Bonne Nouvelle
Avec Muhammad Yunus, le social business part à la conquête de l'Afrique
Par Stéphanie Wenger, à Tunis
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Pour Muhammad Yunus, le social business peut s'appliquer partout dans le monde.
Muhammad
Yunus, le fondateur de la Grameen bank, Prix nobel de la paix en 2006,
était à Tunis pour lancer une tournée africaine. Le projet vise à
piloter des expériences de « social business » en coopération avec
la Banque africaine de développement.
« Je crois qu'il est possible de reléguer la pauvreté au musée, et
de dire adieu au chômage ». Aujourd'hui, aucun homme politique ne
se risquerait à promettre ce que défend Muhammad Yunus.
Le prix Nobel de la Paix 2006, fondateur de la Grameen bank et
promoteur du concept de « social business », aborde le continent
africain avec un enthousiasme renforcé par le succès d'un modèle qui a
fait ses preuves.
« La façon conventionnelle de faire des affaires vise le profit,
l'enrichissement de celui qui détient l'entreprise, Dans le
social business, l'idée est que le profit est pour les autres », a
expliqué le « banquier des pauvres » à un parterre
d'enseignants et d'étudiants de l'IHEC (Institut des hautes études
économiques de Carthage), à Tunis.
« Mais à la différence de la charité, le modèle économique doit
être autosuffisant. Si profit il y a, il est réinvesti dans le projet
ou dans un autre », poursuit Muhammad Yunus. À la base de ce
concept et de sa réussite, existe aussi la volonté de « régler un
problème » au lieu de faire du profit.
Le social business doit permettre à la fois de créer des emplois mais
aussi de faire naître des opportunités pour l'entrepreneur, que chacun
peut être.
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Épanouissement en Afrique
« Le social business n'est pas réservé au tiers monde, explique
l'économiste bangladais . Nous sommes aux Etats-Unis depuis 2008, avec
six banques à New York et une moyenne de 800 USD de prêt par projet :
le système financier n'est pas en contact le terrain alors que c'est là
qu'il faut soutenir les initiatives ».
Repères
La Grameen Bank compte plus de 8,4 millions de membres, 97% d'entre eux
sont des femmes. Depuis sa création, elle a prêté plus de 12,5
milliards de dollars. La Yunus Social Bank (YSB) installe et gère des
fonds d'incubation pour des social business dans des pays en
développement.
Programme YSB -BAD: A partir de juillet
2013 : mise en place d'un fonds d'incubation et de projets pilotes en
Tunisie et au Togo.
Cette vision, Muhammad Yunus, souhaite la voir s'épanouir en Afrique,
tout comme la Banque africaine de développement (BAD) qui a invité le
prix Nobel à présenter son modèle à Tunis, tout en se proposant de
soutenir des projets pilotes dans le domaine. Après une conférence en
Tunisie le 13 mars, le voyage africain de Muhammad Yunus doit se
poursuivre au Togo et en Ouganda. « Le social business doit permettre à
la fois de créer des emplois mais aussi de faire naître des
opportunités pour l'entrepreneur, que chacun peut être. »
Tunis, pas au hasard
Le point de départ n'a pas été fixé par hasard en Tunisie selon
Muhammad Yunus. « Il s'agit de ma première visite, je me devais d'être
ici où un processus a commencé. Les Tunisiens sont habitués à se
débrouiller seuls, mais s'ils le font, ils ont besoin d'un minimum de
soutien institutionnel, d'un cadre qui les aide, et ils ont besoin de
sentir qu'ils sont citoyens. »
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Une déclaration qui résonne particulièrement alors qu'un vendeur de
cigarette s'est donné la mort par immolation en plein centre de Tunis,
plus de deux ans après le geste désespéré de Mohamed Bouazizi qui a
déclenché la révolution tunisienne. « Les gens savent bien que les
miracles n'arrivent pas en une nuit, estime Muhammad Yunus, affecté par
la nouvelle, mais ils ont besoin d'un processus qui engendre de
l'espoir ; qu'ils puissent se dire : si cela ne change pas
pour moi maintenant, cela va changer pour mes enfants. Le travail
réalisé avec le social business peut créer cet espoir ».
21 Mars 2013
MI
lance un vaste plan d'aide en faveur des pays les plus pauvres
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