Cantonnés jusqu'ici à quelques fonctions bien définies, les médias abordent aujourd'hui un nouvel âge. Petit point lumineux.
Généralement
bien connus des professionnels, les rouages médiatiques réels sont en
général mal connus du public. Pourtant, aujourd'hui, grâce aux
évolutions technologiques et à une prise en compte en pleine
redéfinition, ils connaissent des transformations que tous les
spécialistes ne cernent pas. Les développements en cours sont tels
qu'une mise au point s'avère nécessaire. Nous abordons une phase de
mutation qui va transformer certains de leurs modes opératoires et leur
donner une place nouvelle dans la société civile. Les médias deviennent
un élément déterminant du politique, de l'économique et du social et
leur intervention est en train d'être redessinée, voire repensée. Ils
sont amenés à jouer le rôle d'interface entre tous les domaines
d'activité et le public. Cela remet en cause un grand nombre de leurs
attributions traditionnelles visibles.
Cela transforme surtout les chemins que suivent les informations et les
biens culturels. La structure de l'échange se modifie. Au départ
pyramidale et organisée selon des cascade de responsabilités, celle-ci
s'appuyait sur des relations hiérarchiques organisées autour de relais
satellitaires qui respectaient une disposition verticale et
permettaient donc une ligne éditoriale, voire une censure politique. Ce
n'est plus aujourd'hui le cas à l'heure où les technologies de
l'information, comme Internet où les produits multimédias instaurent
des types de relations horizontales en renforçant l'interactivité entre
tous les acteurs qui deviennent actifs en tous points du tissu
médiatique. Il est très difficile pour les autorités publiques
nationales d'instaurer un contrôle de ce qui est avant tout un
instrument à la fois conçu pour éviter toute tentative de
contingentement et pour contourner toute rupture du lien
informationnel. On peut donc parler de structure neuronale où chaque
individu peut jouer le rôle d'émetteur comme de récepteur, et surtout
peut organiser entre lui et l'extérieur des relations multiples
régulées et comptabilisables selon des termes d'audience qui font qu'un
individu séparé peut fonctionner dans ce contexte comme les anciens
relais médiatiques qu'étaient les chaînes de télévision ou les stations
de radiodiffusion. Cela dépend de sa capacité créative et de l'étendue
des moyens qu'il emploie. Cela modifie en outre les conditions de
l'échange et la culture médiatique de manière profonde.
Une nouvelle culture est en train de naître qui fait la synthèse des
anciennes mais nécessite de l'imagination afin d'inventer les éléments
comportementaux et relationnels nouveaux qu'il s'agit de mettre
en place. Cette culture doit réinventer les fondamentaux. Réexaminer un
monde qui naît à l'aune de l'expérience des anciens afin de profiter de
leur savoir. Bref effectuer une relecture du monde avec les outils
d'aujourd'hui pour définir de nouveaux modes de fonctionnement.
Dans ce contexte, les médias sont appelés à fonctionner d'une manière
originale et à devenir des sources d'approvisionnement culturelles et
informationnelles. Une part de l'activité médiatique va devenir un
relais de la pratique décisionnelle. C'est pourquoi une structure
nouvelle doit se mettre en place. Une structure qui allie
l'administratif et le médiatique devra permettre un exercice plus
rapide et plus précis du pouvoir et instaurer des relations de
communication entre tous les acteurs désignés de cette activité. Des
départements entiers doivent être créés au sein de tous les ministères
et de toutes les administrations afin de permettre d'articuler les
données de plus en plus complexes de la prise de décision.
Parallèlement, il est nécessaire de recréer une démocratisation de
l'accès à ces réseaux, relais de l'action publique. A terme, il doit
être possible pour chaque citoyen de disposer d'une voix, la sienne,
dans l'exercice de la prise de décision. Il y aurait par conséquent un
vote à échéances dont il s'agit de préciser la fréquence, qui
permettrait la réalisation d'études et de sondages qui faciliteraient
grandement l'exercice de la démocratie et la rendraient viable y
compris grâce à l'irruption des nouvelles technologies. Celles-ci
deviendraient alors des atouts plutôt que des obstacles. Mais pour se
faire, il est nécessaire de changer une part de la psychologie
des acteurs politiques face à celles-ci.
Nous accomplirions ainsi une quadrature du cercle qui paraissait jusque là incertaine.
Gilles Marchand
Paris, Juillet 2015
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