Des solutions pour lutter contre la famine en Afrique de l’Est
Par Afrique Avenir
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La Corne de l’Afrique est confrontée à la pire sécheresse que la région
ait connue depuis plus d’un demi-siècle. En cause: les faibles
précipitations qui ont caractérisé les deux dernières saisons des
pluies ont conduit à cette catastrophe écologique qui affecte
aujourd’hui les cultures et les populations humaines. La sécheresse
fait flamber les cours des principales denrées alimentaires et la
famine guette.
Afin de lutter contre les effets du réchauffement climatique, il est
essentiel pour l’Afrique de s’y adapter dès maintenant. De nombreux
paysans africains redécouvrent ainsi les cultures traditionnelles comme
le manioc et le sorgho, peu gourmands en eau et résistants à la
sécheresse.
Privilégier
les cultures traditionnelles africaines
Au Kenya, la sécheresse affecte les champs de maïs, la première culture
vivrière du pays. Devant l’ampleur du phénomène, les agriculteurs
retrouvent les avantages des cultures traditionnelles. Dans les
provinces du pays, les paysans n’hésitent plus à replanter du manioc,
un tubercule cultivés par leurs grands-parents.
Moins consommateur d'eau que le maïs, le manioc nécessite également
beaucoup moins de pesticides. De plus, « Rien ne se perd, et on fait de
tout avec le manioc ! », s'enthousiasme Judah Kimev, secrétaire de la
coopérative de Mbuvo. De la farine, des chips à l’alimentation pour lé
bétail, le manioc est une plante miracle pour l’Afrique au point que
les superficies cultivées ne cessent de croître.
Pour Joseph Masyuki, le président de la coopérative de Mbuvo, «
l'objectif est de cultiver 300 hectares en 2012 grâce à l'achat d'un
tracteur, et d'exporter ensuite vers le Soudan du Sud, la
Grande-Bretagne, l'Allemagne. »
Le manioc n'est pas la seule culture traditionnelle à retrouver un peu
de poids au Kenya. L'institut de recherche agricole du Kenya favorise
aussi le développement du sorgho, également résistant à la sécheresse.
3 000 fermiers vendent aujourd'hui leur production à des brasseurs de
bière locaux.
Au-delà de cette redécouverte des cultures traditionnelles, la question
qui se pose pour éviter les crises alimentaires liés à la sécheresse,
touche au rendement agricole. En effet comment permettre
concrètement de maintenir voire d'augmenter la production agricole sur
le continent ?
Augmenter la
quantité et la qualité de la production
Les solutions existent. Il faut assurer l'accès à la terre, à l'eau,
aux semences et à la formation des agriculteurs, et en particulier des
femmes. Quant aux éleveurs, plus durement touchés par la sécheresse, il
s'agit de leur fournir du fourrage, de l'eau et des médicaments pour
éviter que des épidémies ne déciment leurs troupeaux.
Au-delà de l'aspect quantitatif, l'augmentation de la valeur ajoutée
est également nécessaire. "Il s'agit de réorienter la recherche vers
les pratiques des paysans pour les améliorer, ainsi que d'investir dans
des infrastructures de stockage et de transport afin de leur permettre
d'écouler leur marchandise facilement", explique Jean-Cyril Dagorn,
chargé des questions alimentaires et agricoles à Oxfam. Aujourd'hui,
entre 30 et 60 % de la production agricole est perdue entre la ferme et
le marché, selon la FAO.
Enfin, la question des réserves alimentaires d'urgence, mais aussi sur
le long terme, s'avère cruciale pour stopper la volatilité des prix des
denrées alimentaires. Il ne faut plus attendre que la crise survienne
pour faire des stocks. Lorsque les quantités sont suffisantes, ce qui a
par exemple été le cas au Kenya il y a quelques années, les
gouvernements doivent constituer des réserves, tant au niveau national
que régional, qui permettront de juguler la flambée des prix agricoles
en cas de faibles récoltes. Car, selon l'ONU, la raréfaction de l'offre
a provoqué une flambée des prix de 30 à 80 % dans les zones touchées
par la sécheresse au Kenya, et de 270 % en Somalie.
Août 2011
MI
lance un vaste plan d'aide en faveur des pays les plus pauvres
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