Pour une Nouvelle Renaissance européenne I
Le citoyen au cœur de lʼ'Europe : réalité ou illusion ?
Par EuropaNova
Conférence Europa
Modération :
Leendert de Voogd (EYL2013), directeur général de Vigiglobe
Ex-sondeur de l’IFOP, j'ai tenu à analyser le débat d'hier. Dans ce débat de la primaire, il n'a été fait aucune
mention à l’Europe. 431 des 50000 tweets concernent l’Europe, dont un de
Florian Phillipot. Très peu de place pour l’Europe dans le débat
public. Sylvie Goulard a écrit "l’Europe pour les nuls". Il y a ici beaucoup de
représentants de vous tous. Quelques chiffres. Qu’est ce qui n’a
pas fonctionné dans le vote du Brexit ?
Daniel Cohn-Bendit, ancien co-président du Groupe des Verts au Parlement Européen
Qu’est qui n’a pas fonctionné ? Il faut revoir l’histoire. L’Angleterre
a toujours été à reculons dans le processus européen. Antieuropéenne ou presque, elle a laissé se
développer cette idée d’une Europe à la Carte. Voilà ce que l’on veut
retirer de nos obligations européennes. Cameron s’est fourvoyé, malgré
ce qu’il disait. L’aura négative de l’union européenne à été
prédominante. L’Europe veut travailler contre le dumping chinois sur
l’acier et c’est Cameron qui s’y oppose, et le vote pour le Brexit est
plus important dans la région sidérurgique. La classe politique
anglaise a toujours été d’une méfiance, voire d’une malhonnêteté
incroyable, sur la question européenne. Voilà un peu l’histoire.
Sylvie Goulard, membre de la Commission des Affaires Constitutionnelles du Parlement européen Nous
devons éviter de nous focaliser sur les anglais. On se défausse
toujours sur les autres. Il faut que nous nous interrogions sur
nous-mêmes. C’est notre responsabilité de pays fondateurs. Concessions
sur la supranationalité à faire. Dans la tête de beaucoup de gens,
beaucoup ont quitté l’Europe mais l’essentiel n’est pas débattu. On
accorde pas aux sujets l’importance qu’ils méritent. Si L’UE n’avait
pas été inventée, ce serait le moment parfait d’y songer.
Exemple de la lutte contre la pauvreté à Marseille : c’est un des moyens de remettre
l’Europe à l’endroit. Améliorer les conditions de vie des citoyens.
L’ensemble de nos pays ont bénéficié y compris de la libéralisation
européenne, contrairement à ce que pense madame May, qui croit au tout
étatique, ce qui est simpliste, mais séduisant. ATD quart monde nous
permet d’aller au contact des véritables besoins. Le père Brezinsky
avait eu cette intuition. Dans les travaux d’Alistair Duflot, à l’échelle du
monde un rapport prouve et démontre l’avantage d’associer les
populations aux politiques qui les concernent. Il faut radicalement
changer la méthode.
Comment se réapproprier ce projet ?
Guillaume Klossa, fondateur d'EuropaNova, ancien sherpa du groupe de réflexion sur l'avenir de l'Europe (Conseil Européen)
Une feuille de route commune est la base. La réponse ne viendra pas des
chefs-d’états. Il faudra changer de méthode. Un référendum n’est pas
satisfaisant. Il faut rétablir les démocraties sur le terrain, se
confronter aux associations humanitaires, etc. Il faut le faire.
Des gens qui ont des idées, une vision et que c’est partagé sur le
terrain par tous quitte à avoir des visions qui se confrontent. Il faut
beaucoup de respect. Même de sens… Les plus démunis ont envie de
challenges et d’idées, de perspectives. Les citoyens se sentent exclus.
Notre responsabilité, c’est d’inclure ; un questionnement fondamental
sur la démocratie se pose partout, y compris en Finlande. Un minimum
d’éducation civique en commun est nécessaire. La base de nos valeurs
devrait être comprise de manière quasi-unanime. Un minimum de
transnationalité. Des mécanismes d’association continue des citoyens.
Ils pensent que l’union européenne ne fonctionne pas bien. Au niveau
européen, la satisfaction des citoyens sur les politiques européennes :
38% sont pour au déficit de l’Europe. Il faut arrêter de se trouver des
excuses, selon que la perception est mauvaise. L’Europe est encore plus
loin que l’état. Une insatisfaction qui n’est pas seulement européenne.
Cynthia Fleury, philosophe et psychanalyste, professeur a ̀l'American University of Paris et vice-présidente d'EuropaNova
L'impression de déception de l’UE est grandissante. On peut se lamenter
devant un état de fait, ou bien se dire qu’il y a un laboratoire moderne
pour réinventer les institutions ou la démocratie. Liberté
d’association, la liberté des anciens trop restrictives, ni des
modernes, trop fluctuante et imprécise. Il n'y a pas de vraie citoyenneté en
Europe qui ait été mise en place. Le référendum d’initiative populaire n’existe
pas. Actions universelles, faire que les ressources matérielles de
l’Europe se transforment en ressources existentielles qui viennent
changer votre vie. C’est un impensé. Et pourtant c’est possible. Soit
l’Europe est sans frontières, ou bien on voit que le peuple est mal pris
en compte. On invoque le peuple, sans véritablement l’associer. De
nouvelles manières de réguler sont à imaginer. Les politiques sont dans la boucle, mais
pas au bon endroit. Pas à l’initiative, mais en bout de chaine, à la
validation. Les ONG, les associations, la société civile font un
meilleur travail. Il n’y a pas de vécu commun au niveau de l’enfance,
ni de l’adolescence. Puis Erasmus arrive. C’est un rêve fantastique.
Vraiment fantastique. Or face à l’effondrement moral général, la citoyenneté
européenne est une chance. L’Euroscepticisme traduit plutôt un manque
d’Europe. La société civile est capable de peser. Il va falloir faire des
choix. Une génération sacrifiée ? Sur l’éducation, la recherche, le
vivre ensemble il faut faire converger les politiques.
Sylvie Goulard :
l’apprentissage de l’allemand régresse. Or, c’est le partenaire. On
pense à court-terme et c’est pour cela que l’on échoue actuellement. Il
est faux de dire qu’il n’y a pas de vécu commun. Voyages de collégiens
en Allemagne. Les politiques sabordent d’une certaine manière le projet
européen.
Jo Leinen, député ́européen allemand, commission des Affaires Constitutionnelles
Je suis de la frontière franco-allemande, mais nous parlons de plus en
plus anglais. Ni les lorrains, ni les sarrois ne connaissent la langue
des partenaires. Je président le mouvement européen international. La
jeunesse partout est pro-européenne. Elle est internationaliste.
Idéaliste. Avec internet, pas de frontières. Place de Maïdan, en
Ukraine, ils ont recouverts le corps des morts tués par la police avec le
drapeau européen. Quel contraste ! Liberté, démocratie, droits humains,
typiquement européens. Même en Grande-Bretagne, les populistes n’ont pas
la majorité. Nous avons la chance de créer un mouvement européen. Le 25
mars prochain, on va fêter à Rome les cinquante ans du Traité de Rome.
On est au milieu de la démocratie européenne, de son évolution. Il faut
des listes transnationales. Les têtes de listes pour les européennes
sont transnationales. Il serait indiqué de créer des moments de participation
européenne. Pas derrière des portes fermées.
Faut-il supprimer les partis ? Comment retrouver des représentants. Y a t-il une solution magique ?
Non, pas de solution magique. Nous n’avons pas de capacité à faire
émerger des gens innovants. La dégradation européenne est le résultat des
dégradations nationales. C'est une situation concrète. Il s'agit impérativement de s’attaquer à la pauvreté.
Comment avoir un vécu commun avec des jeunes ? Un livre d’Histoire
commun, c’est une victoire et une nécessité. Un récit européen. Un grand
roman national, mais aussi européen. Et il faut en débattre avec
tout le monde. On doit confronter ce récit aux citoyens. Les élections
européennes ne sont pas européennes, mais 28, 27 élections nationales.
L’idée qui est développée changer les traités, pourquoi on ne ferait
pas une chose très simple. Les 73 sièges anglais. Au lieu de se poser
un casse-tête inutile. On se dit, voilà. Une circonscription
européenne. Deux voix, une pour le niveau national. Et une deuxième, pour
des listes paneuropéennes. On pourrait inventer d’autres types de
listes. D’autres personnalités ; une même liste dans toute l’Europe.
Des candidats d’au moins 14 pays. Ces candidats ne feraient pas une
campagne nationale. Il faudrait un véritable débat européen pour des
projets européens.
Jo Leinen : tous les pays étaient contre.
Il est urgent de mobiliser les citoyens pour mettre le conseil au pas. Nous voulons des
élections européennes, avec une circonscription européenne. Pourquoi le
président ne va pas au conseil européen pour le demander ? Mais le
conseil revient toujours. Il faut mettre les responsables politiques
devant leur incapacité à imaginer des solutions en Europe.
Sylvie Goulard : Des sièges vont être libérés. Un élément factuel
nouveau. Si le Brexit ne change rien à la manière dont fonctionne
l’union. On serait des abrutis. Il faut faire campagne en multilingues,
faire sauter le verrou national.
Salle : La Révolution numérique est un grand espoir pour le débat
public. Créer un lien nouveau. Laisser débattre. Acteurs du changement.
La jeunesse notamment. Façon d’envisager le futur. On ne regarde pas
dans le rétroviseur.
Guillaume Klossa : on posera la question au président la république. Le G1000
est un exemple d'exercice de démocratie participative. On a une vision à court-terme
qu’il faut élargir pour sortir de nos communautés. Il faut à la fois la
réalité de la rencontre et les outils numériques. Pas le même sentiment
de responsabilité. Créer des plateformes numériques permanentes de
débat citoyen. En Irlande, processus permanent pour réinventer la
constitution. Proposition très concrète pour réer une démocratie
continue en Europe.
Sandra (étudiante) : L’Union européenne est trop lisse et a un problème
de communication. Toute la jeunesse est concernée. Nous sommes tous
pro-européens.
Dans une réunion au ministère du travail, 45% ont le bac, mais pas de diplôme supérieur.
Problème avec l’Amérique du nord. Volonté du peuple de participer. De créer de meilleurs échanges.
Sylvie Goulard : le système représentatif n’est pas intégralement
mauvais loin de là. Arbitrages européens. Il peut y avoir un effort
pour pondérer les discours sur le contrôle aux frontières. L’extrême
droite et l’extrême gauche seraient incapables de dire comment elle
créeraient de la richesse en fermant les frontières. Tous les avantages
sans les inconvénients. Mentalité d’enfants gâtés. Exigence au niveau
national. Angleterre n’essaie pas d’améliorer les choses. Se méfier
d’influence de pays tiers comme la Russie qui souhaitent mettre à bas
le projet européen.
Cynthia Fleury : sur les FabLab, la France est première… Organiser ces
espaces de délibération. Nous l’avons à construire. Le G1000 est un bon
outil. Problèmes de langues. Niveau européen de la société civile. La
question du TAFTA. La démocratie ce sont des conditions pour avoir des
droits si vous ne les réclamez pas vous ne les aurez pas… Il faut se
mobiliser.
Jo Leinen : Un Erasmus pour tous est nécessaire. JFK en 1964 avait eu l’idée du Peace Corps. Mon
rêve est que l’Europe crée un service européen face aux migrants et aux
refugiés. Un Peace Corps européen.
Daniel Cohn Bendit : ne réserver que 1% du budget national pour l’Europe est illusoire
et dérisoire. Pour financer les projets européens. Il faut des moyens.
Il faut un budget européen. Exploser ce 1% du Budget. 27% aux Etats
Unis pour le budget fédéral. 4% demandés pour changer la donne, et il
faut le dire. C'est la clef...
Une feuille de route pour une Nouvelle Renaissance européenne
Première table ronde
Le citoyen au cœur de l'Europe : réalité ou illusion ?
Deuxième table ronde
Remettre la jeunesse au cœur de l'Europe
Troisième table ronde
Sécurité, défense, protection civile des citoyens européens
Quatrième table ronde
Enfin une réponse d'envergure au défi des migrants et des réfugiés
Cinquième table ronde
Quelle stratégie d'nvestissement et d'innovation pour relancer l'emploi partout en Europe?
Sixième table ronde
Parachever l'Eurozone pour réduire les inégalités ?
Clôture de la Conférence Europa
Discours de François Hollande, Président de la République française
15 Octobre 2016
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