Croissance sans précédent des pays en développement, affirme un rapport-phare du PNUD
Avec Le Centre d'Actualité de l'ONU
|
La croissance rapide des pays en développement arrache des millions
de gens à la pauvreté à un rythme sans précédent et reconfigure le
système international dans son ensemble, affirme un rapport-phare de
l'ONU rendu public jeudi 14 mars 2013.
«
L'émergence du Sud est sans précédent par sa rapidité et son ampleur »,
note l'édition 2013 du Rapport sur le développement humain, qui, par «
Sud », désigne les pays en développement et, par « Nord », les pays
développés. « Jamais les conditions de vie et les perspectives de tant
de personnes n'ont évolué de manière aussi rapide et spectaculaire. »
Intitulé « L'émergence du Sud : progrès humain dans un monde de
diversité », le rapport souligne que ce changement est marqué par un
rééquilibrage global plus important que celui observé pendant la
Révolution industrielle, le Sud émergeant comme la principale force
motrice de la croissance économique mondial et du changement sociétal
pour la première fois depuis des siècles. « La Révolution industrielle
est une histoire qui concernait peut-être une centaine de millions de
personnes, mais celle qui s'écrit aujourd'hui en touche des milliards
», assure Khalid Malik, le principal auteur du rapport
La
Révolution industrielle est une histoire qui concernait peut-être une
centaine de millions de personnes, mais celle qui s'écrit aujourd'hui
en touche des milliards
Lancé à Mexico par l'Administratrice du Programme des Nations Unies
pour la développement (PNUD), Helen Clark, et le Président mexicain,
Enrique Peña Nieto, le rapport souligne l'ampleur considérable de la
croissance, au cours des 20 dernières années, des économies de la
Chine, de l'Inde et du Brésil. D'ici à 2020, le rapport estime que la
production combinée de ces trois pays dépassera celle du groupe formé
par les États-Unis, l'Allemagne, le Royaume-Uni, la France, l'Italie et
le Canada. Toutefois, l'émergence du Sud va bien au-delà de ces trois
poids lourds, alors que plus de 40 pays en développement ont su faire
preuve, au cours de la même période, d'un élan plus important que
prévu. Ainsi, l'Indonésie, le Mexique, le Bangladesh, la Tanzanie et le
Yémen ont enregistré une croissance significative, tandis que des États
comme l'Afghanistan et le Pakistan ont affiché certains des taux de
croissance les plus rapides au monde, avec 3,9% et 1,7% en moyenne au
cours des 12 dernières années, respectivement.
Comment le Sud a-t-il atteint de tels niveaux de croissance ?
Le rapport attribue plusieurs de ces changements à des stratégies
nationales intelligentes qui ont permis aux nations du Sud de prendre
part à une économie mondialisée tout en mettant l'accent sur des
programmes de protection sociale pour les plus vulnérables. « La
croissance économique à elle seule n'est pas automatiquement garante de
développement humain », souligne Mme Clark dans l'avant-propos du
rapport. Les États du Sud ne se contentent pas de prendre leur « part
de gâteau » dans le commerce international, ils améliorent aussi les
services de santé et éducatifs, à l'appui de leur croissance, à
l'opposé des mesures d'austérité privilégiées par de nombreux pays
développés, qui amputent les programmes sociaux au nom de la crise
économique. En Amérique latine, plusieurs gouvernements se sont dotés
de programmes de lutte contre la pauvreté et les inégalités, tels que «
Bolsa Familia » au Brésil, « Oportunidades » au Mexique et « Chile
Solidario », au Chili, qui prévoient des transferts d'espèces pour
augmenter les revenus des ménages à condition qu'ils se rendent
régulièrement dans des centres de soins et que leurs enfants soient
scolarisés. Ces politiques ont permis à la classe moyenne du « Sud » de
s'épanouir et, d'ici à 2030, le rapport prévoit que 80% des classes
moyennes mondiales résideront dans les pays en développement et
représenteront 70% des dépenses totales liées à la consommation.
Internet et téléphonie mobile : renforcer la connectivité du Sud
Le renforcement de la connectivité grâce à un accès plus large aux
nouvelles technologies est également un facteur de croissance pour le
Sud. Le Brésil, la Chine, l'Inde, l'Indonésie et le Mexique
enregistrent une activité plus soutenue sur les médias sociaux que
n'importe quel autres pays, à l'exception des États-Unis. En Chine,
plus d'un demi-milliard de personnes se connectent quotidiennement à
l'Internet à partir de leurs téléphones mobiles. En Afrique, la
téléphonie mobile produite en Asie a facilité l'accès aux services
bancaires, améliorant les performances sur le marché ainsi que les
profits des petits producteurs agricoles. Les revenus plus importants
et la démocratisation des technologies ont, selon M. Malik, permis
l'émergence d'une classe moyenne mieux informée et aux attentes
politiques et sociales plus importantes.
« La relation entre les États et leurs citoyens évolue », a-t-il
expliqué lors d'une conférence de presse donnée aujourd'hui. Il a
prévenu que, si les États n'accordent pas l'attention qu'elles méritent
à ces aspirations, des troubles sociaux sont à prévoir, comme ce fut le
cas en 2011 dans plusieurs pays du Moyen-Orient et d'Afrique du Nord. «
Les troubles observés dans plusieurs pays arabes rappellent
opportunément que les populations, et les jeunes en particulier, mieux
éduqués et en meilleure santé que les générations précédentes,
accordent beaucoup d'importance à des emplois de qualité et au fait de
pouvoir s'exprimer sur les sujets qui les concernent et d'être traités
avec respect », souligne le rapport.
Renforcer la coopération Sud-Sud
Le rapport fait par ailleurs état de la hausse des échanges
commerciaux, des partenariats et des projets de coopération Sud-Sud,
qui devraient bientôt dépasser ceux qui se nouent entre nations
développées. « Les partenaires émergents des pays en développement sont
d'ores et déjà à l'origine de politiques sociales et économiques
innovantes et sont des acteurs majeurs dans le commerce, les
investissements et le développement d'autres pays en développement », a
relevé Mme Clark. La Chine exerce ainsi une influence considérable en
Afrique grâce à des investissements dans le commerce et de nombreux
partenariats. Rien qu'entre 1992 et 2011, le commerce chinois en
Afrique subsaharienne est passé d'un milliard à 140 milliards de
dollars. Les migrations d'un pays en développement à un autre ont aussi
récemment dépassé les flux migratoires Sud-Nord. « Dans un monde en
pleine métamorphose, les populations se font souvent à l'intérieur même
du Sud et non plus du Nord vers le Sud », a expliqué le Directeur
régional du PNUD pour l'Asie-Pacifique, Ajay Chhibber.
L'autonomisation des femmes, primordiale pour une croissance durable
Même si les progrès ont été remarquables, le rapport prévient qu'il
reste un grand nombre de défis à surmonter dans les pays du sud,
notamment une population vieillissante, une détérioration de
l'environnement et la persistance d'inégalités. Dans les 104 pays pris
en compte dans le rapport, près de 30% de la population vit en dessous
du seuil de pauvreté. Le rapport souligne aussi que l'éducation des
filles et l'autonomisation des femmes est une condition sine qua non du
développement humain.
Or, de nombreuses nations présentent encore des disparités choquantes
entre hommes et femmes. « L'inégalité entre les sexes est non seulement
tragique parce qu'elle exclut les femmes des opportunités sociales de
base, mais aussi parce qu'elle met en danger les perspectives d'avenir
des générations futures », souligne le rapport. Le document note enfin
les disparités au sein des institutions internationales, qui tardent à
assurer aux pays émergents une présence à la hauteur de leur élan
économique et social. À titre d'exemple, la Chine, qui est la seconde
économie mondiale, ne dispose pas à la Banque mondiale des mêmes droits
de vote que le Royaume-Uni ou la France.
14 Mars 2013
MI
lance un vaste plan d'aide en faveur des pays les plus pauvres
Visitez le Site de l'ONU
Retour à La Lutte contre la Pauvreté
Retour au Sommaire
|