Face
à la multiplication des formes abstraites et virtuelles de
fonctionnement, les économies occidentales et mondiales disposent
d'alternatives qui s'avèrent opérantes. Liste de choses à emporter.
Nous
sommes tous, ou en tout cas la grande majorité d'entre nous,
actuellement victimes d'illusions d'optique qui peuvent s'avérer
préoccupantes. La mise en équation des économies occidentales de plus
en plus tributaires de schémas d'organisation virtuels amenés par des
principes d'organisation basés sur des fluctuations financières est
patente. Les références concrètes se déplacent progressivement vers
l'immatériel découplé d'une valeur de plus en plus déconnectée de celle
du travail, des infrastructures et des structures monétaires
traditionnellement afférentes. Elles fragilisent celles-ci car
elles les exposent de plus en plus non seulement aux fluctuations
financières mais également aux variations symboliques de l'information.
Les mécanismes qui sont désormais à l'œuvre échappent parfois à ceux là
même qui en sont les instigateurs. Pourquoi une telle fragilité,
pourquoi prêter le flanc aux dégâts que peuvent produire des formes
d'action particulièrement archaïques ? Pensez au "11-M". Nous sommes en
définitive, les victimes avérées ou à venir d'un processus que nous
éprouvons du mal à réguler et les déprédations peuvent être aussi
sensibles dans les pays à structures insuffisamment diversifiées que
dans les pays qui se veulent les champions du capitalisme, notamment
les États Unis dont les visées et visions économiques s'imposent
souvent au reste de la planète.
Serions-nous si démunis face à cette situation ? Le temps doit-il jouer
contre nous ? C'est à mon avis faux. Entre les retours tambourinant aux
pratiques d'un autre âge — alors que le monde a effectivement changé et
qu'elles s'avèrent d'une manière patente souvent inadaptées — et les
prises en compte mal assurées de la dithyrambe passionnée des pionniers
de la nouvelle économie, il y a d'autres attitudes plus directement
opérantes qui tiendraient davantage compte des réalités humaines et
techniques et le rapport qu'elles peuvent entretenir.
Il faudra pour y parvenir, que la variable humaine redevienne centrale
dans les schémas de réflexion de ce qui font actuellement profession
que de ne la réduire. C'est sa valeur, sa qualité et la pertinence de
ses productions qui feront l'économie majoritaire de demain.
L'articulation principale entre les domaines de culture ou
d'information et les techniques qui les relayeront. Il faut que les
conditions de l'épanouissement individuel à un niveau très large soient
réunies... Tous les autres domaines d'activité restent valables mais
ils vont peut à peu bénéficier des apports de ce noyau central.
Cette extension du domaine de la croissance ne peut exister que si l'on
se décide enfin a faire l'abandon du manichéisme et du malthusianisme
qui guide beaucoup de réflexions ambiantes, notamment en matière
économique. Elles réduisent de grandes entreprises structurées à des
réservoirs financiers virtuels ou déplacent les installations sous
prétexte qu'il faille remettre à qui de droit ambiant les actifs qui y
sont rattachés est une politique qui à long terme condamne des
populations entières à la paupérisation y compris celles qui font
aujourd'hui le pari d'accueillir les structures délocalisées.
Les économies mondiales, y compris américaine, souffrent d'un manque de
préhension sur les variables financières. Le fait d'attirer les valeurs
mondiales, y compris par des moyens techniques disproportionnés (je
pense à l'utilisation de systèmes de réalité virtuelle et de structures
logicielles dédiées) automatise les procédures de fonctionnement
boursier et leurs réactions aujourd'hui en lisière du rationnel de ces
appareillages et renforce tous les ostracismes mondiaux, tous les
fossés, toutes les fractures. Elles asphyxient la planète, lui retirent
son oxygène, c'est à dire leurs puissances monétaires. L'eau c'est la
vie, or cette eau, cette manne qui permet à une sophistication
d'exister mais aussi et plus fondamentalement aux besoins fondamentaux
d'être assurés, se retire du paysage local de nombreux points du
territoire global. On l'a vu en Argentine...
La circulation sanguine de la planète est altérée. Elle doit être
soignée, assistée, puis peu à peu rétablie d'une manière progressive et
douce qui permette l'assainissement de zones géographiques entières.
C'est l'investissement au plan mondial plutôt que la sempiternelle
économie sur les salaires qui est à viser, c'est l'élargissement des
structures en lieu et place des dramatiques économies d'échelles qui
semblent guider l'entendement de ceux qui appliquent de manière aveugle
— ou presque — les principes erronés qui président à la prise de ces
décisions. Le mépris et le peu de cas qui est fait de millions d'hommes
et de femmes est patent et dangereux. Nous sommes victimes d'une
dynamique faussée, de cercles vicieux qu'il faut avoir l'énergie de
transformer en cercles vertueux. L'argent doit circuler à tous les
niveaux. La valeur doit être repensée en prenant comme étalon l'homme,
l'humain, l'individu. Son développement harmonieux au sein de la
communauté dans laquelle il habitera.
C'est l'aide à la consommation, non par un unique vecteur mais par un
ensemble de facteurs retour de l'activité. Le salaire minimum est une
garantie nécessaire, il doit exister au sein d'un faisceau de droits et
devoirs nouveaux qui permettent d'établir un nouveau contrat social et
économique dont nous serions tous les bénéficiaires et par rapport
auquel nous pourrions découpler notre intervention dans le domaine
économique et culturel. Les situations absurdes doivent refluer et les
bénévoles recevoir une part retour pour l'investissement qu'ils font de
leur temps. Le temps est déjà une variable économique. Il peut devenir
une variable symbolique de l'activité dans un champ économique donné
dont il assure la pérennité.
Il s'agit de renforcer l'adjonction de règles dans des structures qui
touchent la limite de leur logique parce qu'elles manquent de critères
d'évaluation objectifs et de rattachements économiques précis. L'argent
virtuel aujourd'hui a de moins en moins de contact avec la réalité
économique. Les règles de solidarité étendue en renforçant le rôle des
structures sociales étatiques vont également aller dans le sens de la
logique économique qu'il est nécessaire de mettre en place.
Gilles Marchand
Paris, Juillet 2015
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