Pour une Nouvelle Renaissance européenne IV
Enfin une réponse d'ʼenvergure au défi des migrants et des réfugiés ?
Par EuropaNova
Conférence Europa
Modération :
Andrei Cosmin Luca (EYL2014), diplomate roumain
C’est un sujet fondamental, existentiel. Il a beaucoup mobilisé, fait
couler beaucoup d’encre, pas seulement par son envergure, mais parce que
l’Europe s’est montré insuffisamment capable de répondre à ce défi. Si
nous sommes en chemin vers une solution, il faut mieux identifier le
problème pour mieux le résoudre. Souligner le rôle décisif de
l’Allemagne sur ces sujets. Quelle opinion et perspectives pour cette
situation.
Pascal Brice, DG de l'OFPRA (office français de protection des réfugiés et apatrides)
Je voudrais prolonger le propos de notre amie allemande. Il y a un
profond hiatus entre nos valeurs européennes et ce que nous faisons au
niveau européen. C’est un malaise qui va grandissant. Réponse en ordre
dispersé. Absence de solidarité. Incapacité à mettre en place des
réponses concertées. Comment avancer ? Des clefs sont à livrer pour
aller
dans cette direction. Trois conditions pour avancer. Un, Veiller à
l’intégrité de l’asile en évitant les confusions autour de l’asile
entre migrants et réfugiés. Nous devons faire grandir cet asile ; le
débat sur l’immigration est une autre question que celui de
l’asile. Le droit d’asile est une notion juridique, c’est du droit, pas
de la politique. Ça ne veut pas dire qu’il ne faille pas construire un
consensus sur l’immigration. Nous faisons en sorte de respecter le
droit d’asile en France. Nous le faisons en conscience. Deux,
l’appliquer dans son absolue intégrité. Il faut développer la
réinstallation. La relocalisation, mal définie pour que des personnes
puissent venir en France depuis Athènes. Si une demande relève bien du
droit d’asile, il faut qu’elle soit satisfaite de manière complète.
Trois, créer une agence de l’asile européenne comme l’OFPRA en France,
absolument indépendante. Les états membres ne voudront probablement pas
de cette agence. Les obligations juridiques sont conformes aux valeurs
de l’Europe mais il faut que cela soit fait dans l’ordre et la
maitrise. Un vrai contrôle doit émerger, ne serait ce que face à la
menace terroriste. Vrai pour l’hébergement ou la mise en place des Hot
Spots. Des lieux où les personnes arrivant voient leurs droits
instruits au fond. Une réponse rapide devant leur être apportée. Les
Hot Spots ne fonctionnent que de manière incomplète.
Daniel Cohn Bendit : depuis la crise Bosniaque, on pourrait appliquer
les règles d’accueil définies. Pourquoi dans la pratique de l’OFPRA ou
en Europe ne permet-on pas l’application de ce réglement de réfugiés
prioritaires aux réfugiés syriens par exemple.
Jens Ole Bach Hansen (EYL2014), conseiller du Danemark au près des Nations Unies
Les réfugiés européens sont vus depuis New York et l’ONU comme une
réalité qui n’est pas nouvelle. Ils ne représentent que deux dixièmes de la population
européenne. Cela a été une grande surprise que l’Europe ne puisse pas
gérer une telle crise à laquelle nous faisons face partout ailleurs ou
presque. Nous avons fermé les yeux. Des crises en ont résulté. Sur tous
les plans. Moral, notamment. Nous avons considéré qu’il faudrait y
avoir une discussion internationale sur le sujet à NYC. Une conférence
sur les réfugiés. C’était le 19 septembre 2016. La déclaration de New
York qui en a résulté est une base de réflexion pour la manière
d’accueillir les réfugiés. Seuls 15% des sommes promises sont
provisionnées. Il y a un manque de prise de responsabilité et de
partage du fardeau. Au Kenya, par exemple a vu des gens installés dans des
camps pour des dizaines d’années. Redéployer les réfugiés est un moyen
de mettre fin aux crises. Le japon et la Corée du sud n’ont quasiment
pas de réfugiés. Deux tiers des réfugiés viennent de Syrie,
Afghanistan, et de Palestine. Il faut donc éviter que de tels foyers se
déclarent. Dans les deux années à venir l’ONU a l’ambition de créer un
cadre institutionnel pour ces questions. Nous avons beaucoup de
l’expertise nécessaire. Nous devons être focalisés sur les crises et
l’actualité de ces pays qui souffrent. Les passeurs remplissent le vide
actuel. Nous voulons avancer. Les problématiques de développement en
font partie et c’est un document essentiel. Nous avons une notion de
migrants vulnérables qui devrait être appliquée aussi en Europe…
Georges Dassis, Président du Comité Économique et Social Européen
Que faire pour résoudre cette question ? Nous ne sommes pas très connus
parce que nous n’avons pas de scandales, nous travaillons et formulons
des propositions qui sont encore souvent à reprendre par les décideurs.
« Il faut pétrir le pain, pas la farine » selon un dicton grec. Nous
avons alerté face à l’étendue de la crise. Nous nous sommes rendus dans
douze pays, y compris la Turquie. Notre assemblée plénière de 350
membres de 28 pays a approuvé ce rapport. Les refugiés ce n’est pas
seulement une question de droits, mais aussi une question morale et
culturelle. Nous avons une obligation morale de les aider à trouver
asile. Confusion est faite avec l’immigration. On ne peut accueillir 35
millions de réfugiés. C’est clair mais une politique impartiale doit
être mise en place. La philanthropie seule ne peut fonctionner. Il faut
appliquer les décisions de l’Union qui existent bel et bien. La
commission a annoncé beaucoup de choses dont un amende de 250 000 euros
aux pays qui n’acceptent pas les réfugiés à ceux qui acceptent ces
réfugiés. Il est tout à fait concevable de créer un fond européen pour
subventionner des communes des régions des villes qui font cet effort.
On a signé les accords de Dublin. Comment a t-on pu accepter que 508
millions d’habitants considèrent que les frontières, c’est l’affaire des
pays frontaliers et uniquement… C’est la même chose pour les accords
sociaux. On ne peut avancer chacun dans son coin. On sera perdants
collectivement et individuellement. Nous devons garantir la paix et une
certaine prospérité à nos jeunes et les problématiques sont toutes liés
comme le disait Michel Barnier à qui je tiens à rendre hommage pour ses
propos clairvoyants.
Gesine Schwan, présidente de la plate forme de gouvernance Humboldt-Viadrina
Solana n’aurait rien prévu de cette situation. Est-ce que la crise
financière et celle des réfugiés pouvaient se prévoir ? Celle des
réfugiés pouvait se pressentir. Willy Brandt avait compris il y a 34
ans cette problématique. Les réfugiés vont continuer à venir si on ne
résout pas les causes qui en sont directement à l’origine. L’Allemagne
a été très généreusement active. Sans la société civile cela aurait été une
catastrophe. La politique de septembre 2015 n’est plus du tout celle
d’aujourd’hui. Corrélation avec la politique européenne. C’est une
sorte de régression. Par un investissement militaire on voudrait
revenir à la situation de 2003 de Solana et considère que c’est un
problème extérieur. Ce manque de réflexion est éminemment dangereux.
Proclamer ses valeurs fondamentales, et vivre en contradiction avec
elles, est intenable. Or il y a des solutions. L’origine des migrations
n’est pas une solution suffisante. On ne résout pas des crises
systémiques en trois jours . Aider le Liban, la Jordanie, etc. Ailleurs
c’est aussi une question de gouvernance. Europénéïser les régimes de
gestion des frontières de l’Europe. Trouver des voies légales pour
entrer en Europe ou les noyades vont continuer. Les droits humains
doivent être respectés. Il faut donc traiter les réfugiés de manière
humaine… Et donc une loi sur l’immigration au niveau européen. Distinguer ceux qui
ont le droit d’asile de ceux qui veulent un hébergement économique. Il
faut faire cette loi et avoir une attitude généreuse en la matière.
Une Solidarité indispensable avec la Grèce et l’Italie. Un Fond pour financer des projets
d’intégration au niveau des territoires. Il faut mettre ensemble la
gestion des apports financiers. Cela battrait en brèche en partie les
oppositions et renâclements. Vitaliser l’énergie des villes. Il faut le
consentement du conseil européen et les financements qui vont avec.
Andrei Cosmin Luca : Ces flux vont durer. On a donc impérativement besoin de solutions.
Gesine Schwan : La société civile européenne est plus européenne que
les chefs d’états qui sont effectivement élus au niveau national. Il
faut lâcher l’initiative et l’imagination des citoyens européens, lui
donner un terrain et combattre la façon souvent étriquée de penser de ces
chefs d’états. Lancer un projet pilote pour donner une possibilité de
travail aux 160000 que l’on a relogés. Le droit d’asile vient des
persécutions politiques. La famine c’est autre chose, mais il faut
aussi et néanmoins permettre à ces gens de survivre.
Rien ne s’est passé après la directive sur le droit d’asile temporaire
pour la Bosnie. Beaucoup de pays ne se la sont pas appropriée.
Une feuille de route pour une Nouvelle Renaissance européenne
Première table ronde
Le citoyen au cœur de l'Europe : réalité ou illusion ?
Deuxième table ronde
Remettre la jeunesse au cœur de l'Europe
Troisième table ronde
Sécurité, défense, protection civile des citoyens européens
Quatrième table ronde
Enfin une réponse d'envergure au défi des migrants et des réfugiés
Cinquième table ronde
Quelle stratégie d'nvestissement et d'innovation pour relancer l'emploi partout en Europe?
Sixième table ronde
Parachever l'Eurozone pour réduire les inégalités ?
Clôture de la Conférence Europa
Discours de François Hollande, Président de la République française
15 Octobre 2016
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