La réduction de la pauvreté au centre d'un sommet de l'Onu

Par Louis Charbonneau et Patrick Worsnip aux Nations unies, Philippe Bas-Rabérin pour le service français




Les successeurs des signataires du document de l'an 2000 sur les OMD, qui représentaient plus de 150 pays, se rassemblent du 20 au 22 septembre et devraient s'en tenir à leur engagements.


Selon une étude de la Banque mondiale, l'un des principaux objectifs visés - réduire de moitié la pauvreté dans le monde d'ici à 2015 - sera sans doute rempli.

Les progrès réalisés reflètent en grande partie la prospérité croissante de la Chine et de l'Inde, mais cette évolution ne touche guère l'Afrique, où 38% des populations vivront probablement sous le seuil de pauvreté en 2015.

On enregistre nettement moins de progrès sur des objectifs comme la réduction de la faim et de la malnutrition, l'accès aux soins médicaux et à l'éducation, l'égalité hommes-femmes, la lutte contre le changement climatique ou l'assistance aux mères et aux nouveau-nés en péril.
La reprise économique internationale demeurant fragile, certains s'interrogent sur le réalisme des OMD.

Pour les couches pauvres, les effets de la crise économique internationale sont exacerbés par la hausse du prix des denrées alimentaires et des carburants ainsi que par les pertes d'emplois qui entraînent une baisse des mandats que les expatriés envoient dans leurs pays. Lors d'une interview à Reuters, le secrétaire général de l'Onu, Ban Ki-moon, a défendu le projet de déclaration de l'Onu pour une action mondiale sur les OMD. Il répondait ainsi à des agences humanitaires qui jugent le texte trop imprécis.

"Il faut être réaliste, a-t-il dit. Ce document de clôture est le maximum et le mieux que l'on puisse escompter à l'heure actuelle (...) Nous devons toujours fonder notre politique et nos priorités en tenant compte des réalités sur le terrain."



PRIORITÉ AUX PLUS PAUVRES

Le sommet, où interviendront le président américain Barack Obama, son homologue français Nicolas Sarkozy, la chancelière allemande Angela Merkel et le président iranien Mahmoud Ahmadinejad, précède la session annuelle de l'Assemblée générale des Nations unies. Durant cette session auront lieu d'autres événements, dont une réunion de six grandes puissances sur le programme nucléaire de l'Iran. Des entretiens de haut niveau seront aussi consacrés au Pakistan, au Myanmar, à la Somalie et au Yémen. Ban Ki-moon a exprimé la volonté de voir les pays développés ou émergents respecter leurs engagements à l'égard des plus pauvres même en période de difficultés. "Le défi que nous avons à relever, c'est de mettre en place les moyens dont nous disposons là où ils auront le plus grand impact", a-t-il dit.



Pour Ngozi Okonjo-Iweala, directrice générale de la Banque mondiale et ex-ministre nigériane des Finances, revenir aujourd'hui sur les objectifs fixés équivaudrait à admettre que le monde se désintéresse des pauvres. "Les objectifs doivent absolument rester tels qu'ils sont et nous devons redoubler d'efforts", a-t-elle déclaré à Reuters. "Les pays ont été retardés par la crise financière qui a affecté les taux de croissance et accru le nombre des pauvres, mais ce n'est pas une raison pour redéfinir les objectifs." Le Fonds monétaire international (FMI) et la Banque mondiale estiment que, d'ici à 2020, 71 millions de personnes de plus que ce qui aurait été le cas sans crise tomberont dans la pauvreté. "Il n'est pas réaliste de compter sur des promesses d'augmentation de l'aide au-delà de ce qui a déjà été souscrit", déclare Hugh Bredenkamp, directeur adjoint du FMI, en notant que les riches pays donateurs sont déjà en retrait par rapport à des engagements de 2005 visant à doubler l'aide à l'Afrique.

"Il faut qu'ils étudient comment aider les pays pauvres à accélérer leur développement et leur croissance par des moyens qui ne coûtent pas plus cher", ajoute-t-il en insistant sur la stimulation des échanges et sur le bon usage de l'aide. Le dixième anniversaire de la proclamation des OMD intervient aussi dans un contexte de changement des structures de l'aide internationale et de progrès politiques dans certains pays en développement qui attirent à présent les investisseurs. L'augmentation du nombre des fondations philanthropiques et des fonds internationaux a contribué à l'évolution des modèles d'assistance, qui s'accélère aussi sous l'effet de la présence croissante de la Chine en Afrique et de l'arrivée du Brésil parmi les principaux fournisseurs d'aide aux pays pauvres.



Avec Louis Charbonneau et Patrick Worsnip aux Nations unies, Philippe Bas-Rabérin pour le service français.

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