.
La Chine est en train de se rendre compte des conséquences.
La Russie a ratifié Kyoto. Il est difficile de coexister
avec un voisin qui ne respecte pas les mÍmes normes.
2 - Lutte contre les paradis fiscaux, etc.
Je termine en disant que si j'ai parlé plus d'environnement
que de social, c'est parce que nous avons largement sous estimÈ
cet élément...
Henri Emmanuelli
contre attaque sur l'idée de l'Europe. Rappelle ses
affrontements avec Rocard sur le thème de l'industrie.
(Henri Emmanuelli était prÈsident de l'assemblée
en 1992, au moment de Maastricht, et avait dirigé la
campagne du oui... NdA). Sachons faire la différence
entre populaire et populiste...
Exemple du différentiel euro/dollar qui reprÈsente
4 fois l'impact des 35 heures. Attention au sacrifice de la
recherche...
Propositions :
1 - Politique de change...
2 - Politique commerciale qui favorise l'emploi.
3 - Politique industrielle qui résiste à l'hostilité
des habitants sur les sites. Le risque zéro n'existe
pas... Il faut créer de grandes zones industrielles
spécifiques...
Dominique Strauss-Kahn
dit qu'il est temps de reprendre l'offensive sur ce terrain.
L'industrie est évident un enjeu majeur. C'était
même la priorité. On ne sait pas construire une
économie sans industrie. Les fins politiques du débat
sont claires. Sarkozy voudrait reporter ses propres échecs
sur une sorte de malédiction internationale. Les économistes
tendent à minimiser le phénomène où
à en faire un élément positif pour le
sud ou pour le nord, en terme de prix de biens industriels
de consommation. Il parle d'une forme de banditisme, de flibusterie
fiscale entre états européens. Le basculement
de bassins de populations larges dans le sous-emploi, la précarité,
ou le chômage.
Où va se localiser la création de richesse ?
L'existant est plutôt bon mais la tendance est négative.
Les flux d'investissements vers le sud représentent
4% des investissements reçus. Les concurrents qui s'unissent
profitent de la situation, contrairement à ceux qui
s'affrontent. En matiËre macro-économique, tant que
nous n'avons pas de gouvernement économique et monétaire
nous ne bénéficions d'aucun des avantages dégagés
et sommes donc moins attractifs. Le change n'est pas maîtrisÈ
parce qu'il n'y a pas de voix qui s'exprime par rapport à
l'euro. Les traités donnent les orientations du change
au conseil et non à la banque centrale.
Si nous ne faisons pas les effort de R&D de Lisbonne,
nous ne bénéficierons d'aucun des instruments
que nous pourrions mettre en place, l'enseignement supérieur
est d'ailleurs lui aussi lié. La coordination, et la
centralisation des politiques de recherche en dÈpendent. Le
reste est de second ordre. La croissance est à ce prix.
En France, tout ce qui est lié aux servies publiques,
n'est pas seulement une satisfaction politique, c'est une
réalité économique. Nous avons besoin
de retours immédiats en termes de recherche surtout
quand les besoins sont urgents. Il faut des moyens de rétorsion
à utiliser vis-à-vis des patrons voyous. Nous
disposons d'instruments qui sont mobilisables à court
terme. Les interventions dans les entreprises ne doivent pas
se limiter à des participations dans les investissements
financiers mais aussi dans le capital direct de l'entreprise.
Effectuer les prises de capital nécessaires et intervenir
sur l'emploi. Instrument indispensable du maintien de l'activitè.
Mobilisation de l'instrument public. En 83, le RMI a été
inventé avec la mutualisation des risques des mutations
industrielles. Cette idée doit être réactivée
aujourd'hui. Reprenons l'offensive. Le piège politique
est d'être entraîné sur le terrain de la
droite, alors que nous thématiques sont dominantes.
Après les questions, le colloque s'achève avec
l'allocution de François
Hollande.
Les
Multinationales
Colloque
à l'Assemblée Nationale
Paris, France
Mars 2005
Europe
et Délocalisations : Agir est Possible
Les
socialistes du PSE fixent le programme d'une Europe sociale
Dernière
: Pascal Lamy dans la course au poste de directeur général
de l'OMC
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