La mère et l'enfant, nouvelle priorité des Nations unies
Par Laurence Caramel et Corine Lesnes |
Si
la communauté internationale tient cette fois-ci ses promesses, des
millions de femmes des pays en développement qui mettent au monde leurs
enfants dans les pires conditions - enfants qui meurent souvent avant
leurs 5 ans - peuvent avoir l'espoir de recevoir les soins et
l'attention qui chez nous sont devenus "une routine". Le secrétaire
général de l'ONU, Ban Ki-moon a annoncé, mercredi 22 septembre, lors de
la clôture du Sommet sur les Objectifs du millénaire pour le
développement (OMD), le lancement d'une "Stratégie globale pour la
santé maternelle et infantile" sur laquelle près de 40 milliards de
dollars (29,9 milliards d'euros) devraient être mobilisés au cours des
cinq prochaines années. Les Etats-Unis, l'Australie, le Royaume-Uni et
la Fondation Bill et Melinda Gates, les principaux donateurs, se sont
fixés de faire accéder 100 millions de femmes à des " méthodes modernes
de planning familial" d'ici à 2015. Une multitude d'autres acteurs -
institutions de coopération, entreprises, ONG - sont aussi impliqués
dans ce partenariat sans précédent, qualifié "d'exhaustif" par M. Ban
Ki-Moon.
Vingt-six
pays en développement dont dix-huit africains ont pris l'engagement
d'augmenter leurs dépenses de santé, notamment pour former du personnel
médical et étendre l'accès gratuit au soin. Dans certains pays
d'Afrique subsaharienne, une femme sur huit meurt en couche et le taux
de mortalité des enfants de moins de 5 ans reste en moyenne 25 fois
supérieur au niveau européen
Cette initiative doit permettre de
réaliser enfin des progrès sur les deux OMD qui avaient été les plus
négligés jusqu'à présent : la réduction de la mortalité infantile et la
baisse de la mortalité maternelle. L'ONU espère que ce nouveau
programme permettra de sauver plus de 15 millions d'enfants de moins de
5 ans entre 2011 et 2015, d'éviter 33 millions de grossesses non
désirées et d'empêcher que 740 000 femmes meurent de complications
liées à la grossesse et à l'accouchement.
Cette stratégie est
aussi la seule preuve d'envergure de la mobilisation affichée par tous
les pays à l'occasion du dixième anniversaire des OMD. L'engagement de
réduire de moitié l'extrême pauvreté dans le monde d'ici à 2015 a été
réaffirmé dans un document final qui fixe, le chemin qui reste à
parcourir.
"Impératif stratégique"
Si
les pays donateurs ont été rappelés avec insistance à leurs
engagements, notamment par le premier ministre chinois Wen Jiabao qui a
demandé aux pays industrialisés de porter le plus vite possible le
montant de leur aide à 0,7 % de leur richesse nationale, les pays en
développement ont aussi été placés face à leurs responsabilités. En
particulier par le président américain : "Il n'y a que vous qui pouvez
conduire vos pays vers un avenir plus juste et plus prospère", a-t-il
insisté.
Barack Obama a choisi le Sommet sur les OMD pour
exposer sa nouvelle politique d'aide au développement. Celle-ci, qui a
fait l'objet d'une directive présidentielle publiée en même temps par
la Maison Blanche, est le produit d'une année d'efforts conduite par
les seize agences qui interviennent dans ce domaine. "C'est la première
politique de développement jamais publiée par un président des
Etats-Unis", a souligné Mike Froman, le conseiller présidentiel pour
l'économie internationale. Elle reflète la stratégie de sécurité
nationale établie en mai, selon laquelle le développement est un
"impératif stratégique, économique et moral" pour les Etats-Unis.
Maître mot : la sélectivité pour maximiser l'impact de l'aide. Les
Etats-Unis entendent concentrer leurs actions sur les pays ou les
sous-régions qui ont mis en place la gouvernance nécessaire, et où les
conditions de succès sont suffisantes. "Pour parler simplement, les
Etats-Unis vont changer de méthode", a dit M. Obama dans son discours,
regrettant que la politique américaine ait été trop longtemps définie
par le montant des sommes engagées et les quantités de nourriture et de
médicaments. "Mais l'aide à elle seule ne signifie pas le
développement, a-t-il dit. Il faut plus que la seule aide pour libérer
le changement."
Le volume de l'aide américaine ne devrait pas
être affecté mais la répartition pourrait évoluer. M. Obama a toutefois
précisé que son gouvernement tiendrait les engagements pris. "Nous
n'abandonnerons pas ceux qui dépendent de nous pour leur survie",
a-t-il dit. Les Nations unies se sont donné rendez-vous en 2013 pour faire un nouveau bilan sur les OMD avant l'échéance de 2015.Septembre 2010
La réduction de la pauvreté au centre d'un sommet de l'Onu MI lance un vaste plan d'aide en faveur des pays les plus pauvres
Abonnez-Vous au Monde
Retour à La Pauvreté
Retour au Sommaire
|