La convergence de plusieurs facteurs décisifs inaugure l'année zéro d'un essor sans précédent de l'e-commerce...
Nous
sortons d'une période contradictoire. L'apparente régression à laquelle
nous venons d'assister sur le marché des technologies était
principalement due à des facteurs conjoncturels et à une prise en
compte mal interprétée de l'impact de celles ci sur la société. Ce
nécessaire questionnement s'est effectué dans un contexte de grande
versatilité des marchés, et dans une certaine mesure ce débat ne
pouvait se dérouler de manière adulte sans fragiliser les fondements,
du reste assez sensibles, sur lesquels s'appuyait alors cette forme
nouvelle d'économie. Associée à une volatilité excessive des
financements dont elle bénéficiait, elle s'est d'une certaine manière
produite trop tôt dans un contexte de trop faible développement des
habitus associés à la pratique de l'internet. Une fracture
numérique encore trop nette.
Ce contexte est aujourd'hui dépassé.
Nous venons d'atteindre une masse critique dans le nombre d'internautes
connectés à l'heure où de grands sites prestigieux sortent d'une longue
période de déficit comme c'est le cas pour Amazon.com. Les schémas
commerciaux viennent enfin rencontrer les aspirations de leurs
bénéficiaires. La vente en ligne débouche sur la constitution de
structures économiquement rentables, non par les prestations qu'elles
proposent à des membres enregistrés ou par la publicité, elle-même
encore trop volatile, mais par la vente effective de biens et services.
Les réseaux de distribution se constituent, c'est l'ébauche d'une
nouvelle forme d'échange par la constitution de structures de
distribution pour l'instant inexistantes ou par les sociétés classiques
de port ou de courrier qui reconvertissent une part grandissante de
leur activité. Tant que ces réseaux n'existaient pas, on ne pouvait
parler de relation business client satisfaisante.
Une autre des conditions primordiales de cet essor, l'opérabilité
financière des paiements devient enfin une réalité et l'exigence de
sécurité qu'elle supposait est enfin possible par la mise au point de
protocoles réellement efficaces. Cet élément est essentiel. Le
commerce était bloqué par les réticences légitimes des acheteurs qui
attendaient des moyens de paiements sûrs pour passer à l'achat sur le
net. Ces protocoles deviennent accessibles au niveau de l'individu dans
de petites infrastructures simples à mettre en place qui lui permettent
donc désormais ne plus simplement être un client passif mais de se muer
en mini entrepreneur, en vendeur concessionnaire d'un bien ou
prestataire d'une activité dont il pourra tirer bénéfice.
D'autre part, la portabilité des technologies actuellement développées
apporte une souplesse nouvelle capable de dynamiser l'action
commerciale. Il faut en attendre des emplois nouveaux de manière
massive, chaque individu pouvant virtuellement se muer en acteur du
type nouveau d'économie qui se met en place. Il faut en attendre un
redépart économique majeur dont nous aurons tous à bénéficier dans les
années à venir.
Gilles Marchand
Paris, Juillet 2015
|